Quotidien politique : un enjeu révolutionnaire !

Social

Le triomphe de la société de consommation a-t-il sonné le glas de la fabrique du quotidien ? En a-t-on été dépossédé ? Le “monde rural” est-il cet “entre-monde” où s’opère le mouvement de reconquête ?

MEDIA

© Romain Boulanger/PHOTOPQR/PRESSE OCEAN/MAXPPP/ Pique-nique sur la ZAS près de la Grée pour le projet d’élevage d’escargots.

“La norme occidentale contemporaine d’existence, c’est la méconnaissance des mains qui agencent, fabriquent et nettoient les objets de la vie quotidienne.”

Geneviève Pruvost, sociologue du travail et du genre au C.E.M.S. Centre d’Etude des Mouvements Sociaux (EHESS), nous invite dans “Quotidien politique – Féminisme, écologie, subsistance”, paru à La Découverte, dans la collection L’horizon des possibles, à transformer notre rapport à ce quotidien. Elle remonte aux racines de la prise de conscience par les éco-féministes de cette dépossession, et en particulier, celle des moyens de la subsistance. Par ce nécessaire retour sur expérience, elle donne à voir cet activisme du quotidien !

Attachée à la compréhension du terrain, elle est partie à la rencontre des “alternatifs”, de celles et ceux qui font “village autrement” : “Chaque maisonnée […] partage l’impératif d’une alimentation biologique, d’un habitat éco-construit, d’un approvisionnement et d’une distribution en circuit court, du recours à la médecine douce et aux pédagogies alternatives. L’activité rémunérée exercée obéit à ces mêmes principes. Mais là ne s’arrête pas l’engagement pratique de cette population rurale : tout le monde dispose de toilettes sèches.

A l’instar de l’historien Jérôme Baschet, elle entrevoit et souhaite l’émergence de “possibles désirables” ! « Il ne s’agit pas d’en appeler à réactiver le temps des rouets, y compris en permutant les rôles de genre, mais d’inviter à poser sur la table l’éventail d’outils et de subsides avec lequel se pensent et s’enclenchent les mutations politiques”.

Serait-ce donc dans cet entre-monde, sans être en marge, qu’une révolution est en marche ?  

Le bon sens ménager est un programme politique à embranchements multiples qui part de la prémisse suivante : il y a des actions de base incompressibles à accomplir. Si personne ne s’en charge, il faudra bien que quelqu’un.e les fasse en bout de chaîne. Il ne s’agit pas de mettre la charrue avant les bœufs. C’est à  partir de la nécessité de la subsistance que se pense la démocratie – la révolution – la bascule.

Dans Terrain Social, Geneviève Pruvost nous invite à en faire preuve !

Autres références :

Faire village autrement, Des communautés introuvables aux réseaux d’habitats légers.

https://journals.openedition.org/socio-anthropologie/1866

Jérôme Baschet, Basculements :

https://www.editionsladecouverte.fr/basculements-9782348066733

https://lechantier.radio/infos/chemins-vers-dautres-mondes

Hugues Chevarin