Actus

Les fleurs s’épanouissent, l’herbe pousse, le soleil revient petit à petit, le printemps s’installe progressivement. Quelle meilleure bande-son gorgée de lumière, de vie et de générosité que le premier album de Maxwell Farrington et Le SuperHomard pour accompagner ce souffle de liberté et d’espoir.

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© Franck Alix

Loin du calcul, la musique de ce duo improbable et pourtant évident résonne avec le moment présent. Un seul titre résume à lui tout seul ce sentiment : Free Again, une ode à l’insouciance et à la rêverie. Le hasard a décidément bien fait les choses quand en 2019, les deux complices se rencontrent à l’occasion du MaMA Festival, et se découvrent des points communs, et enregistrent finalement en 2020 à partir du premier confinement, la matrice de ce qui deviendra Once.

Les 12 morceaux de ce long format référencé sont marqués par la performance de crooner de Maxwell Farrington, lui qui est pourtant connu dans le milieu indépendant, pour son rôle de frontman extatique et survolté dans le groupe de garage post-punk noisy Dewaere. Le jeune chanteur s’élève l’air de rien, à la hauteur (avec d’ailleurs une proximité vocale étonnante) du génial Adam Green, c’est dire. Inspiré par l’expressivité de son nouveau compagnon d’aventure, Christophe Vaillant alias Le SuperHomard, a façonné les strates d’une musique élégante, aux arrangements délicats et soyeux. Difficile de ne pas évoquer les disques de Scott Walker (période 60’s), les productions de Burt Bacharach et de Lee Hazlewood à l’écoute de ce disque évasion, télétransporteur héroïque dans le temps et l’espace.

La musique revêt ainsi sur cet album les habits de la théâtralité et du lyrisme, mais avec suffisamment de ludisme et de fraîcheur pour éviter le côté boursouflé et excessif pouvant se manifester dans ce registre. Tout est une histoire d’équilibre, de bon dosage et de simplicité, comme sur l’inaugural We, Us The Pharaohs.

D’une certaine manière, c’est aussi l’inventivité de Christophe Vaillant qui a donné cette couleur vintage sans vraiment l’être à Once, avec ces incursions malicieuses et anachroniques de boîtes à rythmes et de synthétiseurs. En échangeant avec lui, il affirme se sentir proche de l’approche d’Émile Sornin, le leader de Forever Pavot, avec qui il partage cette façon d’appréhender la musique, cette vision globale qui se rapproche de celles de grands arrangeurs et compositeurs des années 60. A tel point, que nous pouvons entendre dans Once, des réminiscences des bandes-originales de Sergio Leone (en particulier sur l’instrumental Le Mesa Motel) ou encore des arrangements de Jean-Claude Vannier (North Pole, Happening Again…). Mais l’ensemble reste avant tout pop, basé sur des chansons au sens noble du terme : une voix, une mélodie, un texte.

Voilà un disque qui fait tout simplement du bien, un disque sans prétention, certainement dépassé par ses propres vertus, qui rappelle au combien l’histoire des musiques populaires s’est écrite dans le caractère imprévisible et surprenant des choses. A n’en point douter, c’est aussi ce qui a dû séduire et convaincre Sean Bouchard, l’âme de Talitres de sortir ce disque dans son exigeant et passionnant catalogue. Pour parfaire cet état de grâce, Maxwell Farrington et Le SuperHomard se produiront en quintet dès ce week-end dans le cadre du festival Villette Sonique à Paris, partageant la scène avec les excellents Le Villejuif Underground.

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Le Chantier est très content de vous faire découvrir Once, cette semaine sur son antenne, à travers la découverte de ces morceaux fins et feutrés, mais aussi des extraits d’une interview réalisée il y a quelques jours avec Christophe Vaillant. Il reviendra chaque jour avec nous, sur la genèse de ce disque, sur la belle complicité, sur la bouffée d’air frais que ce temps de création aura généré en 2020.

Un vinyle dédicacé est à gagner ! Une seule adresse pour participer : [email protected]

Laurent Thore