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Pour le bien commun, la journaliste Morgan Large se penche sur les dérives de l’industrie agro-alimentaire. Une pratique journalistique qui dérange les premiers concernés. Dans cet entretien, elle revient sur l’intérêt des collectifs de journalistes, l’auto-censure et l’avenir de la radio.

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morgan large le chantier radio

© Samuel Uguen / PHOTOPQR / LE TELEGRAMME / MAXPPP

Morgan Large, journaliste radio bretonne, dérange les industriels de l’agroalimentaire en dénonçant l’intensification de l’agriculture dans sa région. Suite à ces prises de position, elle a été menacée à plusieurs reprises et a porté plainte.

« La liberté d’information et d’informer est un bien commun », rappelle Morgan Large à notre micro. Pour faire le poids face aux industriels et pouvoir continuer d’informer sur leurs pratiques, Morgan Large et d’autres journalistes bretons ont formé le Collectif Kelaouiñ. Une pratique devenue courante dans la profession, et qui semble fonctionner pour lutter contre les pressions exercées sur les journalistes.

Mais revenons à notre invitée. Depuis plus de vingt ans, Morgan Large ouvre son micro « à tout le monde ». Aujourd’hui la journaliste regrette de ne plus pouvoir rencontrer les agriculteurs aussi facilement qu’il y a quelques années. « La parole n’existe plus dans le monde agricole », déplore notre invitée. Et quand bien même elle arrive à s’entretenir avec eux, elle observe qu’ils tiennent le même discours. « On a mis des mots dans la bouche des agriculteurs. » Ces mots, ce sont ceux de la communication des industriels.

Elle-même issue du milieu agricole, la journaliste entend bien défendre l’agriculture à sa manière. Témoin du changement drastique que subit le paysage breton suite à l’intensification agricole, Morgan Large souhaite poursuivre sa démarche journalistique, et ce malgré les détracteurs.

« La nature n’a pas de voix, donc il faut essayer de lui donner une voix. » À défaut de pouvoir lui ouvrir son micro.

Valérie Borcy et Emma Delaunay