Actus

Alors que les femmes représentent aujourd’hui 46% de la population active, les inégalités de genre persistent. La crise sanitaire a mis en exergue ces inégalités aussi bien présentes dans le domaine du travail que dans le cadre familial.

MEDIA
margaret maruani inégalités le chantier radio

© Bruno Levesque / IP3 PRESS / MAXPPP

Les années 1960 marquent la féminisation de l’activité salariale. Plus d’un demi-siècle plus tard, les femmes représentent quasiment la moitié de la population active, et pourtant les inégalités de genre perdurent. Selon le rapport du forum économique mondial, la crise sanitaire semble avoir renforcé certaines inégalités déjà inhérentes à notre société.

La sociologue Margaret Maruani, directrice de recherche au CNRS, fondatrice du GDRE-CNRS « Marché du travail et genre en Europe » (MAGE), dirige la revue Travail, genre et société. À notre micro, elle revient sur les « nœuds de l’inégalité » et les liens entre les inégalités familiales et celles au travail. « Le monde du travail est producteur en lui-même de discrimination d’inégalité. L’inégalité de salaires ne commence pas avec le premier enfant mais avec le premier salaire ».

À ce jour, la signification du mot travail varie en fonction du genre. « Encore aujourd’hui un travail n’est pas évalué de la même façon selon qu’il est effectué par un homme ou par une femme », constate Margaret Maruani. « La valeur sociale que l’on attribue à ce travail n’est pas la même selon qu’il est exécuté par un homme ou par une femme ».

La perspective du genre permet de remonter les mécanismes qui construisent ces disparités. « Ces inégalités se construisent tous les jours, ne sont pas de simples reliquats de l’histoire », avertit la sociologue en prenant l’exemple du temps partiel. « Le temps partiel a fait le lit de la pauvreté laborieuse du sous-emploi […] Présentez ça comme un progrès pour les femmes, c’est de l’ordre du mensonge social », soulève Margaret Maruani.

Bien que la crise sanitaire ait servi de mise en lumière des inégalités de genre, notre invitée reste lucide. « Il y a encore en France, beaucoup trop de professions très féminisées qui sont très mal payées, très sous payées et très précaires. On l’a vu un peu avec la crise, on a beaucoup parlé des aides-soignantes, des infirmières, des caissières, des vendeuses… On le sait depuis des années, des décennies, il ne faudrait pas qu’on arrête d’en parler qu’en cette crise sanitaire sera passée. C’est un problème de fond ».

Emma Delaunay