Social

Face aux défis planétaires (réchauffement climatique, mondialisation, pandémies…) l’historien Jérôme Baschet ne se résout pas à l’idée d’effondrement. Il propose dans une série de basculements de s’acheminer vers d’autres mondes, rendant à l’espèce humaine les moyens de se gouverner, lui offrant de « possibles désirables ».

MEDIA
terrain social podcast jérôme baschet le chantier radio

Dans son dernier livre, Basculements. Mondes émergents, possibles désirables aux éditions La Découverte, l’historien Jérôme Baschet, tirant les nécessaires enseignements de la crise sanitaire, propose d’interroger les modèles d’avenir !
Il y pointe les faiblesses dans la cuirasse de l’Économie-monde.
Et refusant « l’inévitable effondrement » tant prisé par les collapsologues, modèle fermé, sans autre condition que de le subir et n’offrant aucune alternative, il lui préfère la notion plurielle de « basculements » tant civilisationnels que sociétaux, venant à bout d’un capitalisme mondialisé et destructeur !

Depuis mars 2020, le monde se trouve comme arrêté par la pandémie de COVID-19, mettant à pied « l’Économie » ! Depuis le début du XXIe siècle, on assiste à une multiplication des zoonoses due à la destruction des espaces naturels, dérèglements, pour partie, induits par le modèle agro-alimentaire, autant de menaces qui pèsent sur le vivant, humain ou non-humain.

Le modèle de développement d’un capitalisme mondialisé a fait la preuve de sa faillite et n’est donc plus soutenable.
L’auteur en analyse la « crise structurelle » et ses possibles variants, tel le capitalisme vert, ou encore sa version chinoise et technologique, reposant sur un contrôle social absolu : autant de voies à l’issue inhumaine.

L’année 2019 a été marquée par une vague de contestation sociale planétaire. L’édifice vacille-t-il ?
Enfin, et surtout, le réchauffement climatique oblige à penser la question de la vie, non pas seulement en termes de civilisation, mais aussi en tant qu’espèce.

jérôme bascher basculements le chantier radio

Un monde, non apocalyptique, mais post-capitaliste, débarrassé de « la valorisation de la valeur » est, pour l’auteur, non seulement plausible, possible, mais souhaitable. Et pour ce faire, un changement d’échelle doit s’opérer pour une humaine gouvernance, pour « identifier ce par quoi une politique d’auto-gouvernement se différencie de la politique stato-centrée ».
En refondant la gouvernance, de la « commune » à la fédération, on repense, par là-même, la question de la production mise, dès lors, au service du vivant.
Une relocalisation communale, couplée à une économie des besoins réels, redonne aux territoires toute leur dimension dans la diversité, sans confusion possible avec un localisme rabougri et identitaire.

Dans ces basculements successifs, les liens du vivant se retissent dans un environnement propice à l’émergence de ces « possibles désirables ».

Jérôme Bascher, maître de conférences à l’EHESS et enseignant à la Universidad Autónoma de Chiapas, mène une réflexion à la fois conceptuelle et pratique, dresse une carte des possibles et des caps à suivre, et offre les clés d’un débat d’une actualité brûlante.

Il faut donc basculer de la voie sans issue à la pluralité des mondes !

Jérôme Bascher a également publié Adieux au capitalisme. Autonomie, société du bien vivre et multiplicité des mondes, éditions La Découverte.

Hugues Chevarin