Les Causeries Musicales du Grin pour renouer avec le public

Culture

Chaque mois, Le Grin propose une soirée qui mêle discussion et musique. Les Causeries Musicales : un format aussi bien novateur que fédérateur. Pour cette deuxième édition, les Mamans du Congo et le beatmaker thiernois RROBIN ont investi la librairie.

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On n’avait perdu l’habitude d’écouter de la musique en live. Mercredi soir, Le Grin nous a permis de retrouver cette sensation avec la venue des Mamans du Congo, un collectif de femmes venues tout droit de Brazzaville.

Mais au 9 rue Saint-Hérem, on ne fait pas qu’écouter de la musique. « On échange, on cause », comme dit Matthieu Poinot, animateur du Grin.

C’est sous l’écoute attentive d’un public intimiste que la chanteuse Gladys Samba et le beatmaker thiernois RROBIN racontent alors l’histoire des Mamans du Congo.

Ce groupe féminin remet au goût du jour des berceuses traditionnelles et chante la vie quotidienne des femmes.

Après de longs mois sans concert, cette soirée permet enfin la rencontre entre le public et les artistes. C’est en performant que Gladys Samba, fondatrice des Mamans du Congo, nourrit sa relation avec le public.

Dans le décor de librairie qu’offre Le Grin, les Mamans du Congo ont livré une version acoustique de leur répertoire. Fanny, fraîchement arrivée à Clermont-Ferrand, découvrait aussi bien cet univers musical que le format des causeries.

Mais au-delà d’écouter de la musique et de discuter, Les Causeries Musicales amènent une proximité et brisent cette barrière invisible entre les artistes et le public.

Les Mamans du Congo et RROBIN seront le 2 juillet prochain à la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand.

Emma Delaunay

Le Grand Oral : l’épreuve du bac qui met les élèves dans un grand flou

Actus

Les épreuves du bac approchent à grands pas. Cette année, les élèves expérimentent le grand oral qui aura lieu le 21 juin. Une nouveauté encore nébuleuse et stressante pour les élèves. Rachida Bounaga, vice-présidente de la PEEP, une association de parents d’élèves, est à nos côtés pour nous apporter son éclairage.

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Préparation au Grand Oral du Bac au lycée de Goussainville dans le Val d’Oise
© Alexis Morel / RADIO FRANCE / MAXPPP

Au menu du bac cette année : le grand oral, une nouveauté que les futurs bacheliers expérimentent le 21 juin prochain. Une épreuve orale d’une vingtaine de minutes où les élèves de terminale sont interrogé.e.s sur une question préparée en avance ainsi que sur leur orientation. L’idée derrière cette évaluation : prendre la parole en public de façon claire et convaincante.

D’après le site de l’Éducation Nationale, « Cette épreuve évalue des compétences essentielles, en particulier la maîtrise d’une parole personnelle, structurée et argumentée, la capacité à déployer avec clarté et conviction une réflexion, à dialoguer et à débattre, à adopter une distance critique par rapport aux savoirs acquis et à son projet de formation. »

Mais cette nouvelle évaluation n’enchante pas l’ensemble des candidat.e.s. Loin de là, pour beaucoup le grand oral devient une source de stress. Du côté du corps enseignant, même son de cloche, le vendredi 4 juin, les enseignants se sont réunis devant le rectorat de Clermont pour dénoncer les conditions du bac 2021.

Rachida Bounaga, vice-présidente de la PEEP, une association de parents d’élèves, nous apporte son éclairage.

Alexandra Tshivuanga

Euro 2021 : « Que le meilleur gagne ! »

Actus

Et si la compétition éclipsait les vertus du sport ? Dans son essai « Que le meilleur gagne ! », publié aux Éditions Insep/Robert-Laffont, le philosophe André Comte-Sponville dénonce l’omniprésence du sport-spectacle et livre sa vision des vertus du sport, et du football en particulier.

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© Luc Nobout / IP3 PRESS / MAXPPP

« Quand tu tapes dans la balle, ne pense pas à la victoire ou à la défaite. Ne pense qu’à une seule chose : taper dans la balle ! Avec cette citation de la désormais coach Amélie Mauresmo, André Comte-Sponville illustre sa vision du sport, dont la compétition lui semble être un piège.

À l’aube de l’Euro 2021, le philosophe évoque, au micro du Chantier, sa vision du sport, de ses vertus et des limites du « sport-spectacle ». Il décortique la formule « Que le meilleur gagne ! » qui sert de titre à son essai, publié aux Éditions Insep/Robert-Laffont

Tiphaine Crézé et Aïcha Nouri

Les tactiques au foot : sous le revers de la médaille

Actus

Faut-il privilégier la défense ou l’attaque ? Depuis quand pense-t-on tactique au foot ? À l’occasion de l’Euro 2021, Le Chantier continue de s’intéresser aux multiples facettes du football. Le journaliste sportif Maxime Brigand nous éclaire sur les tactiques du foot.

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© Josselin Clair / PHOTOPQR / LE COURRIER DE L’OUEST / MAXPPP

Le Championnat d’Europe des Nations de football débute vendredi 11 juin avec la rencontre Turquie-Italie. Pendant un mois, 24 pays vont s’affronter sur la pelouse. Pour ces rencontres tant attendues, les équipes se sont préparées et ont revu leurs tactiques.

Maxime Brigand est journaliste à la rédaction de So Foot, premier magazine tourné vers le foot et lancé en 2003. Il a également noircit les pages du livre Tactique, école de jeu, préceptes et origines, paru en mai dernier aux Éditions Marabout.

Entre deux sujets de sport, Maxime Brigand prend le temps de nous éclairer sur l’évolution des tactiques. Avec lui on revoit les bases. En quoi la tactique se distingue-t-elle de la stratégie ? « La stratégie, c’est un mot un peu guerrier, c’est avant tout comment déstabiliser l’autre, la tactique, c’est aussi, comment se protéger nous ! »

Dans cet entretien, notre analyste des passes et des dribbles revient sur l’évolution des tactiques dans cette discipline mondialement pratiquée.

« La tactique s’est développée au fil du temps, plus ça allait plus on a mis de joueurs à l’arrière. Normalement au départ il y avait beaucoup de joueurs devant. Et ça s’est organisé petit à petit et notamment à partir de la première coupe du monde […] Aujourd’hui, on est à un niveau de préparation jamais vu au niveau du foot. »

maxime brigand football le chantier radio

Tactique, école de jeu, préceptes et origines, paru en mai dernier aux Éditions Marabout

La créativité des joueurs, le développement physique des joueurs ou encore l’exploration culturelle ont permis aux équipes de développer les tactiques. « Chaque tactique a une dimension culturelle, c’est-à-dire qu’on veut exprimer un courant de pensées dans une tactique. » D’après ce fervent de « super tactique collective », « un pays doit développer le style de jeu qui met le plus en lumière le caractère de sa population et de ses joueurs […] Choisir un style de jeu, c’est choisir un message. »

Alors quel message, par son jeu, l’équipe de France voudra-t-elle faire passer ?

Aline Saldanha

Rock dans l’âme et militant dans l’esprit, Tadam Records

Actus

Une semaine spéciale sur Le Chantier, autour du jeune label indépendant Tadam Records. Voici un label foncièrement rock dans l’âme, mais aussi porté par des valeurs fortes autour de l’écologie, de l’égalité et de la coopération : une aventure collective née au cœur du premier confinement, une réponse volontaire et résiliente teintée d’indépendance et de militantisme.

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SheWolf : © Céline Salin
L’Ambulancier : © Lady Cylew
Captain Obvious : © Charles Tumiotto

Alors que le label a déjà mis en orbite les EPs de L’Ambulancier et de Captain Obvious depuis le début de l’année, cette semaine sera marquée par la sortie de l’album du trio SheWolf, le très énergique et bouillonnant Parasite.

Une belle occasion de revenir sur la singularité de ces musiciens et musiciennes ayant participé activement au lancement de ce label coopératif, mais aussi de mettre en lumière leurs disques respectifs, symboles de la vitalité de la scène rock indépendante en France, aussi multiple que volontaire mais qui ne doit compter que sur elle-même dans une période complexe et instable que connaît la musique, d’ailleurs bien au-delà des effets de la simple crise sanitaire. Nous pouvons penser par exemple à la question centrale et très actuelle de la (juste) rémunération des artistes, à l’ère de l’explosion du streaming. La dimension égalitaire et féministe du label est aussi très présente, une manière de bouleverser certains codes du rock, dont l’imaginaire a souvent véhiculé des positions machistes et des usages sexistes depuis très longtemps. À ce titre Yann Landry, le label manager de Tadam Records évoque un exemple frappant pour dénoncer cette vision masculine du rock a souvent réduit les femmes à leurs physiques, quand bien même que les musiciennes aient du talent, de la force créative, de la musicalité et de l’engagement au même titre que leurs alter-égos masculins.

« Dans l’histoire du rock, les femmes ont surtout été des faire-valoir « sexy ». Je lisais encore hier une publication d’un journaliste, qui parlait de Patti Smith. Il disait en substance, elle n’a jamais été très belle, mais elle avait quelque chose de sexy. Je trouve ça impardonnable ce genre de discours. Patti Smith, c’est des textes, de la poésie, une présence, de l’intensité. Et là, on la réduit à une image. Alors effectivement, Patti Smith ne se rasait pas les poils de jambes et alors ? Est-ce qu’on va à un concert de rock pour regarder les jambes des musiciennes ? C’est toujours ce vieux débat sexiste. On parle toujours des merveilleux solos des guitaristes, du jeu de batterie de John Bonham (Led Zeppelin) mais par contre du sex-appeal de Debbie Harry (Blondie) : on ne va pas parler de sa voix ou de ce qu’elle apporte musicalement. Et ça, c’est un combat qui est long et qui sera encore long. Mais ça commence à venir, il y a des associations qui œuvrent sur le sujet, notamment l’association Change de disque, dont je fais aussi partie. Avec cette association, par exemple, nous sommes en train de développer des outils à destination des hommes et des femmes du milieu, pour faire évoluer les mentalités. Mais ce combat peut prendre des décennies. Mais avec ce qui s’est passé autour du mouvement #MusicToo, il y a un bon élan pour que les choses changent. »

Au sein de Tadam Records, cette volonté se concrétise notamment dans une organisation égalitaire qui donne à chacun, chacune, un pouvoir de décision effectif et partagé au-delà du genre mais aussi du statut. Ainsi, Yann Landry aime à rappeler que même s’il est le label manager du label, il n’en est certainement pas le PDG, et que ce n’est pas lui qui décidera des groupes qui pourront intégrer le label, mais bien le conseil d’administration, composé notamment des membres des cinq groupes maison SheWolf, Captain Obvious, L’Ambulancier, Steve Amber et Shoefiti.

Mais au-delà de ces aspects militants fédérateurs, c’est aussi et surtout une belle idée du rock qui réunit les groupes, les acteurs et actrices de ce label, à l’image de SheWolf, trio décomplexé, actif et engagé, structuré autour d’Alice Adjutor, de Fanny Amand et de MC Martine. À la question de savoir justement ce que le rock leur apporte dans leur vie (question visiblement pas si évidente pour elles), elles répondent ainsi ensemble :

« (MC Martine)
… À un besoin de s’exprimer avec cette énergie-là. Je pense que SheWolf a une énergie qui peut être… violente ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, très brute. Le rock est un super moyen d’exprimer tout ce qu’on a en nous, cela peut-être de la rage, des injustices, des choses belles aussi. Nous, on a choisi de l’exprimer par le rock, d’autres, cela va être le jazz, la pop. Pourquoi ? Je ne sais pas, c’est une question de sensibilité, mais on retrouve des choses dans le rock, qu’on ne trouverait pas dans d’autres styles de musique…

(Alice Adjutor)
Pour moi, le rock c’est aussi la liberté d’exprimer des émotions qu’on ne se permet pas d’exprimer dans la vie de tous les jours. Déverser certaines émotions sur les gens de manière totalement libre, n’est pas ce qu’il y a de plus moral à faire… Mais aussi pour ma liberté, par exemple, j’étais plutôt destinée à un parcours plus académique, mes parents voulaient que je fasse de grandes études parce que j’étais bonne élève, mais avoir finalement choisi de faire ce que j’ai envie de faire au fond de moi depuis que j’ai 12 ans, c’est la liberté. Cela n’appartient qu’à moi. »

Pour Joseph, qui forme avec son frère Angus le duo Captain Obvious, il y a quelque chose de très spontané et de très naturel à s’exprimer à travers le rock, même si celui-ci a désormais l’âge d’un grand père :

« C’est vrai qu’aujourd’hui, le rock ça fait un peu vieillot, cela fait longtemps qu’il est là, il commence un peu à disparaître, mais quand on cherche vraiment, il y a encore énormément de groupes qui font du rock en France, il est toujours porteur d’un vrai message de rébellion. »

Pour Palem Candillier alias L’Ambulancier, sa nouvelle entité plus personnelle dans laquelle il se réinvente aujourd’hui, il y a un vrai challenge à oser le rock en français autant qu’un plaisir jouissif et ludique :

« L’erreur serait de penser, que pour le rock, il faudrait chanter en français comme on chanterait d’habitude. Je crois qu’il faut jouer sur les sonorités, sur les mots qui claquent, sur les expressions qui font mouche, sur les petites phrases musicales. Si on veut mettre de la chanson à texte dans le rock, bien sûr qu’on y arrivera pas. La chanson à texte, c’est de la chanson à texte. Par contre, si on voit la langue française comme un truc un peu alien, qu’on s’amuse avec, qu’on a pas trop de scrupules à la maltraiter, là on peut en faire un truc rock, là j’y crois ! »

Cette semaine spéciale coïncide non sans hasard avec la sortie de l’album de SheWolf, Parasite, un album intense et teigneux, qui impressionne par son côté tendu et massif comme le morceau d’ouverture The Escape, avec cette batterie martelée, implacable, qui ne nous lâche pas d’une semelle, jusqu’à l’explosion finale.

La formule du trio sied parfaitement à l’esprit électrique libérateur de SheWolf, à travers un engagement de tous les instants qui passe forcément par la frontalité mais sans négliger la nuance. Ainsi, sur ce long format, les sensations pourraient aussi bien évoluer en quelques instants de la puissance évocatrice de Laetitia Shériff à la radicalité dévastatrice et sauvage de Babes in Toyland. Et s’il fallait juste un exemple pour justifier de cette comparaison avec le mythique combo américain, prenez par la face le chant rageur en mode braillante de tous les diables, la caisse claire qui claque méchamment, la basse qui gronde, les accords de guitare qui se déchaînent sur Be Happy Be Productive. Musicalement d’ailleurs, le son semble être volontairement travaillé pour ressortir sale, anguleux et rugueux, au point de rappeler par moments, l’urgence du premier album de Nirvana ou encore les sorties de route les plus punk de Cloud Nothings.

Difficile de ne pas pointer la lente litanie féministe aussi troublante que poétique que provoque Pause Féminin(e) au milieu du disque, mais qui se suffit amplement à elle-même et n’a besoin d’aucune explication, tant les mots utilisés créent leurs propres résonances. Sans aucun doute possible, sur leur deuxième album, les SheWolf ont pleinement activé leur liberté d’être, de faire et de créer, en déversant sans compter un imposant tourbillon d’émotions absolument grisant et sidérant.

Chaque jour de la semaine, découvrez de l’intérieur l’esprit du label Tadam Records sur l’antenne du Chantier, à travers des interviews de Yann Landry, le label manager mais aussi des membres de SheWolf, Captain Obvious et L’Ambulancier.

À l’occasion de la sortie de l’album Parasite de SheWolf, remportez un pack Tadam Records avec toutes les sorties du label depuis le début de l’année. Une seule adresse pour participer : [email protected] !

Laurent Thore

L’Euro 2021 : tensions diplomatiques sur le terrain

Actus

L’Euro 2021 démarre ce vendredi 11 juin, et sur Le Chantier, nous ouvrons la série sur le football en accueillant Kévin Veyssière, rédacteur et créateur du média FC Geopolitics. La rédaction vous propose une lecture de cette compétition à travers le prisme de la géopolitique.

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BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE / MAXPPP

L’Euro, aussi appelé le championnat d’Europe des nations comptait à sa création 17 pays participants. Aujourd’hui 55 pays se rencontrent tous les 4 ans sur le gazon. Une compétition imaginée par Pierre Delaunay, et qui au fil de l’Histoire a vu sa formule évoluée.

En discutant avec notre invité, Kévin Veyssière, rédacteur et créateur du média FC Geopolitics, on comprend l’impact de la géopolitique sur le football et vice versa. Avec lui on revient sur des périodes charnières de l’histoire de l’Europe.

« Le cas qui va être intéressant au niveau de l’Euro 92 c’est l’exclusion de la Yougoslavie », relate cet amateur de football. « Des guerres vont avoir lieu dans cette fédération de république. La Slovénie, la Croatie et la Bosnie vont déclarer leur indépendance. La république de Serbie, au sein de la Yougoslavie, n’est pas d’accord et va bombarder la Bosnie, cela va entraîner des sanctions de la part de l’ONU vis-à-vis de la Yougoslavie ». Des conflits géopolitiques entraîneront donc l’exclusion de la Yougoslavie à l’Euro 92.

Le terrain de foot permettrait donc prendre le pouls de notre monde actuel. Entre la crise sanitaire, celle de Crimée ou encore le Brexit, à entendre Kévin Veyssière, la bataille ne s’arrête pas à la sortie du terrain.

« Un autre match qui peut avoir son importance […] c’est un match de phase de groupes où l’Angleterre et l’Écosse s’affrontent. Et cette bataille d’Angleterre, cette bataille du Brexit peut avoir son importance surtout si l’Écosse la remporte. » Il poursuit, « si cette équipe nationale s’affirme en tant que telle, et est victorieuse, cela peut être un accélérateur pour l’indépendance de l’Écosse. »

Autre rencontre possible qui serait loin d’être anodine si elle avait lieu ; celle entre la Russie et l’Ukraine. Les relations diplomatiques entre ces deux pays se sont assombries avec l’annexion de la péninsule ukrainienne de la Crimée par la Russie.

« Aujourd’hui, il n’y a plus de matchs entre la Russie et l’Ukraine. Pour cette compétition, ils se retrouvent dans les phases de groupes et s’ils se qualifient ils peuvent très bien se rencontrer. »

Et plus généralement, quelle place donne-t-on au foot ?

« Le football a un petit peu remplacé les guerres, maintenant il y a peut-être moins de guerre mais plus de batailles sportives sur le terrain et c’est vrai que c’est un ersatz à la guerre et ça permet de montrer les nationalismes entre différents pays. »

Il est loin le temps où l’Euro était censé adoucir les tensions au sein du continent. On aurait presque envie de dire à l’arbitre de siffler « faute ».

Alexis Cautin

Magic Bolide : Nouveau Monde !

Culture

Magic Bolide a voulu savoir comment cette année écoulée avait impacté le son des albums de 2021. Verdict ? Beaucoup d’artistes ont sorti des albums enthousiasmants, proposant une réalité alternative, nourrie de psychédélisme, d’une grande liberté artistique et de quête d’évasion.

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On en discutera avec Korin F. Sur son premier album L’Arbre Exponentiel, le duo parisien propose un très ludique kaléidoscope de pop humaniste développé autant au son qu’à l’image.

On découvrira aussi le nouveau single de Jacques qui lui a décidé de vendre son titre à ses fans par tranche d’une seconde pour conserver son indépendance financière et créer du lien.

Sans oublier toute l’actu fraîche de la semaine avec le retour des rockers rouennais de MNNQNS, Gaspard Augé, la moitié de Justice en plein trip cinématographique mais aussi mes coups de cœur pour les suédois d’Adult Oriented Pop, The Go Team!, Night Night ou La Mante.

Christophe Crénel

La marmite déborde

Culture

Avec une actualité débordante et foisonnante, forcément des choix drastiques pour composer le programme éclectique et sensible de ce nouveau numéro de Circuit Cool.

Au programme, le post punk agité de Territory, la pop mouvante de River Into Lake, le punk romantique de Romance, le groove libérateur et élastique de LoneLady, la verve énergique et décomplexée de Barrio Colette, les élans dada surréalistes de Streaker, les envolées héroïques électroniques de Tom Terrien, le feeling alternatif de Laventure, les contrées sonores abstraites et poétiques de United Color Of Black Metal.

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Korin F. : © Mickaël Burlot
Laventure : © Franck Hess

En introduction de ce nouveau Circuit Cool, retour évidemment sur l’album du Chantier, signé Korin F., duo français créatif et inspiré, qui se nomme L’Arbre Exponentiel sorti non sans hasard aujourd’hui, sur le label Les Disques Pavillon. Petit cadeau spécialement pour vous, une session enregistrée par Maxime Grayt et Pierre Thomassian dans les locaux du studio Motif Music.

Poursuivons notre exploration de la scène indépendante française, avec justement un quartet parisien héroïque et agité, Territory qui navigue en plein revival post punk, il balance depuis quelques jours un pop song mélancolique, rebelle et puissante nommé Decide, qu’il lacère à grands coups de riffs saignants et incisifs.

Le groupe Romance assume parfaitement son côté théâtral et légèrement régressif. De la tension, de l’expressivité dans la voix du chanteur guitariste Charles Crock, qui libère toute la poésie d’une écriture simple et directe, inspiré par l’esprit créatif et rebelle du punk, le côté libertaire des années 80. Leur EP Paris Prague est disponible depuis le 28 mai dernier sur le label Blue End Records.

Retour de la géniale LoneLady alias Julie Campbell, une musicienne anglaise originaire de Manchester, qui sortira son 3e album dans quelques jours, sur le mythique label Warp Records, l’album Former Things. Ce long format contient une petite bombe disco electro funk Fear Colours qui rappelle les grandes heures de l’Hacienda, le club mythique de Manchester où se mélange le punk le plus acide avec la disco, la new-wave, le funk…

Beaucoup de personnalité, de décontraction et d’inventivité dans la musique de Laventure, jeune duo basé à Strasbourg, dont le shaker musical déborde et dégouline telle une énorme glace à la vanille, de chantilly hip-hop, de sirop soul, de bonbons pop et de caramel électro comme dans ce surprenant Little Dog aux effluves psychédéliques.

Un autre duo brouille les pistes, aime le décalage mais aussi la provocation. Il se nomme Streaker. A partir de leurs formations classique et jazz, il développe une pop étrange et sinueuse, qui cherche à faire émerger une sorte de variété dadaïste, un brin conceptuelle. Nouveau titre et nouveau clip depuis aujourd’hui, un délire créatif nommé Symétrie, véritable bouillon de pop culture hédoniste qui défie les frontières habituelles du genre.

De la fraîcheur, de la verve, de l’envie et tout simplement beaucoup de vie dans le groupe Barrio Colette, petite merveille indé en provenance de la Suisse. A découvrir un super EP, Amour de vivre qui rappelle les grandes heures décomplexées de la chanson pop rock à la française façon Rita Mitsouko, Niagara et bien sûr Elli Medeiros comme sur Les Astres, à l’écoute ce soir dans Circuit Cool, ou encore le tube Filles Garçons que vous écoutez en boucle depuis quelques mois sur Le Chantier.

Vous le savez si vous écoutez régulièrement Circuit Cool, je suis très attentif à la vitalité de la scène indépendante belge, il se passe décidément toujours quelque chose du côté de ces musiciens aventureux, créatifs et inspirés, qui synthétisent avec tellement de personnalités et d’audace, toutes les influences qui irriguent le carrefour cosmopolite qu’est la Belgique, et des foyers d’art et de culture que sont des villes comme Bruxelles et Anvers. Si un musicien symbolise parfaitement cette puissance et cette liberté créative, c’est bien sûr Boris Gronemberger alias River Into Lake. Vous pouvez découvrir une session inédite sur le site du Chantier, enregistré en groupe à Bruxelles, il y a quelques jours et couvrant l’intégralité de son EP The Crossing.

Une découverte heureuse, avec le pianiste, le producteur et le compositeur Tom Terrien. Un artiste singulier, se situant à la frontière poreuse entre les musiques populaires et les musiques dites savantes. What’s Wrong, c’est le titre de son morceau instrumental, épique et puissant, qui joue admirablement bien le jeu des contrastes entre climax shoegaze et rêverie pop, entre narration electronica et groove jazzistique.

Pour finir ce Circuit Cool, plongée immersive dans les digressions sonores et contemplatives de United Colour Of Black Metal. Sous ce nom rigolo et potache, un duo pas comme les autres, autour du batteur Jean-Baptiste Geoffroy, que vous avez peut-être vu performer et se multiplier dans des groupes aussi intenses que Pneu, Binidu et même le collectif La Colonie De Vacances et donc du guitariste Guillaume Brot. Leur univers musical se situe quelque part dans le champ de la musique ambient, elle est méditative, inquiétante et gothique, c’est sûr qu’on ne ressort pas indemne de l’écoute de leur album, que je vous recommande vivement et qui est sorti aujourd’hui sur le génial label indé, Kythibong.

Toutes les nouveautés et découvertes du Chantier sont à retrouver dans nos différentes playlists Spotify, n’hésitez pas à vous abonner !

Laurent Thore

Nellie Bly, pionnière du journalisme et proto-féministe

Culture

Nellie Bly, pionnière du journalisme d’investigation et proto-féministe, est aujourd’hui mise en avant dans une bande dessinée : Nellie Bly – Dans l’antre de la folie. Scénarisée par Virginie Ollagnier-Jouvray et illustrée par Carole Maurel, cette bande dessinée retrace son infiltration au sein de l’asile pour femme de New York. La première grande affaire de Nellie Bly.

Pour Le Chantier, Virginie Ollagnier-Jouvray répond à nos interrogations sur cette BD et sur cette femme d’exception.

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nellie bly virginie ollagnier jouvray bd le chantier radio

Virginie Ollagnier-Jouvray est autrice et scénariste de BD. Avec Carole Maurel, illustratrice, elle signe en 2021 Nellie Bly – Dans l’antre de la folie aux Éditions Glénat.

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Nellie Bly, de son vrai nom Elizabeth Jane Cochrane, était une pionnière du journalisme d’investigation. Lancée très tôt dans cette carrière, elle signe son premier gros papier en 1887. Cette année là, elle infiltre l’asile pour femme de New York et y découvre les mauvais traitements infligés aux femmes internées. Des violences aux suivis médicaux quasi inexistants en passant par les internements abusifs, rien ne sera oublié dans son article qui fera alors sensation.

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En 1889, désirant conserver le crédit et la renommée de sa précédente affaire, Nellie Bly se lance dans un tour du monde qu’elle achève en 72 jours, recevant au passage les lauriers de Jules Verne.

Femme d’exception aux multiples facettes, elle finit par se marier et gérera l’entreprise de son époux après son décès.

Finalement, elle retournera aux journalisme lors de la Première Guerre mondiale où elle officiera en temps que proto-journaliste de guerre.

Pionnière du journalisme, femme d’affaires, aventurière… Nellie Bly, une proto-féministe qui sans militer, donne l’exemple.

« Vis-à-vis du féminisme tel qu’on l’entend maintenant, elle ne s’est pas engagée. Ce n’est pas quelqu’un qui s’est engagé en politique. Elle a toujours décliné ce genre d’action considérant que son travail, sa manière d’être au monde, devait servir d’exemple et que c’était suffisant en soi. »

Dans Nellie Bly – Dans l’antre de la folie, Virginie Ollagnier-Jouvray cherche à questionner la personne de Nellie Bly sans forcément donner de réponse.

« Je me suis interrogé à savoir si c’était parce qu’elle était une femme qu’elle passait sous les radars ou si elle avait choisi cette manière d’enquêter parce qu’elle n’en voyait pas forcément d’autres… »

nellie bly virginie ollagnier jouvray bd le chantier radio

Une histoire réelle, servie par un scénario solide et magnifiquement illustré par un trait certain. Dans cette bande dessinée, vous êtes invité non seulement à suivre l’histoire de Nellie Bly mais aussi à vous plonger dans une époque superbement reconstruite par ses autrices.

« J’aime beaucoup raconter des histoires mais je passe vraiment beaucoup de temps à effectuer des recherches, je crois que si je n’avais pas été écrivain j’aurais été archiviste, si je n’avais pas été archiviste j’aurais inventé la machine à voyager dans le temps pour voir à quoi cela ressemblait avant. »

nellie bly virginie ollagnier jouvray bd le chantier radio

Aujourd’hui, Nellie Bly est revenue sur le devant de la scène, permettant à toutes et tous de découvrir sa fascinante histoire et son héritage.

« Il y a un prix qui récompense des journalistes actuellement aux États-Unis qui s’appellent Nellie Bly donc elle a vraiment réintégré la société avec toute sa puissance… »

nellie bly virginie ollagnier jouvray bd le chantier radio

Pour en découvrir davantage sur Nellie Bly, certains de ces articles ont été traduits. Vous pouvez aussi vous tourner vers cette sublime bande dessinée qu’est Nellie Bly – Dans l’antre de la folie parue aux Éditions Glénat.

Christophe Rossignol

Israël : la coalition qui menace Nétanyahou

Actus

Nétanyahou quittera-t-il bientôt son poste ? Le chef de l’opposition au premier ministre israélien a en tout cas annoncé mercredi soir disposer d’une coalition pour former un gouvernement de transition. Avec quelles conséquences sur la région ? Xavier Guignard, chercheur au sein du centre de recherche indépendant Noria Research et spécialiste de la Palestine, répond aux questions du Chantier.

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xavier guignard israël benjamin nétanyahou le chantier radio

Naftali Bennett, chef du parti politique nationaliste Nouvelle Droite (à gauche) et Yaïr Lapid, chef de l’opposition (à droite).
Jérusalem, le 2 juin 2021
© Ronen Zvulun / POOL / EPA / NEWSCOM / MAXPPP

Il est arrivé au pouvoir il y a 25 ans, entre 1996 et 1999, et y est revenu en 2009. Et si Benjamin Nétanyahou devait quitter son poste de premier ministre israélien dans les prochaines semaines ? Yaïr Lapid, le chef de l’opposition, a en tout cas annoncé mercredi soir avoir trouvé un accord avec le chef de la droite radicale et disposer d’une coalition pour former un gouvernement de transition.

Cet attelage inédit, réunit des partis de gauche, du centre, de la droite et, pour la première fois dans l’histoire d’Israël, un parti arabe. Parmi les visages de cette coalition : Naftali Bennett, chef de file de la droite radicale, partisan du « Grand Israël », qui estime qu’« il n’y a jamais eu d’État palestinien ». Et Mansour Abbas, chef du parti arabe, qui a demandé quelques contreparties pour rejoindre cette alliance. Des visions politiques et des intérêts divergents réunis dans une coalition qui n’a qu’un point en commun : faire tomber Benjamin Nétanyahou.

Xavier Guignard, chercheur au sein du centre de recherche indépendant Noria Research et spécialiste de la Palestine, explique quelles conséquences aurait un tel gouvernement de coalition sur la région.

Tiphaine Crézé