Se déconnecter du monde pour mieux le regarder

Actus

Fin 2020, c’est avec le morceau « Le Bruit des Plantes dans le Béton » que le duo Korin F. avait alerté les radars sensibles et curieux du Chantier, pour un groupe qui avait pourtant déjà sorti un premier EP « CD de Voiture » en 2018. Quelques mois plus tard, il dévoile avec bonheur en ce mois de juin leur premier album « L’Arbre Exponentiel », un album étonnant, plein d’esprit et de ludisme, une œuvre conceptuelle vivante et consciente qui interroge par la métaphore et la poésie, le son et l’image, nos modes de vie et la modernité actuelle.

l'arbre exponentiel korin f le chantier radio

© Noémie Wonder

L’art, la fête, l’exaltation créative, la musique, le cinéma, l’image ont été les vecteurs de la rencontre de ces deux complices au sein du collectif Le Prism Collective, il y a maintenant presque dix ans. Chacun a poursuivi son chemin, celui de la musique pour Pierre Thomassian et celui du cinéma, de l’animation pour Maxime Grayt. De fait, l’approche esthétique de Korin F. dépasse le cadre habituel de la musique pop. Le duo utilise les possibles et les vertus actuels de la technologie pour créer leur propre univers, un univers global, sorte d’espace refuge et de territoire de jeu, qui leur permet d’échapper au monde en créant le leur.

Sans verser dans un propos frontal et revendicatif, les deux créateurs construisent une narration pleine de sens, de poésie, de recoins et de mystères pour évoquer l’écologie au sens large et noble du terme, et par effet de contrepoint, la déraison de la croissance à tout prix. Ils opposent à cette déraison, l’amour, les sentiments, la profondeur des relations humaines, mais aussi les sensations, les vibrations pour suggérer un autre rapport au monde plus contemplatif, plus empathique, en osmose avec les éléments, la nature et les êtres vivants.

D’une certaine manière, ce premier long format nous invite ainsi à nous évader, à nous déconnecter du réel pour prendre du recul et décaler nos points de vue.

Se déconnecter en plongeant dans des histoires surréalistes subtilement mises en forme et construites par le talent d’écriture du cinéaste et réalisateur qu’est Maxime Grayt.

Se déconnecter en plongeant dans ce bouillon de pop culture qui voit se télescoper et se combiner dans les instrumentations très inspirés de Pierre Thomassian les élans évocateurs et synthétiques de Vangelis (Sur la Même Longueur D’âme), les extrapolations « electrorétrofuturistes » de Kraftwerk (Avec Amour), l’intelligence mélodique et l’intensité rock de Depeche Mode (Le Voleur de Temps), l’hédonisme disco façon Giorgio Moroder et de Cerrone pour ne citer qu’eux (Les Visages Éphémères, Et J’avance).

Mais chez Korin F., tout ceci ne participe qu’à un jeu, une manière de brouiller les pistes, de s’amuser, de créer des failles temporelles en convoquant des anachronismes esthétiques. Ainsi sur Qui a Vu Rêva, l’introduction pourrait évoquer les accords et les nappes sinusoïdales de Jean-Michel Jarre, elle bascule soudainement dans une rythmique tendue à la Kompromat pour s’adoucir dans les paysages psychédéliques réverbérés façon Pink Floyd, que les accords appuyés d’une guitare très Melody Nelson viennent survoler.

En écoutant bien, ce disque fourmille d’une multitude de petits détails et de clins d’œil à presque un siècle de musique pop, et pourrait ainsi faire de Korin F. des petits cousins de Daft Punk et de Justice. Mais loin de l’exercice de style, Maxime Grayt et Pierre Thomassian assument qui plus est le chant et le texte en français, à travers des constructions de phrases simples, des jeux de mots immédiats, répétés à l’envi, qui donnent beaucoup de fraîcheur à l’ensemble. Sur des morceaux comme Sensation Océanique, Sous L’entropique et Je Navigue à L’aveugle, le groupe ose un certain lyrisme pop, qui pourrait aller jusqu’à évoquer le dandysme pop d’Etienne Daho.

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© Camille Chauve

À la fois très immédiat et très accrocheur dès les premières écoutes, L’Arbre Exponentiel ne cesse de révéler sa grande richesse créative et sa profonde sensibilité, stimulé par ses tubes en puissance (Les Visages Éphémères, Bye Bye Baby Lou, Le Bruit des Plantes dans le Béton) et amplifié par ses morceaux plus atypiques et plus sinueux mais tout autant chargés de sens (Le Voleur de Temps, Avec Amour).

Le Chantier est très heureux de vous permettre de plonger dans la musique de L’Arbre Exponentiel quelques jours avant sa sortie officielle (vendredi 4 juin 2021 via Les Disques Pavillon et Kuroneko), à l’occasion d’une semaine spéciale où Maxime Grayt et Pierre Thomassian se livreront d’ailleurs avec intelligence, simplicité et sincérité dans des extraits d’une interview passionnante et instructive, réalisée il y a quelques semaines par nos soins.

Le duo vous offre à cette occasion des albums dédicacés, pour participer, une seule adresse : [email protected]

Laurent Thore

Forêts sauvages, l’harmonie d’un nouveau monde

Environnement

À l’heure des préoccupations écologiques, nombreux sont ceux à vouloir intervenir et « aider » la nature, certains pensent autrement. Pour eux, il est l’heure de laisser la nature faire son travail et exhortent l’Homme à cesser toute ingérence dans la gestion des forêts.

Béatrice Kremer-Cochet et Gilbert Cochet sont de ceux-là, leur livre « L’Europe réensauvagée – Vers un nouveau monde » en est le parfait plaidoyer.

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foret sauvage béatrice kremer-cochet gilbert cochet le chantier radio

© Béatrice Kremer-Cochet

Béatrice Kremer-Cochet et Gilbert Cochet sont professeurs agrégés de Sciences de la vie et de la Terre, naturalistes et photographes, vice-présidente et président de l’association Forêts Sauvages. Ils signent l’ouvrage L’Europe réensauvagée – Vers un nouveau monde chez Actes Sud.

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Un livre qui dresse un état des lieux de l’Europe en matière de territoire sauvage. On apprend que les forêts en Europe gagnent toujours plus de terrain et surtout qu’elles sont en grande partie sauvages.

Le réensauvagement, issu du terme anglo-saxon « rewilding ». Un concept qui laisse à la nature la mainmise sur sa gestion, estimant que celle-ci s’en sortait fort bien sans l’homme et surtout en constatant sa grande capacité de résilience et d’adaptation.

« On fait confiance à la nature et on la laisse évoluer toute seule, parce qu’en faite la nature existait bien avant l’Homme et elle se débrouillait très bien toute seule […] nous pensons qu’il est bon que de temps en temps on lui laisse libre court… »

Les différences entre les forêts d’exploitation et la forêt sauvage sont nombreuses, allant du simple positionnement des arbres (calculer et précis pour l’un, sauvage et chaotique pour l’autre) au type d’arbre que l’on y trouve. Les forêts naturelles et celle de l’Homme sont aussi différentes que le jour et la nuit.

« Entre une forêt exploitée par l’Homme et une forêt naturelle, c’est pratiquement deux mondes… »

Les forêts naturelles offrent également de nombreux avantages. Elles captent le carbone de manière plus efficace et plus durable que n’importe quelle technique humaine. De plus, elle filtre l’eau offrant de fait à l’humanité une eau pure et peu coûteuse.

« Une forêt en libre évolution apporte beaucoup à l’espèce humaine… On s’est rendu compte par exemple que les forêts laissées en libre évolution sont, même quand elles sont matures, des puits de carbone. C’est-à-dire qu’elles absorbent le dioxyde de carbone et elle le stock de façon durable… »

Si les pays d’Europe de l’est et du nord se montrent meilleurs élèves sur cette question, le France offre de belles avancées. Dans notre pays, l’Office National des Forêts met en place des Réserves Biologiques Intégrées. 30 à 40 mille hectares sont concernés à ce jour.

« Une forêt laissée en libre évolution en France, ce n’est pas une utopie. »

Au-delà de la préoccupation environnementale, il y a aussi dans le réensauvagement des forêts un aspect social ; l’idée de renouer avec la nature.

« Je croie que si on arrivait à retrouver cette magie de la proximité avec la faune sauvage dans notre pays, il y aurait certainement beaucoup de problèmes sociaux et psychologiques qui disparaîtraient. »

Christophe Rossignol

Au cœur des poumons de la Terre

Environnement

La rédaction du Chantier vous transporte en direction des poumons de la Terre, et plus précisément au cœur de la forêt brésilienne.

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amazonie poumons de la terre le chantier radio

© Martin Wendler / PHOTOSHOT / MAXPPP

La forêt brésilienne, étendue sur 60% de l’Amazonie, est ,elle aussi, victime du changement climatique et des activités humaines.

Selon une étude publiée fin avril par Nature Climate Change : cette partie de la forêt amazonienne a rejeté ces dix dernières années plus de carbone qu’elle n’en a absorbé.

Les forêts absorbent entre 25 à 30% des gaz à effets de serre que nous produisons. Sans elles, le dérèglement climatique serait bien pire.

Les scientifiques s’inquiètent d’un essoufflement des forêts tropicales. Leur crainte : que les forêts ne puissent plus correctement remplir leur fonction de piège à carbone. Et pour la première fois, la forêt brésilienne est à son tour émettrice de carbone.

Et la tendance pourrait s’amplifier. Suite à l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, au niveau politique de protection de l’environnement, le pays n’est pas à son fort et connaît même une hausse de la déforestation.

Mais au-delà de la déforestation, L’étude de Nature Climate Change met en avant la responsabilité méconnue, mais majeure, des « dégradations » de la forêt. Contrairement à la déforestation qui fait disparaître la surface boisée, les dégradations incluent tout ce qui peut l’abîmer, sans pour autant la détruire totalement : arbres fragilisés en bordure des zones déforestées, coupes sélectives, petits incendies, mortalité des arbres liée à la sécheresse. Des atteintes moins facilement décelables que de grandes étendues rasées.

L’Amazonie s’approche du point de non-retour. Et si rien n’est fait, elle pourrait disparaître dans moins de 50 ans et son écosystème avec.

Emma Delaunay

Magic Bolide Super Green

Culture

L’écologie fait son chemin dans le paysage musical !

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magic bolide super green christophe crénel le chantier radio

On prend donc toutes les bonnes ondes avec Voyou, Jeanne Added, Matt Low, Myd, Fakear, Camille ou encore la révélation Korin F. et de petites pépites old school qui aident à mieux respirer signées Assassin, Midnight Oil, Bjork ou… Johnny Hallyday (!?)

Christophe Crénel

Éclectisme de rigueur dans le nouveau Circuit Cool

Culture

Nouvelle livraison de nouveautés du côté de Circuit Cool, avec toujours autant de curiosité et d’éclectisme, et aucune barrière de principe avec au programme de la pop, du rap, du rock et de la musique électronique…

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circuit cool laurent thore le chantier radio

Maxwell Farrington & Le SuperHomard : © Melanie Elbaz
Carole Pelé : © Adrien Thibault

L’album du Chantier cette semaine, c’est celui de Maxwell Farrington & Le SuperHomard, Once avec un super titre et peut-être le futur tube de l’été du Chantier : Free Again.

Nouvel extrait du premier EP de Carole Pelé, le morceau Biget où elle met en scène sa propre vie dans un chemin esthétique saisissant. Dans le clip qu’elle dévoile aujourd’hui, elle convie sa propre maman à découvrir sans le savoir le résultat d’une troublante mise en scène, gorgée d’émotions, d’intimes et d’amour maternel.

Une complicité à 2 voix sur ce morceau La Fleur De L’âge qui annonce la sortie du nouvel album d’Alexandre Delano. Une instrumentation minimaliste qui souligne avec simplicité la sensibilité à fleur de peau de ce dialogue surréaliste à la tendre mélancolie entre la voix d’Alexandre et celle de Kristin McClement.

Le rappeur Alvin Chris se dévoile en ce moment dans une série de morceaux clippés intitulé Je Rappe Comme J’respire dans laquelle on retrouve depuis quelques jours les Maux De L’âme, subtil égotrip se libérant sur un instru UK Garage à la rythmique 2 step et aux arrangements electronica feutrés, qui met parfaitement en valeur les nuances du flow tantôt rappé tantôt chanté d’Alvin Chris.

Autre talent émergent, et personnalité nouvelle de la scène rap française, la rappeuse Eesah Yasuke, récemment intégré par la team Banzai Lab. Une rappeuse étonnante, qui trace sans complexe sa propre voie, développant les vertus de son flow puissant et minimaliste, qui joue étonnamment avec la respiration et les silences comme pour mettre en apesanteur la poésie de son écriture sensible et imagée comme sur Cadavre 3xquis.

Repérée depuis quelques temps sur Le Chantier, grâce à l’excellent travail de défrichage du label La Souterraine, la jeune rappeuse Yelsha affirme, à l’instar de son alter ego Eesah Yasuke, toute sa détermination dans un premier album, Mélange, qui assume les deux facettes d’une même personnalité, sensuelle, joueuse, ambitieuse, sensible sur des morceaux comme Elle ou Abimée et hardcore, revendicative et fière sur un morceau comme Cheffe.

Dans la sphère du rock indé, un des groupes de scène les plus impressionnants de ces dernières années, un trio explosif et expressif, Slift une nouvelle fois, dans une session de dingue, pour le festival Levitation où le groupe rentre littéralement en transe dans les développements haletants de leur morceau Heavy Road. A noter que le groupe sera programmé pour un concert brûlant à L’Épicerie Moderne le 8 octobre prochain. Immanquable.

Il pourrait être les cousins de Slift, ils forment eux aussi un trio, ils sont basés à Bordeaux. Voici Little Jimi, ils sont l’un des fers de lance du label Mrs Red Sound des fameux Mars Red Sky. Cet été, ils sortiront un nouvel album The Cantos sur lequel se retrouvera justement le track Last Cantos, développement psyché en 3 parties commençant comme une lente prière païenne avant de basculer dans une sorte de grunge garage à la Mudhoney pour terminer par une déviation instrumentale qui rappelle forcément les envolées héroïques du Led Zeppelin de la grand époque mais avec un son heavy marqué par la musique stoner et le métal.

Le rock déviant de It It Anita se moque des étiquettes, il mélange sans vergogne l’énergie du punk, la radicalité de la noise, la frontalité du hardcore à l’image de Sermonizer, dernier single en date de leur album Sauvé comme Amaury Sauvé, qui a travaillé avec eux sur le son si massif et sauvage de leur disque.

Pour se quitter, on se laisse porter par les paysages sonores et électroniques du jeune producteur Adam Carpels, qui synthétise avec beaucoup de finesse et de sensibilité les courants actuels des musiques électroniques depuis la bass music jusqu’à l’electronica, comme sur son nouveau clip et nouveau single Channel, en ligne depuis ce matin.

Toutes les nouveautés et découvertes du Chantier sont à retrouver dans nos différentes playlists Spotify, n’hésitez pas à vous abonner !

Laurent Thore

La douleur du travail sous les feux des projecteurs

Culture

Manon Delatre est projectionniste dans un cinéma d’art et essai. Son travail la passionne, elle s’investit, prend des responsabilités. Puis l’épuisement et l’ennui finissent par prendre le dessus. Une situation personnelle qui témoigne d’un phénomène aujourd’hui sociétal lié à notre relation au travail.

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manon delatre se faire virer le chantier radio

© François Destoc / BEP / LE TELEGRAMME / MAXPPP

Accumulation de stress, surcharge de travail, épuisement professionnel… Fin 2020, environ un million de personnes étaient en burn-out « sévère », d’après un baromètre de la santé psychologique des salariés français en période de crise.

À travers Se faire virer paru aux Éditions du commun, Manon Delatre, revient sur ses expériences de travail dans le domaine du cinéma. D’emblée, l’autrice nous affirme que la notion de burn-out est utilisée abusivement.

« Je n’ai pas fait de burn-out, c’est très clair pour moi c’est un mot clinique qui a une définition à laquelle je ne corresponds pas […] J’ai presque plus fait un bore-out, je m’ennuyais terriblement dans mon travail ça m’a amené à être dans un état dépressif assez avancé. »

L’ennui au travail, une perte de sens, des éléments qui amènent bien souvent à cette douleur au travail, la plupart du temps insidieuse. Cette ancienne projectionniste a su identifier de cette déchéance ; une perte de sens liée au matériel.

« Elle est arrivée tout bêtement par le passage de la projection pellicule 35mm à la projection numérique […] Je me suis sentie dépossédée de mon travail par la machine et les hotlines à distance. »

Et puis après ces heures sombres à ne plus pouvoir trouver la force de se lever, de se nourrir, arrive le temps de la reconstruction. Manon Delatre laisse les objectifs et caméras pour gratter du papier. « L’écriture pour garder une trace, pour transmettre », précise-t-elle. Un remède qui lui permet d’échanger avec d’autres personnes victime de cet épuisement si fréquent, qu’elle perçoit comme « un phénomène massif ».

Elle décrit son essai comme « un formidable vecteur de conversation avec des gens. Parce que c’est fou quand on ouvre cette porte le nombre de personnes qui sont mal au travail et pour qui c’est enrichissant d’échanger sur le sujet de se sentir moins seul, moi-même je me suis sentie beaucoup moins seule en échangeant et en écrivant ». Une sorte de bel happy-end prévisible à la fin d’un film.

Aline Saldanha

La low-tech, l’autre technologie d’avenir

Actus

Les low-tech sont des technologies pratiques, accessibles et durables. Le Chantier est allé questionner Kevin Loesle, ingénieur en charge des communautés du Low-tech Lab.

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low-tech lab kevin loesle le chantier radio

Le Low-tech Lab cherche depuis 2012 à promouvoir les technologies low-tech. Dans une optique d’accessibilité et de durabilité, ses ingénieurs tentent de mettre au point des nouvelles technologies pour tout un chacun.

Kevin Loesle, ingénieur au sein du Low-tech Lab a accepté de nous éclairer sur la low-tech.

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Les low-tech, contrairement à leur nom, ne s’inscrivent pas spécifiquement en opposition à la high tech, en témoigne l’utilisation d’internet.

« Il existe des high-tech très utiles. Par exemple, Internet que l’on utilise pour diffuser des contenus, des tutoriels […] évidemment Internet a beaucoup de bons côtés mais aussi beaucoup de mauvais […] on essaie de juger plutôt les technologies sur ces trois critères d’utilité, d’accessibilité de durabilité. »

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© Foucauld Delaplace

Les utilisateurs de la low-tech sont nombreux et divers. Que vous soyez un « MacGyver » dans l’âme, que les questions environnementales vous tiennent à cœur ou que tout simplement vous soyez à la recherche de plus d’autonomie, la low-tech est une solution ludique.

« Tout le monde est capable de construire de la low-tech. L’accessibilité, c’est l’un des grands avantages. »

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© Foucauld Delaplace

La low-tech, c’est aussi une façon de concevoir le monde. Dans cette optique, le Low-tech Lab a mis en place un projet d’habitat low-tech.

« L’idée n’est pas d’essayer de démocratiser cet habitat, mais plutôt d’explorer la notion « d’habiter » et de comprendre les synergies existantes. La surface dont on a réellement besoin, la quantité nécessaire d’énergie pour chauffer, éclairer ou alimenter les appareils ménagers. »

Pour savoir plus sur la low-tech, direction le Low-tech Lab !

Christophe Rossignol

Clap de fin pour la 2e saison des Rendez-Vous Modernes

Culture

L’Épicerie Moderne concluait jeudi dernier la 2e saison des Rendez-Vous Modernes, à travers le concert partagé en live stream de Serge et Cyril Meysson. Une expérience sonore et musicale étonnante autour de musiciens inspirés, créatifs et habités, mettant une nouvelle fois en avant l’exigence et l’ambition artistique de la SMAC basée à Feyzin, qui n’aura décidément pas cédé à la facilité depuis le concert inaugural de ce 2e acte avec Les Marquises et Danse Musique Rhône Alpes en mars dernier.

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Cyril Meysson : © Aurélie Raidron

Bien sûr, les Rendez-Vous Modernes auront été une réponse à une situation inédite pour les lieux culturels, contraints de fermer leurs portes en raison de la pandémie, mais aussi une manière de poursuivre le travail d’accompagnement et de soutien de l’Épicerie Moderne auprès de la scène musicale locale de la région lyonnaise.

Difficile de ne pas revenir sur le 9e épisode clôturant cette 2e saison qui aura donc associé deux visions musicales et esthétiques singulières, celle du guitariste Cyrille Meysson et celle du groupe Serge, né des cendres du collectif pluridisciplinaire Misère Records.

Le premier utilise le son comme une matière, qu’il sculpte, éprouve, disperse pour créer des chimères musicales expérimentales éphémères, qui interroge forcément nos propres représentations des musiques populaires et du geste musical. Le second s’inscrit dans une expressivité que nous pourrions intégrer sous la bannière du rock progressif, nourrie de krautrock, de post-rock et de psychédélisme. Activé par une écoute collective, complice et saisissante, il se déploie avec force, dans les formats étirés, les développements orageux, il aime le vertige des ascensions toujours plus loin et toujours plus haut.

Il ne faut pas nier que ce chemin différent ouvert et offert par Cyrille Meysson et Serge, souvent proche de l’expérimentation et de l’improvisation, méritait une grande attention et une disponibilité accrue, surtout calé derrière un écran. Mais à l’inverse, il aura eu le mérite évident de rappeler, à l’aube de leurs reprises, au combien les concerts ne sont pas simplement des moments de divertissements, mais aussi et surtout des espaces créatifs à part entière, empreints de sensibilités, de nuances et de quêtes artistiques passionnantes.

À l’image de sa programmation, l’Épicerie Moderne aura joué la carte de l’éclectisme pour cette 2e série des Rendez-Vous Modernes. Elle nous donne d’ailleurs justement rendez-vous dès la rentrée prochaine pour un programme des plus alléchants de concerts en public et en live avec notamment les intenses Slift, l’élégant Rover, les éternels The Wedding Present et même le génial Adam Green au printemps 2022.

Pour les retardataires, voici les vidéos des Rendez-Vous Modernes saison 2 !

Laurent Thore

Femmes sans domicile : à l’origine, la violence

Social

Invisibles, les femmes sans domicile sont peu ou partiellement étudiées. L’approche genrée de ce phénomène met en lumière une violence initiale à ces « carrières de rue ». Toutefois, le fait d’être une femme peut se révéler « avantageux » dans l’accès à une solution d’hébergement.

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© Isabelle Rozenbaum / AltoPRESS / MAXPPP

Dans l’étude Les trajectoires des femmes sans domicile à travers le prisme du genre : entre vulnérabilité et protection, croisant enquêtes statistiques et entretiens, Marie Loison-Leruste et Gwenaëlle Perrier proposent d’introduire le critère du genre pour comprendre les parcours de la perte du logement à l’accès à l’hébergement des femmes sans domicile.

Les enquêtes à ce propos dans l’Hexagone sont récentes ; la première date seulement de l’an 2000. Toutefois le travail de Maryse Marpsat, Un avantage sous contrainte : le risque moindre pour les femmes de se trouver sans abri, est précurseur dans les études de sciences sociales en France.

Comprendre les trajectoires de ces femmes, c’est aussi faire émerger la violence initiale de ces « carrières de rue ».


« Ces femmes sont en particulier exposées à des violences sexuelles, perpétrées par des hommes de leur entourage.
Il s’agit donc souvent de violences fondées sur le genre.
Ainsi, celui-ci constitue un facteur de vulnérabilité dans les trajectoires des femmes sans domicile, jouant un rôle déstabilisateur dans celles-ci, voire le motif (déclaré) de la perte du logement. Ces trajectoires s’inscrivent dans des rapports de genre que l’on observe aussi auprès d’autres groupes sociaux que les sans-domicile : les violences constituent en effet un outil central de reproduction de l’ordre genré (Bereni et al.,2012).
On pourrait dire que les femmes sans domicile constituent des victimes paradigmatiques de ces violences, du fait de la fréquence de leur exposition à celles-ci, et parce que leur situation de sans-domicile contribue très vraisemblablement à les faire apparaître davantage que les autres femmes comme « à la disposition » des hommes. »



A contrario, dans « le « parcours » allant de la rue au logement de droit commun peut être comparé à un escalier à gravir » : être une femme, mieux encore être une mère, peut être un avantage « relatif » mais décisif dans l’accès à un hébergement.

Toutefois « ces mobilités ascendantes (Brousse, 2006, 30), c’est-à-dire qui vont de la rue vers un centre ou d’un centre vers un logement aidé (Hély, Loison-Leruste, 2013) » se trouvent empêchées par le manque de places en hébergement, par les limites et les manques de l’action publique.

Les sciences sociales s’ouvrent à une approche sensible au genre qui doit permettre à l’avenir de mieux comprendre les trajectoires des femmes sans domicile, qui sont au carrefour de plusieurs discriminations, de plusieurs formes de violence, et les « désinvisibiliser ». Elles doivent aussi permettre de mieux former les acteurs sociaux tant sur le terrain qu’en institution. Enfin, peut-être, infléchir les politiques publiques vers une meilleure prise en charge des femmes sans domicile.

Autre publication :
Loison-Leruste MarieHabiter à côté des SDF. Représentations et attitudes face à la pauvreté, L’Harmattan, coll. Habitat et Société, 2014

Extrait sonore du film documentaire :
Femmes invisibles Survivre dans la rue de Claire Lajeunie

Hugues Chevarin

Les retrouvailles tant attendues avec le cinéma

Culture

Elle nous avait manqué cette sensation ; celle d’être bien installé dans un fauteuil moelleux quand les lumières de la salle s’éteignent pour que le grand écran s’éclaire. Depuis la réouverture des salles de cinéma, le 19 mai dernier, les cinéphiles ont pu enfin retrouver le 7e art.

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© Alexis Sciard / IP3 PRESS / MAXPPP

Le 19 mai dernier, les salles obscures ont de nouveau rouverts leurs portes aux cinéphiles. Le public a pu enfin retrouver le plaisir de prendre le soin de choisir son fauteuil confortable « pas trop devant, ni trop loin, au centre de préférence. »

Pour l’heure, la jauge se limite à 35% des places assises. Au total, un peu plus d’une trentaine de films ont pu retrouver les salles obscures dès le 19 mai. À cela s’ajoutent une bonne quinzaine de « ressorties », ces films sortis à l’automne et qui n’avait pu être projetés sur les écrans que quelques jours.

Avec nous pour parler de la reprise après des mois d’inactivité et du protocole sanitaire mis en place, Jordan Lagarrigue, directeur du cinéma Les Ambiances à Clermont-Ferrand.

Emma Delaunay