L’intensité émotionnelle de Chantel Van T

Actus

La jeune musicienne sud-africaine Chantel Van T impose avec son nouvel album « Nicalochan », des émotions nouvelles, une élégance rare, et surtout la profondeur de sa voix toute en nuances. Elle s’émancipe ainsi avec brio de certains stéréotypes liés à l’image des chanteuses folk classiques, pour rejoindre le cercle restreint des grandes figures féminines de la musique indépendante que sont Hope Sandoval, Alela Diane, Suzanne Vega, Feist ou encore Laura Veirs.

Chantel Van T Nicalochan

© Martin Maniitsoq

Avec des titres aussi intenses et sensibles que Come To Me, Rumble And Crawl ou Coming Home (déjà des classiques de la playlist du Chantier, après quelques semaines de diffusion), ce deuxième LP atteste d’une évolution flagrante.

Chantel Van T prend en effet de la hauteur par rapport à ses propres racines musicales country, pop et folk, pour construire auprès de talentueux musiciens, de somptueuses instrumentations toute en retenue. Le caractère introspectif de ses textes bouleversants s’inscrit dans une forme de gravité, tendant vers une justesse confondante de vérité, à l’image du titre éponyme de l’album.

Sans artifice et sans maniérisme aucun, Chantel Van T démontre en l’espace de 11 titres exceptionnels, toute l’intensité émotionnelle et organique, que peuvent encore déployer, comme par magie, de simples chansons à l’heure du tout numérique.

Il faut par exemple voir avec quelle force, la jeune femme va chercher au fond d’elle les ressorts sensibles de son moi intérieur, comme lors de cette magnifique session pour le Mountainside Studio, basé au Cap. Son interprétation particulièrement expressive de son morceau phare Come To Me se rapproche alors sans hésiter des plus beaux moments de grâce de l’unique Cat Power.

Chantel Van T devient avec Nicalochan l’une des plus belles révélations, toutes catégories confondues, de cette année 2020, décidément pleine de surprises.

Le nouvel album de Chantel Van T, Nicalochan, est disponible depuis le 13 novembre 2020, il est à découvrir en intégralité sur Le Chantier.

Laurent Thore

Au bout du chemin

Actus

Le clip de « Western » annonce le grand retour de Tample, près de deux ans après la sortie très remarquée de l’album « Summer Light » sur l’excellent label Yotanka. Sur ce titre, le trio bordelais sort de sa zone de confort, à travers un chant en français totalement assumé et une délicieuse tonalité americana.

tample western glory

© Maison Mouton Noir

À l’image de son prochain album, Glory (toujours sur Yotanka), prévu pour février 2021, Tample garde intact son sens du groove élastique et dansant, sa cohésion sonore ample et aérée et ses envolées de guitare cristalline et expressive. Pour accompagner visuellement Western, le groupe choisit de nous embarquer dans un récit se résumant à une idée aussi simple qu’éternelle, à savoir le chemin d’une randonnée initiatique, sorte de road movie pédestre rythmé par ces motifs de guitare hypnotique et jubilatoire.

Le héros semble être à la poursuite du passé. Mais que signifie l’inscription Glory sur la photo ? Pourquoi fuir l’humanité ? Pour échapper aux méandres d’un amour passionnel et contrarié ? Pour trouver les ressources afin de reconquérir sa bien-aimée ?

Musicalement, le groupe se rapproche étonnamment de son voisin de label, Octave Noire, et s’inscrit avec audace sur le terrain plus habituel de figures de la nouvelle scène française comme Hildebrandt ou encore La Maison Tellier. Nous rentrons très vite dans le jeu de cette narration en forme d’ellipse sensible, qui nous connecte à l’imaginaire américain des grands espaces, de la conquête, de l’aventure. La poétique du texte laisse ainsi suffisamment de profondeur de champ pour créer nos propres histoires et imaginer ce qui pourrait peut-être d’ailleurs constituer le fil conducteur de l’album à venir de Tample.

A vérifier dès le prochain épisode !

« Une vérité un peu folle
Un sourire qui me porte vers ce ciel qui m’inspire
Et mon corps aux abois
Tu me laisses ce souffle si divin mais hostile
Un ouragan se dessine, tu auras raison de moi »

L’album de Tample, Glory, sortira le 12 février 2021 sur le label Yotanka.

Laurent Thore

Décoloniser l’université ?

Social

Le 22 octobre dernier, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer déclarait : « Ce que l’on appelle l’islamo-gauchisme fait des ravages. Il fait des ravages à l’université, il fait des ravages quand l’UNEF cède à ce type de chose… Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire ».

MEDIA
stephane dufoix terrain social

Université Paris Nanterre
© Bruno Levesque / IP3 PRESS / MAXPPP

Ses propos ont mis le feu aux poudres.

Terrain Social se questionne aujourd’hui sur l’islamo-gauchisme à l’université et sur ses supposés ravages sur les esprits avec Stéphane Dufoix, professeur de sociologie à l’Université Paris Nanterre et enseignant à Sciences-Po. Ses travaux portent sur l’histoire mondiale et l’épistémologie des sciences sociales.

Hugues Chevarin

Les She-Punks, la vraie révolution du Punk

Actus

Vivien Goldman est une figure des musiques alternatives. En tant que musicienne, elle a été une des fondatrices du groupe iconoclaste The Flying Lizard, en 1979. Elle a aussi été aussi journaliste pour le NME et Melody Maker, fonction à travers laquelle elle a largement exploré et documenté le punk depuis sa naissance dans les années 70. Son point de vue ambivalent, à la fois celui d’une actrice même du mouvement punk anglais et celui d’une observatrice experte marque foncièrement son essai sur les She-Punks. Ces femmes se sont emparées, et s’emparent encore, de la liberté artistique et anti-conventionnelle du punk, pour tracer de nouvelles voies d’émancipations et s’extraire d’un certain déterminisme.

vivien goldman she punk castor astral

Vivien Goldman

Depuis septembre dernier, grâce au travail d’édition de la maison Le Castor Astral, dans sa collection Castor Music, une traduction française signée Cyrille Rivallan permet de pénétrer le discours revigorant et militant de l’Anglaise Vivien Goldman, vivant désormais comme un symbole à New-York, autre épicentre de la genèse du punk.

Tâche ardue et complexe, que de retranscrire en Français, la vivacité du propos orchestré par Vivien Goldman. Si le livre se perd quelque peu d’ailleurs dans son introduction, cherchant à justifier la raison d’écrire ce livre qui pourtant ne fait aucun doute, il prend toute sa dimension par la suite, au cœur de chapitres thématiques, riches et intelligents. La grande force de ce livre réside avant tout dans sa capacité à créer de probants jeux de miroirs, entre les parcours de vies, les motivations, les enjeux de l’ensemble de ces protagonistes. Il y a évidemment celles qui appartiennent déjà à la grande histoire officielle du rock, même si leurs rôles sont encore trop souvent relégués à des rôles subalternes ou systématiquement regardés en comparaison des hommes, à travers le prisme d’une histoire très masculine : Pattie Smith, Viv Albertine (guitariste des fameuses Slits, et elle-même auteur d’une biographie saisissante et touchante sous le titre français De fringues, de musique et de mecs dans la collection 10/18), Carrie Brownstein (Sleater Kinney) Kathleen Hanna (Bikini Kill), Poly Styrene (X Ray-Spex). Il y a aussi des musiciennes, plus confidentielles (en tout cas en France), mais non moins remarquables, qui plus est pour certaines, évoluant en dehors du monde occidental à proprement dit, comme l’Indienne Noma Nazir (Pragaash).

Bien sûr, il est toujours question ici de féminisme au sens très militant du terme mais pas nécessairement idéologique. Ainsi le sujet est souvent celui d’une quête émancipatrice, tant ces femmes se réapproprient la liberté créative du punk, pour se libérer elle-même du poids de la norme, du conservatisme, du patriarcat, du travail domestique et du capitalisme. Luttant avant tout contre les principes généraux de la domination, leurs engagements débordent souvent dans la lutte contre toutes les formes de racisme, et même contre le totalitarisme comme les membres du groupe russe Pussy Riot… Elles revendiquent et assument le droit d’être elles-même, d’être différentes, d’être autonomes, de choisir, en bouleversant par exemple les idées reçues sur la notion même de relations amoureuses. Ce chemin féministe est forcément multiple, même si des points de convergence apparaissent, comme la lutte contre la pratique endémique et sociétal du viol par exemple, mais il donne lieu à des incarnations singulières et largement influencées par des environnements sociaux et culturels très différents, particulièrement dans le chapitre 4, intitulé Woman-Ifestation, introduit par les mots fédérateurs de la femme politique russe d’exception, Alexandra Kollontaï (1872-1952).

La Revanche des She-Punks ne deviendra peut-être pas le livre de référence sur le sujet, par son côté foisonnant et quelque peu bordélique, son point de vue unique et subjectif, le tout participant pourtant dans le fond comme dans la forme, à son récit très vivant et finalement très réaliste. Il s’inscrit admirablement bien dans toute une série de livres indispensables, écrits par des femmes (le rock reste mine de rien toujours la chasse gardée des hommes en 2020 !) comme le génial Riot Grrrls, chronique d’une révolution punk féministe de Manon Labry (dans la collection Zones, un label des éditions La Découverte). Enfin, à contre-courant des caricatures pouvant entourer les She-Punks, et plus généralement les femmes, dans les courants artistiques alternatifs, ce livre apporte beaucoup de nuances dans les tiraillements, les désirs, les émotions que ressentent et assument ces femmes, à l’image des paroles de la chanson post-punk dub Launderette écrite et chanté par Vivien Goldman elle-même en 1981.

« I wanted tenpence for the dryer
Yes, that was how we met
My laundry bag was broken
My clothes were soaking wet
I felt I needed hugging
You needed board and lodging »


« J’avais besoin d’une pièce pour le sèche linge
C’est comme ça qu’on s’est rencontrés
Mon sac de linge était troué
Mes fringues étaient toutes trempées
J’ai senti que j’avais besoin d’un câlin
Toi t’avais besoin d’une pension complète »


La Revanche des She-Punks de Vivien Goldman, traduction Cyrille Rivalan, est disponible depuis septembre 2020 chez Castor Astral.

Laurent Thore

La douce et tendre déclaration de November Ultra

Actus

La musicienne française November Ultra symbolise parfaitement ce courant extrêmement vaste couvrant le monde de la « bedroom pop ». Pour certains, elle est la voix du trio Agua Roja, groupe de pop electro, ayant atteint une certaine reconnaissance publique et critique, au travers de deux EPs à la production très léchée entre 2015 et 2018. Aujourd’hui, elle se présente en solitaire et en toute autonomie, avec un premier titre en forme de ballade, tout en douceur et en tendresse, non sans une certaine espièglerie et un certain décalage, que souligne avec malice un clip charmant et artisanal.

november ultra soft and tender

© Pauline Darley

Il y a finalement quelque chose, de culotté dans cette façon, d’assumer le côté fleur bleue de ce titre, sans sombrer dans un romantisme dégoulinant, qui plus est pour ouvrir les portes de sa nouvelle incarnation musicale. Soft & Tender est un titre faussement simple, porté par une intention émotionnelle (comme son nom l’indique) pleine de douceur et de tendresse et une vraie musicalité. A l’évidence, les mots transportent beaucoup de sincérité dans cette déclaration pétillante et sensible, à l’image de ce regard habité traversant ce clip. Sans véritable explication, une certaine grâce s’installe avec bonheur, au point de rappeler les premiers pas de Feist !

En route vers un premier long format composé de 11 titres (prévu pour 2021), composé en toute autonomie avec Ableton Live, la jeune femme revendique les influences décisives de Franck Ocean, des Strokes, d’Amy Winehouse… Mais aussi de la copla espagnol, ancrée dans ses racines familiales : à elle désormais de décupler l’effet de surprise provoqué par Soft & Tender, et de transformer ce premier pas probant, en véritable révélation.

Le premier album de November Ultra est prévu pour 2021.

Laurent Thore

À l’hôpital, une crise en pleine crise

Social

La crise de la Covid-19 a percuté de plein fouet le système hospitalier français, déjà gravement sous tension, mettant en lumière de fortes inégalités territoriales.

MEDIA
terrain social podcast crise hopital pierre andré juven

Quelles sont les marges de manœuvre pour les territoires, la Seine-Saint-Denis par exemple, et les villes, telle Grenoble, face à l’homogénéité et l’uniformisation des mesures sanitaires nationales ?

Dans Terrain Social, aujourd’hui, on interroge ces inégalités et les questions d’échelles dans la crise de la Covid-19 avec Pierre-André Juven, sociologue, spécialiste de la santé, chargé de recherche au CNRS et adjoint à l’urbanisme et à la santé de la Ville de Grenoble.

En 2019 Pierre-André Juven a publié La casse du siècle. À propos des réformes de l’hôpital public (aux éditions Raisons d’Agir), coécrit avec Fanny Vincent et Frédéric Pierru.

Il est aussi co-auteur avec Jean-Paul Gaudillière et Caroline Izambert d’un nouveau livre à paraître le 7 janvier 2021 : Pandémopolitique. Réinventer la santé en commun (éditions La Découverte).

Hugues Chevarin

Voir venir les pandémies

Environnement

Les candidats-vaccins font semble-t-il quelques progrès ces temps-ci, dans la lutte contre le SARS-CoV-2. Mais plutôt que d’attendre la prochaine pandémie, si on essayait d’avoir un coup d’avance ?

voir venir les pandémies

Cultures vivrières dans une zone déboisée du parc national du Banco, Côte d’Ivoire, 8 octobre 2020.
La Côte d’Ivoire a l’un des taux de déforestation les plus rapides au monde.
© Legnan Koula / EPA / Newscom / MaxPPP

Cela fait des siècles que l’humanité fait face, périodiquement, aux maladies contagieuses. L’une des plus marquante en Europe, de 1347 à 1352, fut la peste noire, qui a exterminé entre 25 et 50 % des populations touchées. Heureusement, les progrès de la science dans le domaine de la vaccination, conjugués à l’amélioration de l’hygiène et à une bonne alimentation, nous ont permis d’obtenir, peu à peu, une immunité collective bénéfique.

Pour bien comprendre ce qui nous arrive aujourd’hui avec le coronavirus, il faut savoir que la plupart des pandémies connues et émergentes sont causées par des virus d’origine animale, appelés « zoonoses », qui peuvent se transmettre de manière directe, ou indirecte, par la consommation de produits animaux, comme les œufs, le lait ou la viande.

Selon l’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé, 60% des maladies infectieuses chez l’Homme proviennent du monde animal, et sur les 30 nouveaux pathogènes humains détectés ces trente dernières années, 75 % sont issus d’animaux. Merci les pangolins, merci les chauve-souris.

Mais ce qui inquiète les scientifiques actuellement, c’est que les opportunités pour les pathogènes de sauter les frontières de l’espèce ne peuvent que se multiplier, en raison notamment de l’urbanisation rapide, des mouvements de population – dans lesquels le tourisme ne joue pas un rôle négligeable – ou encore en raison du défrichage frénétique de nouvelles terres à travers le monde. Greenpeace le rappelait récemment, d’ailleurs : la destruction des écosystèmes favorise le développement de maladies infectieuses puisqu’elle met les animaux sauvages directement en contact avec l’Homme. Autres causes : le commerce croissant de viande, de lait et de produits animaux, le changement climatique, et la résistance aux antibiotiques.

Or la mondialisation des échanges et la crise écologique qui en découle vont s’accroître dans les années à venir, et provoquer toujours plus d’occasions de pandémie. C’est ce que révèle un rapport publié sur les pandémies le jeudi 29 octobre dernier par la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).

Selon les chercheurs qui travaillent sur ces questions, des solutions existent, et elles sont toutes simples (et ce sont toujours les mêmes) : changer les modes de productions agricoles, notamment les plus invasifs, et freiner la perte de biodiversité. On tourne donc bien toujours après la même question : celle de la réduction de la pression sur les écosystèmes.

À l’heure où l’on se rend compte qu’il aura fallu au moins un an (et plus d’un million de morts) pour trouver un début de vaccin contre le SARS-CoV-2, on pourrait peut-être arrêter de courir après les virus… Et commencer à s’intéresser à la prévention.

Pascal Rué

L’esprit solaire de Wendy Martinez

Actus

Depuis quelques jours, une chanson obsède notre playlist, avec son décalage volontairement rétro et son humeur solaire tout en apesanteur. Ce titre se nomme « La Chevauchée Électrique », il est le prélude au premier EP en solo de la musicienne Wendy Martinez, véritable et évidente révélation de cette fin d’année.

wendy martinez ep la chevauchée électrique

Tout ceci n’est pas vraiment un hasard : depuis les débuts du Chantier en 2018, son groupe, Gloria, figure de proue du label Howlin’ Banana Records, est une des gourmandises organiques qui transportent notre couleur musicale vers des ailleurs colorés et psychédéliques. Sur son nouveau chemin, si elle conserve cette attirance pour les sonorités vintage, elle assume totalement l’héritage d’un état d’esprit symbolisé par la vivacité du label Saravah de Pierre Barouh, toujours accompagnée par le décisif Kid Victrola dans le développement d’une instrumentation feutrée, toute en finesse et en nuances.

Loin d’être une suiveuse, elle propulse l’élégance naturelle d’une Lætitia Sadier (Stereolab) dans une théâtralité que n’aurait pas reniée, l’étonnant collectif d’Avignon, le Théâtre du Chêne Noir (auteur entre autres, de l’album culte, trésor pour tous les diggers de la planète, Chant pour le Delta, la Lune et le Soleil en 1976). Avec un sens artistique rare, elle montre que la chanson peut toujours être en France, un lieu d’exigence, d’aventure et de poésie.

Le premier EP de Wendy Martinez sortira en février 2021 via Le Pop Club Records et Belka.

Laurent Thore

« Plastic deal » : l’affaire n’est pas dans le sac !

Environnement

Selon le dernier rapport du programme des Nations Unies pour l’environnement publié en 2019, la pollution plastique constitue l’une des principales menaces environnementales pesant sur la planète.

plastic deal kenya usa

Déchets plastiques jetés au milieu de la route dans le bidonville de Korogocho à Nairobi, au Kenya.
26 octobre 2020
© Daniel Irungu / EPA / Newscom / MaxPPP

Actuellement, 40% de la production de plastique dans le monde est destinée à des emballages à usage unique. C’est une catastrophe en soi, mais comment peut-on tenter de faire évoluer ce chiffre, alors même que l’enjeu de l’industrie est d’augmenter la production de produits emballés dans les pays où son utilisation est limitée ?

La réponse à cette question passe par le sujet du recyclage, qui reste une problématique non résolue.

A titre d’exemple, en 2019, les États-Unis ont exporté plus de 500 millions de tonnes de déchets plastiques à recycler à travers le monde. Mais l’Asie et la Chine, qui étaient encore depuis peu les principales destinations mondiales du recyclage, ne veulent plus servir de « poubelles », et c’est désormais l’Afrique qui devient visiblement « l’Eldorado des déchets ».

La preuve : les États-Unis envisagent de sceller un « plastic deal » (un accord sur le plastique), avec le Kenya, dans les mois prochains.

Cet accord commercial permettrait officiellement de développer une industrie du recyclage dans le pays, pour, disent ses promoteurs, créer des emplois. Mais le revers de la médaille, selon Frederik Mehu, responsable de Greenpeace Afrique, c’est que seulement 7% des déchets concernés peuvent être recyclés par le Kenya. Le reste risque de terminer dans des décharges à ciel ouvert, ce qui serait une catastrophe pour l’écosystème local.

… et ce qui irait à l’encontre de l’interdiction récente de l’utilisation, de la fabrication et de l’importation d’emballages plastiques dans le pays.

Car il faut dire que l’Afrique, continent le moins polluant de la planète, n’a attendu personne pour mettre en place des politiques environnementales vertueuses sur ces sujets-là : citons l’exemple du Rwanda, qui est un modèle de propreté depuis des années. En effet, Kigali, la capitale rwandaise, est devenue la ville la plus propre du continent Africain : depuis 2008 les sacs et emballages non-biodégradables y sont interdits. Les rues sont impeccables, et on n’y plaisante pas : une police de la propreté distribue des amendes à celles et ceux qui ne respectent pas les règles.

Et pour impliquer la population, une journée de nettoyage obligatoire a été mise en place, tous les mois, c’est l’Umuganda, pendant laquelle tout le monde se mobilise pour la propreté. Un bon exemple de « deal » plus intéressant que ceux qui viennent des USA…

Pascal Rué

Mieux vaut toujours mourir riche

Social

À l’occasion de la 13ème Journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité qui se tiendra lundi prochain, Terrain Social s’interroge sur les inégalités face à la mort digne en France avec Jean-Luc Romero-Michel.

MEDIA
terrain social podcast jean luc romero michel

Homme politique français aux multiples engagements, Jean-Luc Romero-Michel fonde en 1995 l’association des Élus Locaux Contre le Sida et préside l’A.D.M.D. (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité).

Que ce soit l’affaire Vincent Lambert ou plus récemment la tragédie vécue par Alain Cocq, dans son combat pour recevoir une sédation profonde et le refus d’Emmanuel Macron de l’y autoriser, la question de la dignité devant la mort fait toujours débat dans notre société : la sédation profonde, étant réservée, dans le cadre de la Loi Léonetti de 2005, révisée en 2016, aux personnes dont la mort à brève échéance est certaine.

Celles et ceux qui souhaitent, en France, mourir dignement se doivent de partir en Belgique ou en Suisse. Et donc d’avoir les moyens de le faire !

Jean-Luc Romero-Michel a publié aux Éditions Michalon en 2018, Lettre ouverte à Brigitte Macron, dans laquelle il souhaitait « la sensibiliser aux dures conditions de la fin de vie en France ».

Hugues Chevarin