Actus

En matière de rock et de pop, les musiciens français cultivent (trop) souvent un complexe d’infériorité par rapport aux Américains et aux Anglais. Pourtant lorsqu’ils assument pleinement leurs influences et leurs ambitions, à l’image de celles d’Animal Triste, ils sont capables de faire jaillir la foi et la passion, avec un talent indéniable. Le premier album d’Animal Triste est ainsi l’un des plus beaux disques apparus dans le brouillard sanitaire de 2020 : il était impossible pour le Chantier de ne pas revenir en ce début d’année sur ce disque qui va marquer durablement sa couleur musicale.

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© Léonard Titus

Dès les premières écoutes, à travers des titres aussi intenses que Darkette, Shake Shake Shake, Vapoline… il se passe un truc. Un truc de l’ordre du sensible, cette sensation qui prend les tripes, caresse les poils, cette magie qui dépasse les mots, écarte toute volonté d’analyse et finit par toucher le cœur.

Dans les ingrédients déterminants de cette œuvre habitée et électrique, il y a forcément cette voix, qui n’est autre que celle de Yannick Marais alias Helmut Tellier, la voix profonde, chaude et pleine de nuances, la voix raconteuse d’histoires de La Maison Tellier. Car oui, il faut préciser qu’Animal Triste est la réunion heureuse de musiciens aguerris de la scène rouennaise issus de Darko, Radiosofa, Dallas et donc La Maison Tellier.

L’alchimie sonore collective est bluffante, elle sent à plein nez la complicité, le plaisir palpable de jouer ensemble… et certainement des heures tardives passées à disserter sur les disques cultes de l’histoire du rock. À ce titre, le groupe se fend comme un symbole d’une reprise à la fois très respectueuse mais très personnelle du grand Bruce Springsteen, Dancing in the Dark.

D’une certaine manière, les membres d’Animal Triste célèbrent la musique qui a façonné leurs identités, nourri leurs passions et abreuvé leurs imaginaires: Nick Cave, Echo And The Bunnymen, The Stooges, Joy Division, Talk Talk, Bruce Springsteen, Suicide

Très loin de singer leurs illustres ainés, ils développent une couleur musicale à l’élégance rare, une couleur musicale qui ose l’emphase, et surtout une couleur musicale qui ouvre les portes d’une catharsis foncièrement libératrice. La poésie intrinsèque qui se dégage de ces envolées héroïques place ce premier long format, au rang de The Boxer de The National (avouez qu’il y a pire comme comparaison !). À ce petit jeu, avec des compositions aussi justes et solides qu’Amor Bay ou Wild At Heart, Animal Triste invoque un dandysme digne d’Interpol mais aussi un certain lyrisme, une façon d’incarner la mélancolie que nous avions tant apprécié dans le premier album de Band Of Horses.

Mais, pourtant, la musique des Normands reste insaisissable, car foncièrement électrique, toujours prête à exploser, comme si les vieux démons du rock’n’roll étaient toujours là, blottis dans un coin, prêt à bondir et à enflammer l’émotion. Une belle transition pour annoncer une tournée à l’automne qui passera notamment par La Maroquinerie, pour une formation à l’évidence taillée pour la scène.

L’album d’Animal Triste est sorti le 4 décembre 2020 sur le label m/2L*. Il est à découvrir cette semaine sur l’antenne du Chantier, accompagné par des extraits d’une interview réalisée par la rédaction.

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Pour la plus chanceuse ou le plus chanceux d’entre vous, un vinyle dédicacé est à gagner ! Pour participer, rien de plus simple, envoyez un mail à : [email protected]. Bonne chance !

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Laurent Thore