Cette semaine, nous recevons Marion Lorillière, gagnante du prix jeune chercheur en 2018 grâce à ses recherches en chimie durable ou autrement appelé chimie verte durant son doctorat à Clermont Ferrand avec son équipe.
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Marion Lorillière lors de sa conférence TedxClermont « Des enzymes naturels pour une chimie alternative » en 2018
Issue d’un parcours scientifique avec une spécialisation dans les domaines de la chimie et de la biologie, Marion Lorillière se spécialise dans la “chimie verte”, une chimie alternative plus respectueuse de l’environnement. Lors de son doctorat à Clermont-Ferrand, elle gagne le prix du jeune chercheur en 2018 grâce à ses recherches en chimie durable.
Depuis quelques décennies, l’homme rêve de voyager dans l’espace. Le tourisme spatial voit le jour, depuis que trois milliardaires ont décidé d’utiliser leurs ressources pour offrir cette opportunité au grand public. Même si la porte des étoiles ne sera ouverte dans un premier temps qu’à une infime catégorie de privilégiés, on peut se laisser surprendre à rêver que tôt ou tard, monsieur-et-madame-tout-le-monde trouveront des moyens de voyager dans l’espace.
« Bises depuis la station orbitale », allons-nous vraiment envoyer ou recevoir ce genre de message ? Pour l’heure, il semblerait que seul les gros portefeuilles peuvent se le permettre. Alors que les projets se multiplient depuis le premier visiteur payant, la question de la pollution et de l’accessibilité vient assombrir ces envies de prendre de la hauteur. Pour décrypter cette nouvelle course à l’espace, nous recevons Arnaud Saint-Martin, sociologue et chargé de recherche au CNRS.
Tous les vendredis sur le site du Chantier, Laurent, notre programmateur musique, vous offre une sélection vibrante de clips étonnants et créatifs sortis ces derniers temps, parfait écho à notre playlist curieuse et éclectique.
Le triomphe de la société de consommation a-t-il sonné le glas de la fabrique du quotidien ? En a-t-on été dépossédé ? Le “monde rural” est-il cet “entre-monde” où s’opère le mouvement de reconquête ?
“La norme occidentale contemporaine d’existence, c’est la méconnaissance des mains qui agencent, fabriquent et nettoient les objets de la vie quotidienne.”
Geneviève Pruvost, sociologue du travail et du genre au C.E.M.S. Centre d’Etude des Mouvements Sociaux (EHESS), nous invite dans “Quotidien politique – Féminisme, écologie, subsistance”, paru à La Découverte, dans la collection L’horizon des possibles, à transformer notre rapport à ce quotidien. Elle remonte aux racines de la prise de conscience par les éco-féministes de cette dépossession, et en particulier, celle des moyens de la subsistance. Par ce nécessaire retour sur expérience, elle donne à voir cet activisme du quotidien !
Attachée à la compréhension du terrain, elle est partie à la rencontre des “alternatifs”, de celles et ceux qui font “village autrement” : “Chaque maisonnée […] partage l’impératif d’une alimentation biologique, d’un habitat éco-construit, d’un approvisionnement et d’une distribution en circuit court, du recours à la médecine douce et aux pédagogies alternatives. L’activité rémunérée exercée obéit à ces mêmes principes. Mais là ne s’arrête pas l’engagement pratique de cette population rurale : tout le monde dispose de toilettes sèches.”
A l’instar de l’historien Jérôme Baschet, elle entrevoit et souhaite l’émergence de “possibles désirables” ! « Il ne s’agit pas d’en appeler à réactiver le temps des rouets, y compris en permutant lesrôles de genre, mais d’inviter à poser sur la table l’éventail d’outils et de subsides avec lequel se pensent et s’enclenchent les mutations politiques”.
Serait-ce donc dans cet entre-monde, sans être en marge, qu’une révolution est en marche ?
“Le bon sens ménager est un programme politique à embranchements multiples qui part de la prémisse suivante : il y a des actions de base incompressibles à accomplir. Si personne ne s’en charge, il faudra bien que quelqu’un.e les fasse en bout de chaîne. Il ne s’agit pas de mettre la charrue avant les bœufs. C’est à partir de la nécessité de la subsistance que se pense la démocratie – la révolution – la bascule.”
Dans Terrain Social, Geneviève Pruvost nous invite à en faire preuve !
Autres références :
Faire village autrement, Des communautés introuvables aux réseaux d’habitats légers.
Ancien chef du service politique de France Culture, Benoît Bouscarel a annoncé cette semaine son départ de Radio France. Il a décidé de se consacrer pleinement au développement de l’Onde Porteuse, qu’il a cofondée en 2015. Interview.
“Dans les locales de France Bleu, au Mouv’ et puis à France Culture, nuit et jour, ici et ailleurs, j’aurai tant vu et entendu, tant appris (tant donné aussi) que même résumée l’histoire serait trop longue”, témoignait récemment Benoît Bouscarel dans le post Facebook annonçant son départ de France Culture. Après un peu plus de 20 années au service de Radio France, il a choisi de revenir s’implanter en Auvergne, où il a grandi, afin de s’investir pleinement dans le développement de l’Onde Porteuse. Comment et pourquoi fait-on un tel choix ? Pour aller vers où, vers quoi, quand et comment ? Voici l’intervieweur interviewé.
Julien Millanvoye. Comment êtes-vous entré à France Culture ? Benoît Bouscarel. Je travaillais au Mouv’ depuis quelques années quand en 2013, Jean-Marc Four, alors directeur de la rédaction de Culture, m’a proposé de présenter Les Matins d’Été -c’est-à-dire la matinale de France Culture sur les deux mois d’été- et d’en être le producteur. J’ai adoré évidemment tenir ce rôle, et quand ensuite à l’automne la proposition est arrivée de rejoindre pour de bon les équipes de France Culture, à la rédaction cette fois, j’ai évidemment dit oui : c’est une proposition que je ne pouvais pas refuser.
J. M. C’était un travail de journaliste ? B. B. Oui, j’ai toujours été journaliste. Je suis arrivé à la rédaction en janvier 2014 pour être éditorialiste politique, avant de prendre en charge le service politique. Puis, tout en reprenant les rênes des matins d’été en 2016 et 2019, je suis devenu rédacteur en chef du week-end.
J. M. Et déjà, l’Onde Porteuse prenait forme. B. B. L’idée est née en 2015. À l’occasion du 20ème anniversaire de Radio Campus Clermont-Ferrand que j’avais contribué à fonder en 95-96, j’ai retrouvé Charlotte Waelti qui elle aussi avait participé à cette aventure. En discutant, on s’est assez vite entendu sur l’idée qu’un projet social autour de l’oralité, du podcast, de l’audio… autour de la radio en fait, pourrait avoir sa place ici, à Clermont, à condition d’œuvrer en parallèle pour l’éducation aux médias et à l’information – on y tient beaucoup. On avait ces intuitions, ces envies, et puis il se trouve qu’on avait déjà travaillé ensemble pour monter des sessions de formation quand elle était directrice de la Fédération des Radios Associatives des Pays de la Loire (FRAP) à Nantes. Donc les choses ont été très fluides très rapidement entre nous.
On a créé l’association en novembre 2015 et après plusieurs mois de travail, on a mis en place une activité de formation dès l’été 2016. Notre offre a tout de suite beaucoup plu aux radios associatives et par la suite nous nous sommes lancés dans l’insertion par l’activité économique. C’est quelque chose de très spécifique et qui a fait ses preuves : on embauche des personnes en difficulté sur le plan de l’emploi et on les accompagne sur la base de leur projet professionnel. Notre idée à nous, notre spécificité, c’est de les accompagner en utilisant l’oralité, la radio, le journalisme. C’est très particulier de faire entrer l’éducation aux médias dans l’insertion, mais c’est notre pari. Depuis 2017, notre façon de faire de l’insertion avec la radio a beaucoup évolué, jusqu’à la création de la radio “Le Chantier”, qui diffuse à Clermont depuis le mois de janvier, avec des programmes créés à la fois par des professionnels et par des salariés en insertion. Désormais, nous travaillons à la création d’un réseau de rédactions inclusives, qui pourrait avoir une envergure nationale.
J. M. Projet dont on va bien sûr parler… Mais d’abord, comment décide-t-on de quitter une aussi belle maison que France Culture ? B. B. En 2015, quand j’ai revu Charlotte Waelti et qu’on a eu cette discussion, j’étais en année sabbatique et l’idée que j’avais derrière la tête était d’essayer d’éprouver la liberté que pouvait procurer un projet développé en dehors de la grande maison, sécurisante mais parfois aussi un peu étouffante. À mon retour, j’ai pris le poste de rédacteur en chef du week-end ce qui me laissait du temps libre en semaine pour développer l’Onde Porteuse. C’était un rythme assez soutenu, assez compliqué entre Paris et Clermont-Ferrand, mais c’était passionnant car ces deux missions étaient très complémentaires : d’un côté, une mission relativement prestigieuse, à l’antenne d’une très, très belle radio ; de l’autre, une expérience clermontoise collée au terrain, aux prises avec les réalités sociales. De chaque côté de la Loire, ou du périph’, je faisais bien le même métier, mais j’avais deux façons de l’exercer.
Mais bien sûr, ce rythme n’est pas tenable sur le long terme, et j’ai repris un congé sans solde en 2020, pour me donner le temps de réfléchir à la direction que je voulais prendre. Peu à peu, l’évidence est arrivée et même si m’éloigner de France Culture est un choix difficile, je ne le regrette pas.
J. M. La décision s’est en réalité imposée d’elle-même… B. B. Oui, pour moi c’est la suite logique d’un processus : ça fait plus de cinq ans maintenant qu’on est engagé dans l’Onde Porteuse avec Charlotte, puis Francisque Brémont nous a rejoint, puis tout le reste de l’équipe… Ça fait du monde, et c’est une structure maintenant assez solide. Les conditions ne sont pas les mêmes qu’à Radio France, c’est évident, le rendu non plus, la surface médiatique encore moins, tout un tas de choses changent… Mais les liens qui ont pu se créer avec la cinquantaine de salariés qui sont passés par Le Chantier (et dont les deux tiers ont depuis obtenu soit un emploi durable soit un diplôme) sont extrêmement forts. Et finalement, il était plus difficile d’imaginer me couper de ce contact avec elles et eux, que du statut que m’offrait Radio France.
J. M. Que peut-on maintenant vous souhaiter, à vous et à l’Onde Porteuse ? B. B. On peut souhaiter des mois moins bousculés que ceux qu’on a connus en 2020 et 2021 ! Et on peut surtout souhaiter aux salariés et salariées en insertion de belles réussites professionnelles, comme on en a connu récemment, avec Christophe, Darcia ou encore Rouslan. Des diplômes importants et utiles, comme pour Teddy, Augustin, Hélène. C’est ça surtout qu’il faut souhaiter aux salariés de l’Onde. Et si ça, ça fonctionne, l’Onde ira bien. Et moi aussi, du coup.
J. M. On peut aussi souhaiter la réussite de l’essaimage, peut-être ? B. B. Ah oui, bien sûr : nous avons pour projet de développer le principe de l’insertion par la radio dans toute la France : c’est le gros “chantier” de l’Onde Porteuse pour les années qui viennent. L’idée est de développer des structures similaires, bien sûr adaptées aux réalités, aux besoins et aux envies locales dans plusieurs villes du pays, avec un premier projet qui va ouvrir ses portes en décembre à Saint-Denis de La Réunion. À terme, cela pourrait nous donner la possibilité de créer des programmes dans différents endroits, et occasionner des échanges, des liens importants entre les gens par le son, la voix, l’expression. C’est ça que nous appelons “le sens du son” à l’Onde Porteuse, c’est celui qui permet d’aller vers les autres. Par le biais d’échanges de programmes, et pourquoi pas par la création d’un programme radio d’ampleur nationale. Il est encore un peu tôt pour en parler, mais nous aurons dans quelques semaines une annonce importante à faire concernant la mise en place de ce réseau.
J. M. Avec tout ça, avez-vous encore le temps de vous consacrer à votre passion du journalisme ? B. B. Plus que jamais. Avec notre journaliste Tiphaine Crézé, nous lançons la saison 2 du podcast Du Biscuit, disponible sur le Chantier et sur toutes les plateformes d’écoute. C’est un programme mensuel entièrement consacré aux mécaniques de l’information : comment et pourquoi les journalistes traitent de tel ou tel sujet, de telle ou telle manière…
J. M. Quel rapport avec le biscuit ? B. B. “Avoir du biscuit”, chez les journalistes, ça veut dire avoir des informations. C’est un peu désuet, mais on entend encore parfois ça, dans les rédactions : “T’as du biscuit sur l’affaire machin ?”…
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Retrouvez Benoît Bouscarel dans Du Biscuit, chaque mois sur Le Chantier et les applications de podcast.
Une émission animée avec Tiphaine Crézé et réalisée par Francisque Brémont.
C’est la Mecque de la techno à Berlin. Ouvert en 2004, le Berghain attire chaque semaine des passionnés prêts à se faire refouler à l’entrée…ou à s’épuiser sur la pistes. Guillaume Robin a observé les codes et les pratiques du public de ce lieu mythique.
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« Berghain – Berlin Bacchanales » de Guillaume Robin aux éditions du Murmure.
A la réouverture du mythique club le Berghain, les Berlinois ont fait 7 heures de queue, espérant passer au travers des filets de l’emblématique videur, Sven Marquardt. Certains se sont déjà fait refouler des dizaines de fois à l’entrée de ce lieu emblématique de la techno, ouvert en 2004 (un record de longévité pour un tel endroit) à Berlin dans une ancienne centrale électrique. Guillaume Robin a étudié le public et les pratiques de ce qu’il appelle un « jardin d’enfants pour adultes » et les livre dans son ouvrage « Berghain – Berlin Bacchanales » aux éditions du Murmure.
Guillaume Robin est maître de conférences en études germaniques à l’Université de Paris – IUT de Paris. Il travaille sur l’histoire du corps en Allemagne et plus spécifiquement sur les pratiques corporelles dans le milieu techno à Berlin, où il réside. Il est au micro du Chantier.
La fête nous a manqué ! Quels impacts a eu la privation de ces moments de convivialité sur notre état de santé ? Et comment la danse peut-elle guérir ? France Schott-Billmann, psychanalyste et danse-thérapeute, nous répond.
Comment avons-nous vécu l’absence de fête pendant la crise sanitaire ? Pour France Schott-Billmann, psychanalyste et auteure de « La thérapie par la danse rythmée » et « Le besoin de danser » (éd. Odile Jacob), « L’Homme est un animal social, qui a besoin de se retrouver : la fête est une thérapie ». La privation de moments conviviaux pendant les confinements et couvre-feux successifs a donc eu un impact sur notre corps et notre santé mentale.
France Schott-Billmann va plus loin et explique comment la danse guérit, notamment dans les hôpitaux, où elle exerce la danse-thérapie. « Cela permet de se remettre dans ces rythmes premiers, corporels : le battement du cœur et le rythme de la respiration. C’est très reposant pour le corps et pour l’esprit. ». Un médicament sans contre-indication.
Sous la boule à facette, dans l’obscurité, elles sont plus d’une femme sur deux à ne pas se sentir en sécurité et à avoir déjà vécu des agressions sexuelles. Selon une étude menée par l’association Consentis, les lieux festifs sont loin d’être des espaces de liberté et d’évasion.
Toutes les femmes qui ont l’habitude de sortir dans des clubs, des bars, des festivals en France connaissent bien cette situation génante : la rencontre avec les fêtards un peu trop insistants qui confondent drague et harcèlement. Derrière cette belle pratique qu’est de faire « la fête », se révèle le triste constat de l’association Consentis: « plus d’une femme sur deux ne se sent pas en sécurité et a déjà connu des agressions sexuelles. »
Comment faire évoluer les mentalités ? Quelles solutions et outils pouvons-nous instaurer pour une fête plus « safe » ? L’association Consentis travaille sur ces questions depuis sa création, aussi bien en lien avec les acteurs et actrices d’événements festifs que les fêtard.e.s.
Mathilde Neuville est l’une des fondatrices de Consentis. Avec elle, on s’interroge sur l’état de nos dancefloors et sur comment proposer des espaces festifs plus respectueux.
Alain Damasio nous revient, et cette fois-ci en musique avec Entrer dans la couleur. Un album concept où le guitariste légende Yan Pechin électrise les textes dystopiques de l’écrivain. Un live aux allures de conte pour adulte tout droit tiré du livre Les Furtifs. Sur scène, les deux artistes nous embarquent dans un futur (trop) proche ultra connecté. Un corpus de texte à la fois électrisant et glaçant, une BO brûlante, poétique et politique.
On vous enmène dans les loges dans la coopérative de Mai où nous les avons rencontrés. Anecdotes, processus créatif et intentions… Au micro d’Emma Delaunay, ils nous plongent dans les méandres de leur album live Entrer dans la couleur.
Nouveauté tous les vendredis sur le site du Chantier: Laurent, notre programmateur musique, vous offre une sélection vibrante de clips étonnants et créatifs sortis ces derniers temps, parfait écho à notre playlist curieuse et éclectique.