Israël : la coalition qui menace Nétanyahou

Actus

Nétanyahou quittera-t-il bientôt son poste ? Le chef de l’opposition au premier ministre israélien a en tout cas annoncé mercredi soir disposer d’une coalition pour former un gouvernement de transition. Avec quelles conséquences sur la région ? Xavier Guignard, chercheur au sein du centre de recherche indépendant Noria Research et spécialiste de la Palestine, répond aux questions du Chantier.

MEDIA
xavier guignard israël benjamin nétanyahou le chantier radio

Naftali Bennett, chef du parti politique nationaliste Nouvelle Droite (à gauche) et Yaïr Lapid, chef de l’opposition (à droite).
Jérusalem, le 2 juin 2021
© Ronen Zvulun / POOL / EPA / NEWSCOM / MAXPPP

Il est arrivé au pouvoir il y a 25 ans, entre 1996 et 1999, et y est revenu en 2009. Et si Benjamin Nétanyahou devait quitter son poste de premier ministre israélien dans les prochaines semaines ? Yaïr Lapid, le chef de l’opposition, a en tout cas annoncé mercredi soir avoir trouvé un accord avec le chef de la droite radicale et disposer d’une coalition pour former un gouvernement de transition.

Cet attelage inédit, réunit des partis de gauche, du centre, de la droite et, pour la première fois dans l’histoire d’Israël, un parti arabe. Parmi les visages de cette coalition : Naftali Bennett, chef de file de la droite radicale, partisan du « Grand Israël », qui estime qu’« il n’y a jamais eu d’État palestinien ». Et Mansour Abbas, chef du parti arabe, qui a demandé quelques contreparties pour rejoindre cette alliance. Des visions politiques et des intérêts divergents réunis dans une coalition qui n’a qu’un point en commun : faire tomber Benjamin Nétanyahou.

Xavier Guignard, chercheur au sein du centre de recherche indépendant Noria Research et spécialiste de la Palestine, explique quelles conséquences aurait un tel gouvernement de coalition sur la région.

Tiphaine Crézé

À l’aube de la « robolution sociale »

Actus

Au Japon, le remède pour combler ce sentiment de solitude accentué par la crise sanitaire relève tout simplement de la robotique. L’acquisition d’un robot social, voilà une solution high-tech qui demande un certain prix. On se penche sur les avancées de la robolution avec Martin Chevallier, doctorant à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales.

MEDIA
martin chevallier robolution le chantier radio

© PARO / EFE / NEWSCOM / MAXPPP

La crise du Covid-19 se double d’une pandémie de solitude. En France, près d’une personne sur cinq se sent seule, indique une étude IFOP parue début 2021. Des chiffres similaires qui s’observent aussi à l’étranger.

Au japon, le remède pour combler ce sentiment de solitude s’appelle Nicobo, Lovot ou encore Robohon.

En France, le domaine de la gériatrie s’est également emparé de cette technologie. Dans les EHPAD, ces petits robots viennent apporter une présence réconfortante auprès de nos aînés. La peluche automatisée Paro réclame des caresses, le petit humanoïde Zora les fait rire… Mais en dehors des maisons de retraites, l’existence des robots sociaux ne semble pas avoir envahi nos espaces.

Alors que les objets automatisés et intelligents investissent notre quotidien, peut-on vraiment parler de « robolution » ? Cette « robolution sociale » annoncée depuis déjà des années, peine à se populariser, mais d’ailleurs, est-elle vraiment enclenchée ?

Pour décrypter ce phénomène nous recevons Martin Chevallier, doctorant à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS).

Extrait sonore tiré du reportage Vieillir ? Jamais sans mon robot de François Jeannet et Jacqueline Dubuis, diffusé sur la RTS dans l’émission 36.9°.

Emma Delaunay

S’élever au 7e show

Culture

Ce soir sur Le Chantier, nouvel épisode du Rockfarmers Show par The Inspector Cluzo ! Le duo rock gascon enregistre son programme vivant et mémoriel depuis son QG Lou Casse près de Mont-de-Marsan.

MEDIA
rockfarmers show the inspector cluzo podcast le chantier radio

Un 7e épisode où les rockeurs fermiers reviendront notamment sur la réalisation du documentaire Rockfarmers, qui aura mis en lumière leur projet un peu fou de racheter en 2013 une ferme tout en continuant à tourner dans le monde entier en toute indépendance.

Comme à chaque radioshow, la mécanique narrative se partage entre récit dynamique et playlist curieuse (avec notamment aujourd’hui les Black Keys, Damon Albarn, Dead Weather…).

Le Rockfarmers Show #7, c’est ce soir à 19h sur Le Chantier, à écouter sur 98FM à Clermont-Ferrand et sur lechantier.radio partout ailleurs.

rockfarmers show the inspector cluzo podcast le chantier radio

Laurent Thore

Covoiturage : la France vue depuis le siège passager

Culture

Caroline Stevan journaliste suisse a décidé de « voyager en covoiturage pour rencontrer la France ». De cette immersion découle un livre, « BlaBlaCar, la France et moi », sorti le 27 mai dernier en édition Pocket chez Helvetiq. Son témoignage nous plonge dans des voyages entre inconnu.e.s et où la praticité règne.

MEDIA
caroline stevan blablacar la france et moi le chantier radio

© Pierre Heckler / PHOTOPQR / LE REPUBLICAIN LORRAIN / MAXPPP

Caroline Stevan, journaliste franco-suisse, a entrepris un voyage singulier en covoiturage à la rencontre des Français. Un travail journalistique qu’elle relate dans son livre BlaBlaCar, la France et moi.

Son périple démarre de Lausanne, ville bourgeoise au bord du Lac Léman où elle vit désormais. De Montpellier jusqu’à Reims, en passant par Toulouse, Nantes ou encore Dunkerque, Caroline Stevan prend le pouls de la France en s’immisçant dans les voitures. Elle fait le choix de covoiturer avec les français.e.s « râleur.se.s » pour mieux comprendre ce qui anime notre société actuelle.

On explore avec elle les paysages des zones commerciales et industrielles, l’ambiance des aires d’autoroute, mais aussi, des villages pittoresques et la France des sous-préfectures.

Dans son ouvrage, Caroline Stevan met en lumière les rituels et les codes de l’univers BlaBlaCar. En quelques clics le trajet est réservé, les informations sur l’heure et le lieu du rendez-vous communiquées par message, et la taille des bagages précisée pour les plus organisé.e.s. Un mode de transport économique et qui vient parfois mêler des profils d’utilisateurs très variés… Et leurs avis aussi.

Aïcha Nouri

« En Auvergne, la forêt reviendra partout »

Environnement

La forêt couvre actuellement 31 % du territoire français. Est-ce trop ? Ou au contraire insuffisant ? Comment sont gérer les forêts qui couvrent le territoire auvergnat. Yves Poss, notre invité, partage son regard d’expert.

MEDIA
yves poss forêt auvergne le chantier radio

© Michel Agon / BEP / LA MONTAGNE / MAXPPP

92 % des forêts d’Auvergne sont des forêts de production. Comment vont nos forêts ? La rédaction du Chantier reçoit Yves Poss, ingénieur général honoraire des ponts des eaux et des forêts aujourd’hui à la retraite.

Dans notre région, les populations affectionnent particulièrement les forêts. En 2018, sur le département du Puy de Dôme, le Centre Régional de la Propriété Forestière (CNPF) compte 234 000 hectares de forêts privées, soit 87 % de l’ensemble des forêts. Pour certaines familles, la forêt est donc une richesse et relève du patrimoine familial.

Dans notre région, la place de la forêt est loin d’être négligeable. « Certains villages en Auvergne vivent encore de la forêt », remarque notre invité. Une présence importante dont on peut se réjouir mais qui témoigne de l’abandon des espaces ruraux.

« Dans notre région la forêt prend de plus en plus de place, on peut le regretter parce que c’est essentiellement la marque, la conséquence d’un recul de l’agriculture, de la vie dans la campagne », regrette-il à notre micro. Et selon lui, il n’y a pas d’aide pour la gestion directe des forêts.

D’après le CNPF, les forêts du département sont composées en partie à 25% de chênes. Pour autant, Yves Poss observe tout de même un retour naturel des sapins sur le territoire. Notre invité est certes passionné, mais reste modéré sur la trop forte présence des forêts en Auvergne. Et notamment dans certaines communes du Livradois, où les villages qui, à cause d’une mauvaise gestion de la forêt, sont enclavés suite à l’envahissement.

Une gouverne critiquable de ces espaces verts qui s’adresse aussi aux particuliers. Yves Poss appelle les propriétaires des forêts à ne pas abandonner cette biodiversité. « J’aimerais bien qu’on ait cette attention à la forêt […] L’attention ça veut dire qu’il faut la soigner et la protéger, elle est menacée par des menaces globales, mondiales, elle a besoin qu’on la soigne parce qu’elle est menacée ». Il insiste, « il faut se mettre à considérer l’ensemble des êtres vivants comme des entités qui doivent être respectées ».

Cet ancien ingénieur constate aussi un engouement assez récent pour le bois dans la construction et y voit une vraie opportunité pour la filière bois en Auvergne. « Il faudrait qu’en Auvergne on se mette à se décider à gérer, à utiliser nos forêts […] pour faire nos maisons, nos meubles ». Il poursuit. « Actuellement, on ne gère pas une partie des forêts abandonnées, il faut les remettre dans la vie générale du pays, la demande est en train de venir pour cette ressource renouvelable ».

Aïcha Nouri

Embarquer

Culture

Circulant sans boussole d’un espace à l’autre, cette traversée ponctuée de rencontres et d’entretiens expérimente les croisements et interroge tour à tour les formes, les gestes, les mises en situation, les expériences et les processus de création en résonance avec le présent…

Le premier épisode d’Orange Frisson, c’est ce soir à 18h15 sur Le Chantier !

MEDIA
orange frisson esacm le chantier radio

Pour cette première expédition nous montons à bords d’embarcations inattendues, nous prenons le large, nous ouvrons des routes et embrassons l’horizon, nous tentons de tenir l’équilibre, nous apprivoisons l’accident, nous voguons, nous flottons, nous jouons, nous avançons…

orange frisson esacm le chantier radio

Pendant plusieurs mois les étudiant.es de l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole (ESACM) ont inventé des formes et des objets, déclencheurs de mouvements et de récits. Radeau en forme d’étoile, barque abritant un jardin ou une habitation, monde flottant… Il s’agit de construire avec ce qui nous entoure, seul ou à plusieurs, des véhicules avec lesquels partir et opérer des déplacements physiques ou imaginaires. Il.elle.s partagent leurs expériences et les différentes étapes de leurs réalisations.

Jan Kopp, artiste plasticien et enseignant revient sur le projet Utopia House qu’il a réalisé en 2018 avec des élèves de de la filière « construction bois » du Lycée des métiers du BTP de Cernay.

https://www.zerodeux.fr/news/jan-kopp-des-bateaux-et-des-villes/

orange frisson esacm le chantier radio

L’inattendue, Latifa Guersen

Le roman Un monde sans rivage nous entraine en 1897 dans les pas de l’expédition polaire Andrée qui tenta vainement de rejoindre le grand Nord en ballon. A partir d’archives photographiques, Héléne Gaudy met en scène l’envol, l’errance et l’effacement des hommes sur la banquise. Une enquête sur la disparition et le désir irrépressible de transcender les limites de la connaissance et du visible.

orange frisson esacm le chantier radio

Expédition polaire, Nils Strindberg, 1897

Simon Pastoors est étudiant, avec son parachute, il interroge les relations possibles entre les archives familiales et des espaces sciences-fictionnels modélisés. Ses images et ses installations font des allers-retours et dessinent le récit d’un autre monde, interrogeant le rapport à l’espace et les enjeux écologiques contemporains.

orange frisson esacm le chantier radio

La pluie viendra, Simon Pastoors

Réalisation : Raoul Bonnefoy, Céleste Chervin, Théo Levillain, Célestine Munch, Marjolaine Muller, Anne-Gaëlle Pralong, Zoe Signabout, Ophélie Raffier

Avec : Raoul Bonnefoy et Tais Gutin, Gaëlle Descamps, Lorenzo Partenza, Jan Kopp, Amélie Rollin et Lola Fabre, Simon Pastoors

Coordination : Nelly Girardeau

Geoffroy Delorme : 7 ans parmi les chevreuils

Environnement

Geoffroy Delorme, amoureux de la nature, a décidé de vivre dans la forêt de Bord-Louvier, en Normandie, avec pour seule compagnie des animaux. Geoffroy s’installe donc parmi eux et son expérience immersive va durer sept ans.

MEDIA
geoffroy delorme chevreuils le chantier radio

© Pascal Bonnière / PHOTOPQR / VOIX DU NORD / MAXPPP

De nature solitaire, et isolé socialement depuis son enfance, Geoffroy Delorme, préfère la présence des animaux plutôt que celle des hommes. La forêt devient au fil de ses balades son havre de paix, jusqu’à en devenir son nouvel espace de vie. Il se lie d’amitié avec les chevreuils. Au fil des jours, il s’adapte à son nouvel environnement. Il apprend à se nourrir, à trouver des endroits où dormir,et même comment faire sa toilette. Ses motivations : vivre dans la forêt pour combler un manque d’autonomie totale et échapper aux jugements.

Avec beaucoup de patience, il a réussi à approcher les chevreuils, qui sont devenus, au fil du temps, ses meilleurs amis, et surtout sa famille.

En réussissant à créer du lien avec les chevreuils, il découvre une nouvelle facette de la forêt et commence alors à s’y sentir chez lui. Et le voilà parti pour 7 ans à leurs côtés, où il a appris à survivre en suivant l’exemple de ses nouveaux comparses.

Une expérience atypique qu’il livre dans un ouvrage intitulé L’homme-chevreuil, paru aux Éditions Les Arènes.

Souhila Bouab

« Un arbre est aussi intelligent qu’une bactérie ou qu’un homme »

Environnement

Les arbres sont-il intelligents ? Sont-ils conscients ? Comment les arbres communiquent entre eux ? Depuis une vingtaine d’années, le domaine de la recherche s’attarde sur l’intelligence des plantes.

MEDIA
catherine lenne arbres auvergne le chantier radio

© Christian Watier / COLLECTION WATIER / MAXPPP

L’Auvergne, véritable carrefour climatique, abrite de nombreux arbres. Les forêts de la région relèvent d’une organisation aussi complexe que harmonieuse. Une combinaison invisible aux yeux de la majorité d’entre nous. Pour démêler et tenter de comprendre les processus qui s’opèrent sous ces feuillages, la rédaction reçoit Catherine Lenne. Cette chercheuse et enseignante en biologie végétale, et directrice de la Maison pour la Science en Auvergne, travaille sur le comportement des arbres.

Les arbres, les plantes intriguent les scientifiques depuis plus d’un siècle. Le précurseur, selon Catherine Lenne, n’est autre que le théoricien de l’évolution de l’espèce : Charles Darwin.

« À son époque il prenait les plantes, ils les mettaient à l’horizontal et il les regardait se redresser à la verticale. »

Pour autant, on s’attarde sur la notion de l’intelligence des plantes que depuis une vingtaine d’années.

« Un arbre est aussi intelligent qu’une bactérie, un ver de terre, un navet ou un homme, car il est capable de résoudre ses problèmes d’arbre. »

Et pourtant les espèces végétales n’ont pas de cerveau. Catherine Lenne précise « il n’y en a pas besoin visiblement, puisqu’il est capable de résoudre ces fameux problèmes. »

Et ces fameux problèmes sont liés à la sécheresse ou encore au changement climatique. Leurs conséquences ? Elles sont nombreuses, et par exemple l’appauvrissement des défenses des arbres contre les attaques parasitaires, en est une.

À notre micro Catherine Lenne vulgarise la communication des arbres et les adaptations que les végétaux de notre territoire opèrent pour résoudre leurs problèmes.

Pour aller plus loin :
Dans la peau d’un arbre – Secrets et mystères des géants qui vous entourent de Catherine Lenne aux Éditions Belin

Aline Saldanha

Se déconnecter du monde pour mieux le regarder

Actus

Fin 2020, c’est avec le morceau « Le Bruit des Plantes dans le Béton » que le duo Korin F. avait alerté les radars sensibles et curieux du Chantier, pour un groupe qui avait pourtant déjà sorti un premier EP « CD de Voiture » en 2018. Quelques mois plus tard, il dévoile avec bonheur en ce mois de juin leur premier album « L’Arbre Exponentiel », un album étonnant, plein d’esprit et de ludisme, une œuvre conceptuelle vivante et consciente qui interroge par la métaphore et la poésie, le son et l’image, nos modes de vie et la modernité actuelle.

l'arbre exponentiel korin f le chantier radio

© Noémie Wonder

L’art, la fête, l’exaltation créative, la musique, le cinéma, l’image ont été les vecteurs de la rencontre de ces deux complices au sein du collectif Le Prism Collective, il y a maintenant presque dix ans. Chacun a poursuivi son chemin, celui de la musique pour Pierre Thomassian et celui du cinéma, de l’animation pour Maxime Grayt. De fait, l’approche esthétique de Korin F. dépasse le cadre habituel de la musique pop. Le duo utilise les possibles et les vertus actuels de la technologie pour créer leur propre univers, un univers global, sorte d’espace refuge et de territoire de jeu, qui leur permet d’échapper au monde en créant le leur.

Sans verser dans un propos frontal et revendicatif, les deux créateurs construisent une narration pleine de sens, de poésie, de recoins et de mystères pour évoquer l’écologie au sens large et noble du terme, et par effet de contrepoint, la déraison de la croissance à tout prix. Ils opposent à cette déraison, l’amour, les sentiments, la profondeur des relations humaines, mais aussi les sensations, les vibrations pour suggérer un autre rapport au monde plus contemplatif, plus empathique, en osmose avec les éléments, la nature et les êtres vivants.

D’une certaine manière, ce premier long format nous invite ainsi à nous évader, à nous déconnecter du réel pour prendre du recul et décaler nos points de vue.

Se déconnecter en plongeant dans des histoires surréalistes subtilement mises en forme et construites par le talent d’écriture du cinéaste et réalisateur qu’est Maxime Grayt.

Se déconnecter en plongeant dans ce bouillon de pop culture qui voit se télescoper et se combiner dans les instrumentations très inspirés de Pierre Thomassian les élans évocateurs et synthétiques de Vangelis (Sur la Même Longueur D’âme), les extrapolations « electrorétrofuturistes » de Kraftwerk (Avec Amour), l’intelligence mélodique et l’intensité rock de Depeche Mode (Le Voleur de Temps), l’hédonisme disco façon Giorgio Moroder et de Cerrone pour ne citer qu’eux (Les Visages Éphémères, Et J’avance).

Mais chez Korin F., tout ceci ne participe qu’à un jeu, une manière de brouiller les pistes, de s’amuser, de créer des failles temporelles en convoquant des anachronismes esthétiques. Ainsi sur Qui a Vu Rêva, l’introduction pourrait évoquer les accords et les nappes sinusoïdales de Jean-Michel Jarre, elle bascule soudainement dans une rythmique tendue à la Kompromat pour s’adoucir dans les paysages psychédéliques réverbérés façon Pink Floyd, que les accords appuyés d’une guitare très Melody Nelson viennent survoler.

En écoutant bien, ce disque fourmille d’une multitude de petits détails et de clins d’œil à presque un siècle de musique pop, et pourrait ainsi faire de Korin F. des petits cousins de Daft Punk et de Justice. Mais loin de l’exercice de style, Maxime Grayt et Pierre Thomassian assument qui plus est le chant et le texte en français, à travers des constructions de phrases simples, des jeux de mots immédiats, répétés à l’envi, qui donnent beaucoup de fraîcheur à l’ensemble. Sur des morceaux comme Sensation Océanique, Sous L’entropique et Je Navigue à L’aveugle, le groupe ose un certain lyrisme pop, qui pourrait aller jusqu’à évoquer le dandysme pop d’Etienne Daho.

l'arbre exponentiel korin f le chantier radio

© Camille Chauve

À la fois très immédiat et très accrocheur dès les premières écoutes, L’Arbre Exponentiel ne cesse de révéler sa grande richesse créative et sa profonde sensibilité, stimulé par ses tubes en puissance (Les Visages Éphémères, Bye Bye Baby Lou, Le Bruit des Plantes dans le Béton) et amplifié par ses morceaux plus atypiques et plus sinueux mais tout autant chargés de sens (Le Voleur de Temps, Avec Amour).

Le Chantier est très heureux de vous permettre de plonger dans la musique de L’Arbre Exponentiel quelques jours avant sa sortie officielle (vendredi 4 juin 2021 via Les Disques Pavillon et Kuroneko), à l’occasion d’une semaine spéciale où Maxime Grayt et Pierre Thomassian se livreront d’ailleurs avec intelligence, simplicité et sincérité dans des extraits d’une interview passionnante et instructive, réalisée il y a quelques semaines par nos soins.

Le duo vous offre à cette occasion des albums dédicacés, pour participer, une seule adresse : [email protected]

Laurent Thore

Forêts sauvages, l’harmonie d’un nouveau monde

Environnement

À l’heure des préoccupations écologiques, nombreux sont ceux à vouloir intervenir et « aider » la nature, certains pensent autrement. Pour eux, il est l’heure de laisser la nature faire son travail et exhortent l’Homme à cesser toute ingérence dans la gestion des forêts.

Béatrice Kremer-Cochet et Gilbert Cochet sont de ceux-là, leur livre « L’Europe réensauvagée – Vers un nouveau monde » en est le parfait plaidoyer.

MEDIA
foret sauvage béatrice kremer-cochet gilbert cochet le chantier radio

© Béatrice Kremer-Cochet

Béatrice Kremer-Cochet et Gilbert Cochet sont professeurs agrégés de Sciences de la vie et de la Terre, naturalistes et photographes, vice-présidente et président de l’association Forêts Sauvages. Ils signent l’ouvrage L’Europe réensauvagée – Vers un nouveau monde chez Actes Sud.

l'europe réensauvagée béatrice kremer-cochet gilbert cochet le chantier radio

Un livre qui dresse un état des lieux de l’Europe en matière de territoire sauvage. On apprend que les forêts en Europe gagnent toujours plus de terrain et surtout qu’elles sont en grande partie sauvages.

Le réensauvagement, issu du terme anglo-saxon « rewilding ». Un concept qui laisse à la nature la mainmise sur sa gestion, estimant que celle-ci s’en sortait fort bien sans l’homme et surtout en constatant sa grande capacité de résilience et d’adaptation.

« On fait confiance à la nature et on la laisse évoluer toute seule, parce qu’en faite la nature existait bien avant l’Homme et elle se débrouillait très bien toute seule […] nous pensons qu’il est bon que de temps en temps on lui laisse libre court… »

Les différences entre les forêts d’exploitation et la forêt sauvage sont nombreuses, allant du simple positionnement des arbres (calculer et précis pour l’un, sauvage et chaotique pour l’autre) au type d’arbre que l’on y trouve. Les forêts naturelles et celle de l’Homme sont aussi différentes que le jour et la nuit.

« Entre une forêt exploitée par l’Homme et une forêt naturelle, c’est pratiquement deux mondes… »

Les forêts naturelles offrent également de nombreux avantages. Elles captent le carbone de manière plus efficace et plus durable que n’importe quelle technique humaine. De plus, elle filtre l’eau offrant de fait à l’humanité une eau pure et peu coûteuse.

« Une forêt en libre évolution apporte beaucoup à l’espèce humaine… On s’est rendu compte par exemple que les forêts laissées en libre évolution sont, même quand elles sont matures, des puits de carbone. C’est-à-dire qu’elles absorbent le dioxyde de carbone et elle le stock de façon durable… »

Si les pays d’Europe de l’est et du nord se montrent meilleurs élèves sur cette question, le France offre de belles avancées. Dans notre pays, l’Office National des Forêts met en place des Réserves Biologiques Intégrées. 30 à 40 mille hectares sont concernés à ce jour.

« Une forêt laissée en libre évolution en France, ce n’est pas une utopie. »

Au-delà de la préoccupation environnementale, il y a aussi dans le réensauvagement des forêts un aspect social ; l’idée de renouer avec la nature.

« Je croie que si on arrivait à retrouver cette magie de la proximité avec la faune sauvage dans notre pays, il y aurait certainement beaucoup de problèmes sociaux et psychologiques qui disparaîtraient. »

Christophe Rossignol