Renoncer pour le bien commun !

Social

Nos pratiques, nos modes de vie, nos systèmes de production et de travail génèrent des déchets, des ruines dont nous ne pouvons faire l’économie ! Le capitalisme doit-il seul s’en occuper au risque d’aggraver les conditions pour toute forme de vie ? En quoi la notion de “commun” doit évoluer pour n’être pas que “bucolique”, comme le souligne notre invité ? De quelle nature sont ces “communs dits négatifs” ? Doit-on repenser de fond en comble les principes, les mécanismes sur lesquels repose notre maison commune ? N’est-il pas temps de renoncer, d’adopter une culture du retrait, du démantèlement que prônent ces penseurs de la redirection écologique ?

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PHOTOPQR/VOIX DU NORD/Alexis Christiaen (Pib) ; 19/02/2020 ; Houplines – Friches Hacot Colombier – Usine abandonnée. Photo Alexis Christiaen (Pib) – La Voix du Nord

« Ce à quoi nous sommes prêts à renoncer », ou plutôt « ce à quoi nous sommes prêts à renoncer, pour maintenir les choses précieuses de notre existence ». C’est ce que nous proposons d’appeler un protocole de redirection écologique.

Dans Héritage et Fermeture, Une écologie du démantèlement, les auteurs -Emmanuel Bonnet, Diego Landivar, Alexandre Monnin, proposaient “contre le front de modernisation et son anthropologie du projet, de l’ouverture et de l’innovation, […] d’inventer un art de la fermeture et du démantèlement : une (anti)écologie qui met «les mains dans le cambouis».”

Alexandre Monnin est enseignant-chercheur, directeur scientifique d’Origens Medialab et directeur du MSc « Strategy & Design for the Anthropocene » (ESC Clermont BS x Strate Ecole de Design Lyon). Auteur d’une thèse sur la philosophie du Web, passé par l’Institut de recherche et d’Innovation du Centre Pompidou, ancien chercheur chez Inria et initiateur du DBpedia francophone, il a travaillé une quinzaine d’années dans le numérique. 

Depuis 7 ans, il réfléchit aux enjeux de la redirection écologique, un courant qu’il a co-initié avec Emmanuel Bonnet et Diego Landivar, avec lesquels il a co-écrit Héritage et Fermeture (Divergences, 2021). Il poursuit et augmente cette réflexion dans Politiser le renoncement, toujours aux éditions Divergences

Nos modes de vie, dans le Nord global en particulier, sont-ils soutenables ? Les déchets générés par l’activité humaine ne cessent de s’empiler, s’ajoutant à ceux plus anciens dont nous héritons. Voilà l’humanité confrontée à la possibilité de sa propre disparition -l’Anthropocène a déjà commencé !-. Quels choix s’imposent pour enrayer cette mécanique fatale ? Quelle écologie pour répondre à ces enjeux vitaux ?

L’écologie ne peut se penser comme un retour à la nature (ou à une époque antérieure, pré/post industrielle, pré/post civilisationnelle, etc.) sous peine de porter en elle un arrière-plan malthusien ou exterministe. Son défi est désormais d’être une écologie des milieux impurs dans lesquels une  part grandissante de l’humanité évolue qui cherche à négocier un passage étroit entre deux écueils :  l’abandon brutal et immédiat des infrastructures, technologies et modèles, ce que j’appelle des communs négatifs, […] et le maintien de ces réalités à moyen terme”.

Entre un exterminisme malthusien et un carbo-facisme exterministe, il n’est d’autre choix, nous l’avons dit, que de les tenir à égale distance et travailler à se ménager un passage entre ces deux hydres, une ligne de fuite entre Charybde et Scylla”.

Politiser le renoncement, c’est inscrire à l’agenda démocratique, mais aussi de la justice sociale, des décisions d’ampleur, tant sur la gestion des ces “communs négatifs”, et la mise en place de cet “art de la fermeture” dans tous les domaines. C’est ne pas laisser au seul capital le loisir de décider du bien fondé de la redirection écologique. 

“S’emparer des communs négatifs devient la condition pour se «donner les moyens de prendre des décisions concernant les vies et les modes de subsistance qui  sont et seront viables aujourd’hui  et à l’avenir.»

Ainsi peut-on conserver l’angle de la fermeture et du renoncement en faisant de la viabilité non pas l’opérateur d’agences supranationales ou de politiques technocratiques mais de revendications ouvrant sur une démocratisation des questions de renoncement et de maintien et leur politisation, à rebours d’approches subpolitiques qui en occultent  […] à la fois les enjeux et les alternatives.

De la ligne de fuite à “la ligne de crête”, politiser le renoncement doit opérer à toutes les échelles, tous les domaines et tous les espaces de vie !

Avec le philosophe Alexandre Monnin, Terrain Social vous invite à un juste renoncement pour le bien commun !

Hugues Chevarin

Poursuivre avec l’auteur : 

Il a récemment co-écrit Ecologie du Smartphone (avec Laurence Allard et Nicolas Nova, Le Bord de l’Eau, 2022). Et un Manuel de redirection écologique, Editions de l’Atelier.

Revue de presse : 

Journal Le Monde, Alexandre Monnin, philosophe : « Compte tenu du réchauffement climatique, le renoncement n’est plus perçu comme un mot repoussoir », le 15 mai 2023.

Revue Socialter : Alexandre Monnin « Il nous faut développer un art de la fermeture », le 11 mars 2022 

Revue Usbek & Rica «Il faut renoncer aux futurs déjà obsolètes» – Entretien avec Emmanuel Bonnet, Diego Landivar et Alexandre Monnin, chercheurs, enseignants et membres de l’Origens Media Lab. 

Citations sonores : 

20 ans plus tard, une alarme : « notre maison brûle [toujours] et nous regardons [encore] ailleurs » – France Culture

Un autre épisode Terrain Social : 

#69 – AgroParisTech : déserter collectivement sans concession… ? – Loris Benistand

Quel impact social ont les tiers-lieux en milieux ruraux ?

Social

3500 tiers lieux en France : espaces de coworking, fablab, espaces culturels, café. Ces espaces protéiformes sont implantés en ville mais aussi dans les campagnes et viennent avant tout combler un manque au sein d’un territoire .

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©pmu-sauxillanges

Une ancienne gare fermée, un vieux garage poussiéreux, une médiathèque sans livre… Tout part d’un lieu vide dans un centre-bourg et la volonté commune de créer du lien entre les habitants et habitantes des petites communes. Proposer une programmation culturelle, rompre avec l’isolement, créer des emplois, retrouver un service de proximité… En campagne, quelles utilités ont les tiers-lieux ?

Réponse avec Christine Lescure de La Licorne, Anaëlle Boucher de la Clef et Agathe Pialo du PMU.

Un sujet de Nedjma Paul et Yolande Pujante

L’aide alimentaire en crise

Social

Inflation, aggravation de la pauvreté, dons en chute libre… Malgré les mesures mises en place par la loi Agec, les associations d’aide alimentaire sont en grande difficulté. Explications avec Jean-Robert Leconte, Président de la Banque Alimentaire de Loire-Atlantique.

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©Stéphanie Para/LA MONTAGNE/MAXPPP

Même si la « loi anti-gaspillage pour une économie circulaire », dite loi Agec, vient renforcer l’obligation des grandes surfaces à ne plus jeter mais à donner à des associations, beaucoup d’entre elles font le choix de vendre à prix cassés une partie de leurs produits jusqu’au dernier jour avant péremption. Jean-Robert Leconte, Président de la Banque Alimentaire de Loire-Atlantique nous explique les conséquences de cette situation préoccupante.

Thaïs Granger & Fanny Jouault

Bâtir la transition

Environnement

En ce début d’un mois d’octobre toujours trop chaud, les pelouses du Parc de la Fraternité de Croix-de-Neyrat à Clermont-Ferrand accueillaient le Forum Associatif des Transitions, organisé par Clermont-Auvergne-Métropole, dans le cadre des Semaines européennes du développement durable.

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C’est dans le Parc de la Fraternité, dans le quartier de Croix-de-Neyrat, que s’est tenu le forum associatif des transitions.

Dans ce quartier populaire, la crise climatique est un thème capital pour les habitants. Bien décidées à préparer les enfants aux enjeux environnementaux, les associations présentes leur proposaient plusieurs ateliers pour s’essayer à la cuisine de saison, ou encore testaient leur connaissances sur les insectes pollinisateurs. Nos journalistes Hugues Chevarin et Moïse Grelier vous proposent un zoom sur la rénovation énergétique avec les Compagnons Bâtisseurs et Rénov’action 63.

Des vacances pour les plus démunis

Social

A la Toussaint comme en été, il n’est pas toujours aisé de partir en vacances. A la Réunion, l’association Bois Corail propose, en partenariat avec la Caisse d’allocations familiales, des séjours à bas prix aux familles les plus démunies.

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A Saint-Gilles, dans l’Ouest de La Réunion, un dispositif porté par l’association Bois Corail, en lien avec la Caisse d’allocations familiales, permet aux familles les plus démunies de partir en vacances et de pratiquer toutes sortes d’activités. Une bouffée d’air frais. 

Aurore Gisquet

Patt Burter, pianiste, équilibriste et acteur

Culture

Patt Burter est un pianiste talentueux et un sportif plus qu’original puisqu’il a tout simplement inventé une discipline mêlant positions aériennes spectaculaires, yoga, shaolin, gym et parkour. Il sera également bientôt à l’affiche d’un film. 

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Depuis la sortie de “Flying over Ocean”, le premier album de piano solo de l’Océan indien pour lequel il a reçu le prix de l’aide à la création de la SACEM en 2020, Patt Burter a franchi un nouveau cap. Le pianiste a été approché par le réalisateur Alexandre Boutié pour un rôle à la fois de pianiste mais aussi d’équilibriste dans son film “Le chaudron magique”. Un rôle sur mesure pour celui qui a créé un sport particulier, très aérien et spectaculaire. Et une grande fierté pour ce réunionnais aux origines irlandaises, qui ne cesse de surprendre.

Lindsay Madeleine

La victoire ensemble !

Social

Une association nantaise passionnée de running partage ses courses avec des jeunes en situation de handicap. Elle les embarque littéralement sur des marathons, des trails et même des treks dans le désert…

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© Crédit : Association Courir Avec

En 2024, la France va accueillir les jeux olympiques, mais aussi les jeux paralympiques. Au-delà de la performance et de l’événement médiatique, plus de la moitié des personnes en situation de handicap ne pratique pas de sport. L’association Courir Avec, basée en Loire Atlantique, a décidé d’inclure ces personnes. Le principe ? Les faire participer à des courses officielles sur des “joelettes”. Explication avec Hervé BRIN, le Président de l’association.

Laurent Cassès

Crise de l’eau à Mayotte : « C’est une guerre invisible »

Social

Mayotte subit sa plus importante sécheresse depuis 1997 alors que son approvisionnement dépend largement des eaux pluviales. Conséquence, dans le département le plus pauvre de France, l’accès à l’eau est coupé deux jours sur trois. Une situation intenable pour les habitants.

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Le collectif Mayotte a soif était présent à la manifestation du 27 septembre dernier, qui a rassemblé 400 personnes pour réclamer à l’Etat des réponses fortes. Photo Roselyne Vallerie

« C’est une guerre invisible et l’ennemi c’est la pénurie ». Racha Mousdikoudine, référente du collectif Mayotte a soif, ne décolère pas. Dans le 101e département français, aussi le plus pauvre, l’accès à l’eau est très limité -les robinets sont fermés deux jours sur trois- en raison de la sécheresse mais aussi de grands retards dans les travaux d’infrastructures. Ce qui a d’immenses conséquences sur la vie quotidienne de l’île, à commencer par les écoles, souvent fermées, les entreprises ou même les soins hospitaliers.

A Mayotte, une manifestation pour réclamer de l’eau potable pour tous s’est déroulée le 27 septembre dernier. Photos Roselyne Vallerie

Pour s’organiser et mieux faire circuler les informations, un groupe facebook nommé L’eau à Mayotte a été créé. Andréa Magnolfi en est le co-créateur. Il raconte comment l’absence d’eau influe sur les habitants, entre nouvelles solidarités et tensions naissantes. Une situation intenable, qui a appelé des réponses de l’Etat, jugées pour le moment insuffisantes par le collectif Mayotte a soif.

Fabien Poleya et Kilian Kerbrat

La permaculture « réintègre l’humain dans son écosystème »

Environnement

Mode d’agriculture fondé sur les principes du développement durable, la permaculture reste parfois obscure à cerner. Réponses avec Permakiltir Réunion.

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La permaculture c’est quoi?

La permaculture est une technique agricole qui a pour objectif de travailler et réintégrer l’humain dans son écosystème. “On observe et imite la forêt sans lutter contre elle”, explique Valentin, de Permakiltir Réunion. Ainsi les interactions systémiques du permaculteur ont pour but de viser plus de résilience, plus de biodiversité et plus d’autonomie sur la parcelle dans l’adéquation et le respect des trois piliers éthiques de la permaculture : prendre soin de la nature, prendre soin de l’homme et partager équitablement.

Lindsay Madeleine