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Federal FM émet illégalement depuis Rangoun, en Birmanie. Cette radio pirate, lancée par des jeunes dissidents, contourne la surveillance numérique et lutte contre l’oppression militaire.

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federal fm birmanie le chantier radio

© Nyunt Win / EPA / NEWSCOM / MAXPPP

Rappelez-vous, le 1er février dernier, jour où l’armée prenait le pouvoir en renversant le gouvernement de Aung San Suu Kyi. Depuis, la Birmanie s’enfonce chaque jour davantage dans la violence. À ce jour, plus de 770 civils sont tombés sous les balles de la police et de l’armée.

Federal FM, émet sur le 90.2 MHz depuis Rangoun, capitale économique du pays. Cette radio pirate, lancée par des jeunes dissidents élevés à l’heure du numérique, permet de contourner le contrôle des réseaux et de résister à l’oppression.

Sur les ondes de Federal FM, on peut écouter « des sons de propagande de liberté » comme le rapporte les colonnes du média en ligne Coconuts Yangon.

Des programmes qui permettent quoi qu’il advienne d’informer la population sur les actualités du mouvement pro démocratie, appelé aussi le printemps révolutionnaire.

Certains programmes sont également disponibles sur le SoundCloud de Federal FM. On y trouve des débats, de la musique mais aussi des contenus assez inquiétants où l’on entend des coups de fusils et la population hurler. Ce type de programmes vise à interpeller les militaires et tente de leur faire prendre conscience de leurs actes.

À travers ces capsules sonores, les activistes pointent du doigt les contradictions inhérentes aux soldats et à la police.

« Les soldats pensent qu’ils protègent le pays et le peuple. Nous leur disons le contraire », explique un militant au magazine Coconuts Yangon.

En mettant la main sur ces vieux émetteurs, les jeunes activistes viennent combler les coupures d’internet nocturne imposées quotidiennement par le régime militaire. Un membre de Federal FM confie que « le manque d’informations est l’aspect le plus inquiétant de ces pannes. »

S’emparer des ondes, une manière d’échapper à l’oppressante surveillance des réseaux. Selon le New-York Times, au cours des 10 dernières années, les forces de sécurité ont investi des millions de dollars dans des technologies de surveillance importée d’Europe, de Chine ou encore des États-Unis.

Les téléphones satellites et le wifi étant traçables pour ces militants, « la meilleure option reste la radio ». Les créateurs de Federal FM comptent désormais étendre sa diffusion à l’ensemble du territoire, pour que « les informations puissent se répandre comme un fleuve ».

Emma Delaunay