Pendant deux ans, Vincent Duclert, historien, chercheur titulaire à l’EHESS, a présidé une commission de 13 chercheurs pour faire la lumière sur le rôle et l’engagement de la France au Rwanda de 1990 à 1994, période pendant laquelle le génocide des Tutsi par les Hutu a fait près d’un million de morts. Il est l’invité de Déjà Là.
Entre 1990 et 1993, le nombre de massacres contre les Tutsi augmente et les événements s’accélèrent après l’attentat sur l’avion du président rwandais, Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994. Entre avril et juillet 1994, près d’un million de Tutsi sont assassinés.
Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères d’alors utilise, dès la mi-mai 1994, le terme de « génocide » tandis que François Mitterrand, lui, continue de voir une menace équilibrée entre les Hutu et le Front patriotique rwandais. Comment François Mitterrand a-t-il pu ne pas voir ce processus génocidaire ? Comment la vision ethniciste du Rwanda a-t-elle participé à cette cécité ? Quelles responsabilités porte la France dans cette tragédie ?
Pendant deux ans Vincent Duclert, historien, chercheur titulaire à l’EHESS, a présidé une commission de 13 chercheurs pour faire la lumière sur le rôle et l’engagement de la France au Rwanda au cours de la période 1990 à 1994, pendant laquelle le génocide des Tutsi par les Hutu, a fait près d’un million de morts. Un rapport remis à Emmanuel Macron le 26 mars dernier et intitulé La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994). Vincent Duclert est l’invité du Chantier.
En France, 92% des interpellés pour des Infractions à la Législation sur les Stupéfiants (ILS) sont des hommes selon les statistiques policières. Ces chiffres cachent une réalité partiellement étudiée : la place des femmes dans cet univers.
Quels profils de femmes y rencontre-t-on ? Mules, nourrices et évidemment complices, des rôles souvent subalternes. Toutefois, l’approche par le genre dans la recherche en sciences sociales permet l’émergence d’une figure invisible : les femmes dealeuses, insérées socialement.
Aujourd’hui, Terrain Social, éclaire cette zone d’ombre et s’interroge sur la nature de cette invisibilité.
Pour cela, nous recevons Sarah Perrin, doctorante en sociologie à l’Université de Bordeaux. Ses recherches portent sur les trajectoires des femmes insérées socialement dans les mondes de la drogue, à Bordeaux et Montréal. Sa thèse, Les mondes cachés de la drogue. L’invisibilité des femmes insérées socialement, est codirigée par Emmanuel Langlois et Karine Bertrand.
Les Républicains y voient la première crise de la présidence Biden : des dizaines de milliers de personnes affluent de l’Amérique centrale à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Plus de 100 000 clandestins ont été interpellés en février par les gardes-frontières, c’est 28 % de plus qu’en janvier.
Pour en parler, James Cohen est au micro du Chantier. Il est spécialiste des questions migratoires aux États-Unis, professeur à l’Institut du monde anglophone de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3.
C’était un symbole : le jour de son investiture, le nouveau président américain avait annulé l’état d’urgence fédérale sur la frontière sud établie par Donald Trump, et suspendu le financement d’un mur entre les États-Unis et le Mexique.
Des mesures fortes et un discours d’espoir qui ne suffisent pas à expliquer l’arrivée massive de migrants à la frontière mexicaine des États-Unis.
James Cohen, spécialiste des questions migratoires aux États-Unis, professeur à l’Institut du monde anglophone de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, ne parle pas « crise ». Il resitue le contexte au micro du Chantier.
Entre essai et bande dessinée, avec gravité et drôlerie, « Chattologie » s’interroge sur l’invisibilisation du sexe féminin, met en avant le tabou du sang menstruel, questionne sur la composition des protections périodiques, dénonce les violences obstétriques ou encore « l’enfoirade » des fausses règles qui s’invitent entre deux plaquettes de pilules contraceptives. Entretien avec l’une des autrices, Louise Mey.
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Chattologie, publié aux éditions Hachette.
« Pourquoi parler de règles ? Il y a des manuels scolaires, pour ça. »
Sauf que non, pas vraiment. On va le voir ensemble, les manuels scolaires qui daignent inclure un schéma complet du bas-ventre des femmes ne sont pas nombreux. Et puis, les règles, ce ne sont pas que les règles, justement. C’est aussi tout ce qu’on annexe au corps féminin et à son sexe, tout ce que cette question recouvre. « Le corps est politique. Le corps des femmes est éminemment politique.”
C’est sur ce postulat que débute Chattologie, l’essai adapté de la pièce de théâtre éponyme.
Drôle et instructif (irritant parfois), ce livre écrit par Louise Mey et Klaire fait Grr navigue entre essai politique et planches dessinées. Entretien avec l’une des autrices, Louise Mey.
Chattologie, un essai menstruel avec des dessins dedans est paru aux éditions Hachette.
Concorde est le titre du nouvel album du musicien de musiques électroniques Alexandre Bazin, mais pour la petite histoire, il aurait aussi pu être le nom qu’il aurait donné à un groupe, si ces aventures musicales avec des camarades de jeu avaient dépassé les murs du garage à l’adolescence.
Aujourd’hui, Alexandre Bazin appartient au Groupe de Recherches Musicales, le fameux GRM créé en 1958 par Pierre Schaeffer, et désormais rattaché à Radio France et à l’INA. En parallèle, depuis quelques années maintenant, il développe sous son propre nom, une œuvre et une discographie naviguant dans un océan très vaste et mouvant entre culture pop et musiques expérimentales, à dominante électronique. Concorde apporte de nouvelles nuances dans la musique de son créateur, toujours avide de découvertes, de nouvelles sensations, de nouveaux challenges.
D’une certaine manière, il y a deux tempéraments qui cohabitent chez Alexandre Bazin : d’un côté, l’exigence, le perfectionnisme, le sens du détail d’un musicien accompli et aguerri aux techniques de productions et de mix, côtoyant l’excellence ; de l’autre, le côté curieux, joueur et émerveillé, presque enfantin, qui s’active dans le jeu, la découverte et l’expérimentation.
Si le musicien aurait bien du mal de son propre aveu à définir le fil conducteur de sa discographie, nous pourrions simplement dire qu’elle est ainsi animée par le plaisir, qu’elle est toujours autant attisée par la dimension magique de la musique. La musique est certainement pour Alexandre Bazin le moyen d’accomplir une quête personnelle dont il n’a certainement pas encore fait le tour. Comme le disait très bien et à juste titre le sociologue Pierre Bourdieu : la musique est l’art pur par excellence, elle ne dit rien et n’a rien à dire. Elle n’a pas besoin de mots. Par la même, la musique instrumentale d’Alexandre Bazin est ainsi une musique qui en appelle profondément au sensible et à l’émotion de chacun, de chacune d’entre nous. Particulièrement sur ce nouvel album, elle s’inscrit dans une culture globalisée et hybride de la musique : certains pourront entendre la pulsation métronomique et martelé de la disco (Concorde), le travail de sculpture et de spatialisation du son du dub (toujours sur Concorde), certains percevront les lointains stigmates de la surf music, du rock garage et du rock psyché (Dunes, White Arrow), d’autres les vibrations métalliques de la musique industrielle (Red Ochre), certains pointeront des envolées cosmologiques et rétrofuturistes, inscrites dans l’imaginaire de l’électro et de la techno de Détroit (Swollen Seas, Superior Aero), certains ne pourront s’empêcher d’associer la musique d’Alexandre Bazin à la créativité musicale allemande des années 70 symbolisé par le Krautrock (Supercollider, It Comes In Waves). D’ailleurs autant de musiques qui entretiennent de profondes relations, mécaniques d’interactions et d’influences réciproques.
Loin de revendiquer une influence décisive de tel ou tel courant, Alexandre Bazin préfère évoquer la porosité qui a toujours animé les musiques populaires, et la figure de Thom Yorke pour sa capacité à faire le pont entre la musique dite classique et la musique pop.
En résulte un album attachant, plein de sensibilité, d’espaces, de recoins, un long format immersif et captivant, jouant sur la profondeur de champ et les paysages sonores, une collection de 10 titres longs en bouche, qui s’installe dans l’inconscient au fur et à mesure des écoutes, et devient progressivement cet objet familier et rassurant vers lequel l’envie de revenir est très forte, pour fuir le côté très anxiogène du monde actuel mais aussi rêver à un futur prometteur à la fois humain et technologique.
Concorde est aussi un disque modeste au sens noble du terme, à l’image de son créateur, tout en étant ambitieux, en allant chercher par exemple le feeling musical décisif de musiciens aussi talentueux et expressifs que le batteur François Lazarre Des Moulins (Turzi, Forever Pavot) ou encore du jeune guitariste Maxence Crouzard, repéré aux côtés de Thomas Dutronc et de Matthieu Chedid.
L’album d’Alexandre Bazin est sorti le 26 mars 2021 sur le label Kowtow Records. Il est à découvrir cette semaine sur l’antenne du Chantier, accompagné tous les jours, par de nouveaux extraits d’une interview réalisée il y a quelques semaines par téléphone.
Pour la plus chanceuse ou le plus chanceux d’entre vous, un vinyle dédicacé est à gagner cette semaine, pour participer, rien de plus simple, envoyez un mail à :[email protected] !
Malgré le principe de non-interférence brandi par la Chine, les Européens et les Américains – le Canada et les États-Unis – ont sanctionné la semaine dernière quatre dirigeants de la région du Xinjiang pour leur rôle dans la persécution des Ouïghours.
En 2018, l’ONU estimait à 1 million le nombre de Ouïghours détenus dans la région. Comme son prédécesseur, Mike Pompeo, le Secrétaire d’État américain, Antony Blinken a qualifié la crise Ouïghoure de « génocide ». Et l’Union Européenne, le Canada et les États-Unis ont sanctionné la semaine dernière quatre dirigeants de la région chinoise du Xinjiang, pour leur rôle dans l’oppression de cette minorité musulmane.
Une condamnation à laquelle Pékin n’a pas tardé à répondre et a interdit son territoire à une dizaine de personnalités européennes.
Lundi 22 mars, le tribunal correctionnel de Marseille a reconnu la responsabilité des « Ultras » dans l’attaque violente dont a été la cible La Commanderie, le centre d’entraînement de l’Olympique de Marseille, le 30 janvier 2021.
Que nous disent ces événements du supportérisme en France, et en particulier de la question des ultras et de leur mal-être ? A l’heure où tous les stades sont fermés, interrogeons-nous sur le modèle de développement du football français et l’attachement « viscéral » de ces groupes à leur club.
En 2019, une websérie d’ARTE, Tribunes libres – La culture ultra, dressait le portrait des supporters les plus fervents, attachés à une identité et un groupe. Cinq réalisateurs.trices ont rencontré des ultras pour comprendre la dimension culturelle, sociale et politique de leur passion, loin du sport business.
Nicolas Hourcade est professeur agrégé de sciences sociales à l’École Centrale de Lyon. Ses recherches portent sur les supporters de football. Il a remis en 2010 au secrétariat d’État aux sports un rapport, rédigé avec Ludovic Lestrelin et Patrick Mignon, sur les politiques de gestion des supporters de football. Il est actuellement une des personnalités qualifiées de l’Instance Nationale du Supportérisme auprès du ministère des sports. Nicolas Hourcade a publié en 2016 Le meilleur des stades aux éditions Jacques-Marie Laffont.
Terrain Social a proposé à Nicolas Hourcade de visionner le quatrième épisode de cette série, Tu seras un ultra, un essai documentaire de Maxence Voiseux, sur l’Olympique Lyonnais.
Dans la websérie d’Arte, Tribunes libres – La culture ultra, au cœur de sept clubs européens, des réalisateurs interrogent ce phénomène et laissent s’exprimer la ferveur de ces supporters, d’un genre particulier, les « ultras ».
Dans l’essai documentaire, Tu seras un ultra, le réalisateur Maxence Voiseux donne à entendre une voix archétypale, l’essence d’une « culture » dont l’apparente violence masque des réalités plus complexes, plus profondes, s’y exprime un désenchantement des supporters sur la planète football, à l’heure de sa transition vers un nouveau modèle de développement. Quelle place pour les ultras dans ces bouleversements ?
En 2020, 300 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en Turquie. Le nombre de féminicides ne cesse d’augmenter depuis dix ans dans le pays. Ce qui n’a pas empêché le président Recep Tayyip Erdogan d’annoncer en fin de semaine dernière le retrait d’Ankara de la convention d’Istanbul.
Gülçin Erdi, chargée de recherche en sociologie au laboratoire CITERES au CNRS et chercheuse associée à l’IFEA-Istanbul, nous parle du droit des femmes en Turquie.
Filmée deux jours avant la journée internationale du droits des femmes, une vidéo montrant une femme au sol, rouée de coups par son ex-mari a fait le tour des réseaux sociaux début mars en Turquie, provoquant l’indignation.
Une colère qui n’a pas empêché le président turc Recep Tayyip Erdogan d’annoncer en fin de semaine dernière le retrait d’Ankara de la convention d’Istanbul. Un texte qui vise à prévenir et à combattre les violences envers les femmes.
Gülçin Erdi, chargée de recherche en sociologie au laboratoire CITERES au CNRS et chercheuse associée à l’IFEA-Istanbul, évoque le droit des femmes en Turquie, qui ne cesse de se dégrader depuis dix ans.
En cette période de privation de liberté et d’arrivée des beaux jours, prenons la tangente et célébrons les plaisirs de la chair grâce à un Magic Bolide aux allures de Kamasutra musical.
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Au programme cette semaine des titres caliente chantés par des femmes et des hommes à la langue bien pendue, de Yelle à Gainsbourg, en passant par Ughett, Pravda, Oh La La, Ian Dury, Sébastien Tellier, Odezenne ou Colette Renard.
Préparez vos oreilles à une aventure musicale en forme de potion aphrodisiaque.