Déconcentration, décentralisation, différenciation, décomplexification. 4D pour une loi supposée partager davantage le pouvoir et les compétences entre état central et collectivités locales. Supposée… car pour Romain Pasquier, politologue et directeur de recherche au CNRS, ce texte est plutôt une « réformette ». Il nous explique pourquoi la France a été, et semble rester un état jacobin.
À l’occasion des élections régionales et départementales des 20 et 27 juin, Le Chantier consacre sa série de la semaine aux régions.
Aujourd’hui, focus sur la loi 4D. 4D comme déconcentration, décentralisation, différenciation et décomplexification. Un texte censé répartir davantage pouvoir et compétences entre état central et collectivités locales, dans la lignée des actes de décentralisation qui se sont succédé depuis le début des années 1980 et les lois Defferre.
Mais qui semble rater son objectif, à entendre le politologue Romain Pasquier, invité du Chantier, qui décortique la loi et revient sur les causes du jacobinisme à la française. Pour lui, c’est une « réformette ».
Dans l’ordre et le désordre, dans ce nouveau numéro de Circuit Cool, le jazz spirituel et organique de De Beren Gieren, le folklore imaginaire et cosmopolite de Rodolphe Burger et Erik Marchand, les déclarations d’amour pop et electronica de YMNK, les sensations urbaines technoïdes de Roches Noires, le rock exalté de New Favourite, la pop dévergondée et viscérale de The Guru Guru, le post punk mélodique et vif de MNNQS, le groove global et planant de BRNS, la fusion sensible entre l’écriture rap de Cabadzi et celle du producteur electro VAPA.
Cette semaine, le label Tadam Records, un label indé, rock dans l’âme et militant dans l’esprit était à l’honneur sur Le Chantier. Un label monté de toutes pièces pendant le premier confinement, qui rassemble dans un esprit égalitaire, écologique et coopératif musiciens et activistes de la musique indépendante en France. Jour particulier pour Tadam Records avec la sortie de l’album du trio SheWolf. Trio que j’ai eu la chance d’interviewer il y a quelques jours pour Le Chantier, et entrevue pendant laquelle Alice Adjutor, Fanny Amand et MC Martine avouaient s’être bien amusées dans le clip de Monster, en parodiant le cérémonial de l’intervention présidentielle télévisée.
Les SheWolf reprennent le chemin des concerts :
31 Juillet 2021 – Festival, Le Mans.
4 Septembre 2021 – Le Farmer, Lyon
25 Septembre 2021 – Black Shelter, Distillery, Carquefou
Le trio New Favourite, de retour, avec un nouveau single plus pop, mais toujours aussi intense qui parlent des vrais et des faux amis, de ceux qui ne sont là que pour les bons moments. New Favourite, avec Godspeed dans Circuit Cool en attendant la sortie de leur 2e EP, en octobre, il se nommera Chasing Light.
Honestly, I Don’t Feel like Dancing : quel titre de The Guru Guru !
Ce groupe n’a pas son pareil pour créer son propre territoire entre la pop la plus mélodique, la noise la plus explosive, le post punk le plus expressif, le grunge le plus émotionnel. Même si le Covid est passé par là, leur album Point Fingers sorti en début d’année dernière, reste incontestablement un des grands albums de 2020 toute catégories confondues. Mais le groupe belge n’a pas chômé et s’apprête à sortir 2 EPs, un studio et un live, qui ne seront réunis que sur un seul et même vinyle édition limitée, à se procurer de toute urgence. Sortie le 25 juin sur Rumble Heat Records
Toujours du côté de la Belgique, des habitués de Circuit Cool, BRNS, groupe étonnant et libre, versant habituellement dans le rock, mais capable de sacrés pas de côté comme sur cet étonnant Suffer, le groove qui se dégage de ce morceau est vraiment étonnant, presque déroutant.
À Rouen, la flamme post punk est toujours allumée du côté des immanquables MNNQS, avec dernièrement une déclaration d’amour héroïque et sonique All I Need Is You Tonight, qui commence très pop et se charge progressivement de noise et de folie douce.
Évasion dans Circuit Cool à travers la musique généreuse et cosmopolite de Rodolphe Burger & Erik Marchand, une musique sans frontière et libre, qui prend sa source dans le blues mais trace sa route dans la grande richesse des musiques traditionnelles du monde entier, musiques qui n’ont jamais été aussi vivantes et essentielles qu’en 2021. Album Gluck Auf prévu pour fin août 2021.
Du jazz dans Circuit Cool, et pas n’importe lequel, celui de De Beren Gieren, du jazz en trio activé depuis 2009 par le piano de Fulco Ottervanger, la contrebasse de Lieven Van Pée et la batterie de Simon Segers. Leur musique est légère et joueuse, elle s’élève au dessus du monde pour prendre de la hauteur et transcender la puissance fédératrice du son, du rythme et de la mélodie. Album au titre très ironique Less Is Endless prévu pour le mois de septembre prochain sur le génial label Sdban Records.
Bascule progressive dans le monde des musiques électroniques au sens très large du terme, comme par exemple, avec l’étonnant musicien lillois Alexis Zbik alias YMNK. Loin de la frénésie actuelle de la hype, il agence, élabore, structure les strates de son univers riche et coloré, façonné par la pratique du bending, cette capacité à détourner et à bricoler les instruments. Sans excès ni opportunisme, le champ créatif n’a pas de limite de styles, et son album sorti, devinez quoi, aujourd’hui, fourmille d’évocations multiples, electro, techno, pop, ambient, new wave, post rock… quelque part entre les élans cosmiques de The Orbital, le ludisme jubilatoire de Mouse On Mars et les nostalgies enfantines de Four Tet. Une musique touchante et sincère, pleine de fragilité et d’humanité derrière le grain des machines.
Clin d’œil également au producteur de musiques électroniques VAPA, qui sèment depuis quelques heures avec son nouvel EP, de subtils développements électroniques entre deep house et techno mélodique, et n’hésite pas à inviter la voix du rappeur de Cabadzi sur le sobrement nommé Mental, déviation minimaliste et hybride entre rap brumeux et électro cosmique.
Pour se quitter, libérons les énergies des dancefloors fantômes qui restent malheureusement et injustement fermés, avec la lente envolée techno extatique du producteur basé à Rouen, Clément Durand aka Roches Noires, extraite de son EP Blow disponible depuis aujourd’hui sur le label Mouton Noir Records.
Toutes les nouveautés et découvertes du Chantier sont à retrouver dans nos différentes playlists Spotify, n’hésitez pas à vous abonner !
Magic Bolide régale cette semaine avec une heure de bon son et pas mal d’exclusivités.
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Au programme notamment le nouvel album de l’un des groupes les plus excitants du moment, les australiens allumés de King Gizzard & The Lizard Wizard, mais aussi Nicolas Godin de Air qui flirte en douceur avec le meilleur de la scène R’n’B, mon coup de cœur pour le tout jeune bricoleur américain Quickly Quickly, la pop lumineuse du duo français Djakarta, un hommage à l’héritage de Depeche Mode, avec, notamment le nouveau single du duo techno rennais ATOEM et le premier album de l’américain Baba Ali, sans oublier un clin d’œil aux playoffs de NBA avec la malicieuse rappeuse Tierra Whack.
Chaque mois, Le Grin propose une soirée qui mêle discussion et musique. Les Causeries Musicales : un format aussi bien novateur que fédérateur. Pour cette deuxième édition, les Mamans du Congo et le beatmaker thiernois RROBIN ont investi la librairie.
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On n’avait perdu l’habitude d’écouter de la musique en live. Mercredi soir, Le Grin nous a permis de retrouver cette sensation avec la venue des Mamans du Congo, un collectif de femmes venues tout droit de Brazzaville.
Mais au 9 rue Saint-Hérem, on ne fait pas qu’écouter de la musique. « On échange, on cause », comme dit Matthieu Poinot, animateur du Grin.
C’est sous l’écoute attentive d’un public intimiste que la chanteuse Gladys Samba et le beatmaker thiernois RROBIN racontent alors l’histoire des Mamans du Congo.
Ce groupe féminin remet au goût du jour des berceuses traditionnelles et chante la vie quotidienne des femmes.
Après de longs mois sans concert, cette soirée permet enfin la rencontre entre le public et les artistes. C’est en performant que Gladys Samba, fondatrice des Mamans du Congo, nourrit sa relation avec le public.
Dans le décor de librairie qu’offre Le Grin, les Mamans du Congo ont livré une version acoustique de leur répertoire. Fanny, fraîchement arrivée à Clermont-Ferrand, découvrait aussi bien cet univers musical que le format des causeries.
Mais au-delà d’écouter de la musique et de discuter, Les Causeries Musicales amènent une proximité et brisent cette barrière invisible entre les artistes et le public.
Les Mamans du Congo et RROBIN seront le 2 juillet prochain à la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand.
Les épreuves du bac approchent à grands pas. Cette année, les élèves expérimentent le grand oral qui aura lieu le 21 juin. Une nouveauté encore nébuleuse et stressante pour les élèves. Rachida Bounaga, vice-présidente de la PEEP, une association de parents d’élèves, est à nos côtés pour nous apporter son éclairage.
Au menu du bac cette année : le grand oral, une nouveauté que les futurs bacheliers expérimentent le 21 juin prochain. Une épreuve orale d’une vingtaine de minutes où les élèves de terminale sont interrogé.e.s sur une question préparée en avance ainsi que sur leur orientation. L’idée derrière cette évaluation : prendre la parole en public de façon claire et convaincante.
D’après le site de l’Éducation Nationale, « Cette épreuve évalue des compétences essentielles, en particulier la maîtrise d’une parole personnelle, structurée et argumentée, la capacité à déployer avec clarté et conviction une réflexion, à dialoguer et à débattre, à adopter une distance critique par rapport aux savoirs acquis et à son projet de formation. »
Mais cette nouvelle évaluation n’enchante pas l’ensemble des candidat.e.s. Loin de là, pour beaucoup le grand oral devient une source de stress. Du côté du corps enseignant, même son de cloche, le vendredi 4 juin, les enseignants se sont réunis devant le rectorat de Clermont pour dénoncer les conditions du bac 2021.
Rachida Bounaga, vice-présidente de la PEEP, une association de parents d’élèves, nous apporte son éclairage.
Et si la compétition éclipsait les vertus du sport ? Dans son essai « Que le meilleur gagne ! », publié aux Éditions Insep/Robert-Laffont, le philosophe André Comte-Sponville dénonce l’omniprésence du sport-spectacle et livre sa vision des vertus du sport, et du football en particulier.
« Quand tu tapes dans la balle, ne pense pas à la victoire ou à la défaite. Ne pense qu’à une seule chose : taper dans la balle ! Avec cette citation de la désormais coach Amélie Mauresmo, André Comte-Sponville illustre sa vision du sport, dont la compétition lui semble être un piège.
À l’aube de l’Euro 2021, le philosophe évoque, au micro du Chantier, sa vision du sport, de ses vertus et des limites du « sport-spectacle ». Il décortique la formule « Que le meilleur gagne ! » qui sert de titre à son essai, publié aux Éditions Insep/Robert-Laffont
Faut-il privilégier la défense ou l’attaque ? Depuis quand pense-t-on tactique au foot ? À l’occasion de l’Euro 2021, Le Chantier continue de s’intéresser aux multiples facettes du football. Le journaliste sportif Maxime Brigand nous éclaire sur les tactiques du foot.
Le Championnat d’Europe des Nations de football débute vendredi 11 juin avec la rencontre Turquie-Italie. Pendant un mois, 24 pays vont s’affronter sur la pelouse. Pour ces rencontres tant attendues, les équipes se sont préparées et ont revu leurs tactiques.
Maxime Brigand est journaliste à la rédaction de So Foot, premier magazine tourné vers le foot et lancé en 2003. Il a également noircit les pages du livre Tactique, école de jeu, préceptes et origines, paru en mai dernier aux Éditions Marabout.
Entre deux sujets de sport, Maxime Brigand prend le temps de nous éclairer sur l’évolution des tactiques. Avec lui on revoit les bases. En quoi la tactique se distingue-t-elle de la stratégie ? « La stratégie, c’est un mot un peu guerrier, c’est avant tout comment déstabiliser l’autre, la tactique, c’est aussi, comment se protéger nous ! »
Dans cet entretien, notre analyste des passes et des dribbles revient sur l’évolution des tactiques dans cette discipline mondialement pratiquée.
« La tactique s’est développée au fil du temps, plus ça allait plus on a mis de joueurs à l’arrière. Normalement au départ il y avait beaucoup de joueurs devant. Et ça s’est organisé petit à petit et notamment à partir de la première coupe du monde […] Aujourd’hui, on est à un niveau de préparation jamais vu au niveau du foot. »
Tactique, école de jeu, préceptes et origines, paru en mai dernier aux Éditions Marabout
La créativité des joueurs, le développement physique des joueurs ou encore l’exploration culturelle ont permis aux équipes de développer les tactiques. « Chaque tactique a une dimension culturelle, c’est-à-dire qu’on veut exprimer un courant de pensées dans une tactique. » D’après ce fervent de « super tactique collective », « un pays doit développer le style de jeu qui met le plus en lumière le caractère de sa population et de ses joueurs […] Choisir un style de jeu, c’est choisir un message. »
Alors quel message, par son jeu, l’équipe de France voudra-t-elle faire passer ?
Une semaine spéciale sur Le Chantier, autour du jeune label indépendant Tadam Records. Voici un label foncièrement rock dans l’âme, mais aussi porté par des valeurs fortes autour de l’écologie, de l’égalité et de la coopération : une aventure collective née au cœur du premier confinement, une réponse volontaire et résiliente teintée d’indépendance et de militantisme.
Alors que le label a déjà mis en orbite les EPs de L’Ambulancier et de Captain Obvious depuis le début de l’année, cette semaine sera marquée par la sortie de l’album du trio SheWolf, le très énergique et bouillonnant Parasite.
Une belle occasion de revenir sur la singularité de ces musiciens et musiciennes ayant participé activement au lancement de ce label coopératif, mais aussi de mettre en lumière leurs disques respectifs, symboles de la vitalité de la scène rock indépendante en France, aussi multiple que volontaire mais qui ne doit compter que sur elle-même dans une période complexe et instable que connaît la musique, d’ailleurs bien au-delà des effets de la simple crise sanitaire. Nous pouvons penser par exemple à la question centrale et très actuelle de la (juste) rémunération des artistes, à l’ère de l’explosion du streaming. La dimension égalitaire et féministe du label est aussi très présente, une manière de bouleverser certains codes du rock, dont l’imaginaire a souvent véhiculé des positions machistes et des usages sexistes depuis très longtemps. À ce titre Yann Landry, le label manager de Tadam Records évoque un exemple frappant pour dénoncer cette vision masculine du rock a souvent réduit les femmes à leurs physiques, quand bien même que les musiciennes aient du talent, de la force créative, de la musicalité et de l’engagement au même titre que leurs alter-égos masculins.
« Dans l’histoire du rock, les femmes ont surtout été des faire-valoir « sexy ». Je lisais encore hier une publication d’un journaliste, qui parlait de Patti Smith. Il disait en substance, elle n’a jamais été très belle, mais elle avait quelque chose de sexy. Je trouve ça impardonnable ce genre de discours. Patti Smith, c’est des textes, de la poésie, une présence, de l’intensité. Et là, on la réduit à une image. Alors effectivement, Patti Smith ne se rasait pas les poils de jambes et alors ? Est-ce qu’on va à un concert de rock pour regarder les jambes des musiciennes ? C’est toujours ce vieux débat sexiste. On parle toujours des merveilleux solos des guitaristes, du jeu de batterie de John Bonham (Led Zeppelin) mais par contre du sex-appeal de Debbie Harry (Blondie) : on ne va pas parler de sa voix ou de ce qu’elle apporte musicalement. Et ça, c’est un combat qui est long et qui sera encore long. Mais ça commence à venir, il y a des associations qui œuvrent sur le sujet, notamment l’association Change de disque, dont je fais aussi partie. Avec cette association, par exemple, nous sommes en train de développer des outils à destination des hommes et des femmes du milieu, pour faire évoluer les mentalités. Mais ce combat peut prendre des décennies. Mais avec ce qui s’est passé autour du mouvement #MusicToo, il y a un bon élan pour que les choses changent. »
Au sein de Tadam Records, cette volonté se concrétise notamment dans une organisation égalitaire qui donne à chacun, chacune, un pouvoir de décision effectif et partagé au-delà du genre mais aussi du statut. Ainsi, Yann Landry aime à rappeler que même s’il est le label manager du label, il n’en est certainement pas le PDG, et que ce n’est pas lui qui décidera des groupes qui pourront intégrer le label, mais bien le conseil d’administration, composé notamment des membres des cinq groupes maison SheWolf, Captain Obvious, L’Ambulancier, Steve Amber et Shoefiti.
Mais au-delà de ces aspects militants fédérateurs, c’est aussi et surtout une belle idée du rock qui réunit les groupes, les acteurs et actrices de ce label, à l’image de SheWolf, trio décomplexé, actif et engagé, structuré autour d’Alice Adjutor, de Fanny Amand et de MC Martine. À la question de savoir justement ce que le rock leur apporte dans leur vie (question visiblement pas si évidente pour elles), elles répondent ainsi ensemble :
« (MC Martine)
… À un besoin de s’exprimer avec cette énergie-là. Je pense que SheWolf a une énergie qui peut être… violente ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, très brute. Le rock est un super moyen d’exprimer tout ce qu’on a en nous, cela peut-être de la rage, des injustices, des choses belles aussi. Nous, on a choisi de l’exprimer par le rock, d’autres, cela va être le jazz, la pop. Pourquoi ? Je ne sais pas, c’est une question de sensibilité, mais on retrouve des choses dans le rock, qu’on ne trouverait pas dans d’autres styles de musique…
(Alice Adjutor)
Pour moi, le rock c’est aussi la liberté d’exprimer des émotions qu’on ne se permet pas d’exprimer dans la vie de tous les jours. Déverser certaines émotions sur les gens de manière totalement libre, n’est pas ce qu’il y a de plus moral à faire… Mais aussi pour ma liberté, par exemple, j’étais plutôt destinée à un parcours plus académique, mes parents voulaient que je fasse de grandes études parce que j’étais bonne élève, mais avoir finalement choisi de faire ce que j’ai envie de faire au fond de moi depuis que j’ai 12 ans, c’est la liberté. Cela n’appartient qu’à moi. »
Pour Joseph, qui forme avec son frère Angus le duo Captain Obvious, il y a quelque chose de très spontané et de très naturel à s’exprimer à travers le rock, même si celui-ci a désormais l’âge d’un grand père :
« C’est vrai qu’aujourd’hui, le rock ça fait un peu vieillot, cela fait longtemps qu’il est là, il commence un peu à disparaître, mais quand on cherche vraiment, il y a encore énormément de groupes qui font du rock en France, il est toujours porteur d’un vrai message de rébellion. »
Pour Palem Candillier alias L’Ambulancier, sa nouvelle entité plus personnelle dans laquelle il se réinvente aujourd’hui, il y a un vrai challenge à oser le rock en français autant qu’un plaisir jouissif et ludique :
« L’erreur serait de penser, que pour le rock, il faudrait chanter en français comme on chanterait d’habitude. Je crois qu’il faut jouer sur les sonorités, sur les mots qui claquent, sur les expressions qui font mouche, sur les petites phrases musicales. Si on veut mettre de la chanson à texte dans le rock, bien sûr qu’on y arrivera pas. La chanson à texte, c’est de la chanson à texte. Par contre, si on voit la langue française comme un truc un peu alien, qu’on s’amuse avec, qu’on a pas trop de scrupules à la maltraiter, là on peut en faire un truc rock, là j’y crois ! »
Cette semaine spéciale coïncide non sans hasard avec la sortie de l’album de SheWolf, Parasite, un album intense et teigneux, qui impressionne par son côté tendu et massif comme le morceau d’ouverture The Escape, avec cette batterie martelée, implacable, qui ne nous lâche pas d’une semelle, jusqu’à l’explosion finale.
La formule du trio sied parfaitement à l’esprit électrique libérateur de SheWolf, à travers un engagement de tous les instants qui passe forcément par la frontalité mais sans négliger la nuance. Ainsi, sur ce long format, les sensations pourraient aussi bien évoluer en quelques instants de la puissance évocatrice de Laetitia Shériff à la radicalité dévastatrice et sauvage de Babes in Toyland. Et s’il fallait juste un exemple pour justifier de cette comparaison avec le mythique combo américain, prenez par la face le chant rageur en mode braillante de tous les diables, la caisse claire qui claque méchamment, la basse qui gronde, les accords de guitare qui se déchaînent sur Be Happy Be Productive. Musicalement d’ailleurs, le son semble être volontairement travaillé pour ressortir sale, anguleux et rugueux, au point de rappeler par moments, l’urgence du premier album de Nirvana ou encore les sorties de route les plus punk de Cloud Nothings.
Difficile de ne pas pointer la lente litanie féministe aussi troublante que poétique que provoque Pause Féminin(e) au milieu du disque, mais qui se suffit amplement à elle-même et n’a besoin d’aucune explication, tant les mots utilisés créent leurs propres résonances. Sans aucun doute possible, sur leur deuxième album, les SheWolf ont pleinement activé leur liberté d’être, de faire et de créer, en déversant sans compter un imposant tourbillon d’émotions absolument grisant et sidérant.
Chaque jour de la semaine, découvrez de l’intérieur l’esprit du label Tadam Records sur l’antenne du Chantier, à travers des interviews de Yann Landry, le label manager mais aussi des membres de SheWolf, Captain Obvious et L’Ambulancier.
À l’occasion de la sortie de l’album Parasite de SheWolf, remportez un pack Tadam Records avec toutes les sorties du label depuis le début de l’année. Une seule adresse pour participer : [email protected] !
L’Euro 2021 démarre ce vendredi 11 juin, et sur Le Chantier, nous ouvrons la série sur le football en accueillant Kévin Veyssière, rédacteur et créateur du média FC Geopolitics. La rédaction vous propose une lecture de cette compétition à travers le prisme de la géopolitique.
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BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE / MAXPPP
L’Euro, aussi appelé le championnat d’Europe des nations comptait à sa création 17 pays participants. Aujourd’hui 55 pays se rencontrent tous les 4 ans sur le gazon. Une compétition imaginée par Pierre Delaunay, et qui au fil de l’Histoire a vu sa formule évoluée.
En discutant avec notre invité, Kévin Veyssière, rédacteur et créateur du média FC Geopolitics, on comprend l’impact de la géopolitique sur le football et vice versa. Avec lui on revient sur des périodes charnières de l’histoire de l’Europe.
« Le cas qui va être intéressant au niveau de l’Euro 92 c’est l’exclusion de la Yougoslavie », relate cet amateur de football. « Des guerres vont avoir lieu dans cette fédération de république. La Slovénie, la Croatie et la Bosnie vont déclarer leur indépendance. La république de Serbie, au sein de la Yougoslavie, n’est pas d’accord et va bombarder la Bosnie, cela va entraîner des sanctions de la part de l’ONU vis-à-vis de la Yougoslavie ». Des conflits géopolitiques entraîneront donc l’exclusion de la Yougoslavie à l’Euro 92.
Le terrain de foot permettrait donc prendre le pouls de notre monde actuel. Entre la crise sanitaire, celle de Crimée ou encore le Brexit, à entendre Kévin Veyssière, la bataille ne s’arrête pas à la sortie du terrain.
« Un autre match qui peut avoir son importance […] c’est un match de phase de groupes où l’Angleterre et l’Écosse s’affrontent. Et cette bataille d’Angleterre, cette bataille du Brexit peut avoir son importance surtout si l’Écosse la remporte. » Il poursuit, « si cette équipe nationale s’affirme en tant que telle, et est victorieuse, cela peut être un accélérateur pour l’indépendance de l’Écosse. »
Autre rencontre possible qui serait loin d’être anodine si elle avait lieu ; celle entre la Russie et l’Ukraine. Les relations diplomatiques entre ces deux pays se sont assombries avec l’annexion de la péninsule ukrainienne de la Crimée par la Russie.
« Aujourd’hui, il n’y a plus de matchs entre la Russie et l’Ukraine. Pour cette compétition, ils se retrouvent dans les phases de groupes et s’ils se qualifient ils peuvent très bien se rencontrer. »
Et plus généralement, quelle place donne-t-on au foot ?
« Le football a un petit peu remplacé les guerres, maintenant il y a peut-être moins de guerre mais plus de batailles sportives sur le terrain et c’est vrai que c’est un ersatz à la guerre et ça permet de montrer les nationalismes entre différents pays. »
Il est loin le temps où l’Euro était censé adoucir les tensions au sein du continent. On aurait presque envie de dire à l’arbitre de siffler « faute ».
Magic Bolide a voulu savoir comment cette année écoulée avait impacté le son des albums de 2021. Verdict ? Beaucoup d’artistes ont sorti des albums enthousiasmants, proposant une réalité alternative, nourrie de psychédélisme, d’une grande liberté artistique et de quête d’évasion.
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On en discutera avec Korin F. Sur son premier album L’Arbre Exponentiel, le duo parisien propose un très ludique kaléidoscope de pop humaniste développé autant au son qu’à l’image.
On découvrira aussi le nouveau single de Jacques qui lui a décidé de vendre son titre à ses fans par tranche d’une seconde pour conserver son indépendance financière et créer du lien.
Sans oublier toute l’actu fraîche de la semaine avec le retour des rockers rouennais de MNNQNS, Gaspard Augé, la moitié de Justice en plein trip cinématographique mais aussi mes coups de cœur pour les suédois d’Adult Oriented Pop, The Go Team!, Night Night ou La Mante.