AgroParisTech : déserter collectivement sans concession ?

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Est-il possible d’emprunter une autre voie, celle d’un autre modèle agro-économique plus respectueux du vivant ? Vouloir bifurquer : n’est-ce pas jeter aux orties des années de formation, mais, de la sorte, refuser toute complicité dans l’écocide perpétré par l’agro-chimie et l’agro-industrie ?

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©PHOTOPQR/OUEST FRANCE/Thomas Brégardis / Ouest-France ; 16/12/2021 ; Ramassage de poireaux bio destinés à l?industrie agro alimentaire

Loris Benistand est un jeune diplômé d’AgroParisTech. Il a décidé lui aussi de bifurquer. Il est installé dans le Dauphiné en tant qu’ingénieur apicole. Dans cet appel retentissant du 10 mai dernier, ces jeunes ingénieur.euse.s fraîchement diplômé.e.s ont clairement choisi de contourner l’obstacle, qui devrait s’effondrer de lui-même.

Pour quelles raisons, cet appel collectif a-t-il un tel retentissement ? 

Car la question de l’alimentation et les conditions de sa production sont l’objet de formidables remises en cause -modèle intensif destructeur, coût écologique démesuré, conditions de travail inhumaines- pour satisfaire les appétits d’un techno-capitalisme qui ne connaît aucune limite ! 

Qu’est venu, donc, dire cette nouvelle génération, au moins une partie d’entre elle, tout à la fois à l’école AgroParisTech et sa formation, et à la société, en particulier aux industries auxquelles ils.elles étaient destiné.e.s ? Ont-ils conscience de toute la portée, de toutes les implications de leur geste ? Ne sont-ils qu’une poignée d’idéalistes coupé.e.s de toutes réalités sociales ?

Même s’il s’agit d’une minorité d’étudiant.e.s, on assiste à une sorte de “révolution mentale” parmi les élites !

Dès le lendemain, la presse s’en fait l’écho (une petite sélection) :

Reporterre, le quotidien de l’écologie, titre « Désertons » : des jeunes ingénieurs appellent à refuser les « jobs destructeurs », reproduisant fidèlement l’appel !

Le journal Le Monde , à cette occasion, rappelle que d’autres étudiants dans de toutes aussi prestigieuses grandes écoles avaient initié cette démarche en 2019 : Polytechnique ou encore Centrale Nantes en 2019.

La presse libérale, Le Point, entre autres, le 13 mai, attaque en règle cette démarche sous la plume de Géraldine Woessner, qui dit bien, au-delà de l’ironie, l’inquiétude de l’agro-industrie face à ce mouvement de désertion.

Loin d’entamer ce mouvement, un second appel est lancé le 18 mai auquel Loris Benistand a participé, sur un blog de Médiapart -Des agros qui bifurquent, que l’on retrouve aussi sur le site lundimatin !

Viral, buzz, coup de tonnerre : les médias s’en sont donc largement fait le relais. Terrain Social ne souhaite donc pas faire exception, en donnant la parole à Loris Benistand, et à une certaine idée de l’engagement ! L’appel du 10 mai restera-t-il le jour de la bifurcation ?

Hugues Chevarin

Réponse de la direction d’AgroParisTech :

Poursuivre la réflexion :

Un discours politique ou un choix existentiel – Philomag

AgroParisTech : quand de futurs ingénieurs racontent leur “conversion écologique” (article de Gauthier Simon, doctorant contractuel en science politique, Université de Bordeaux) – The Conversation