Actus
La quête identitaire qui semble être le fil conducteur de Klô Pelgag depuis ses premiers pas discographiques en 2012, et plus encore depuis son premier album fondateur, l’Alchimie des Monstres, en 2013, atteint aujourd’hui une forme de paroxysme créatif, avec la ferveur expressive et l’activité chorégraphique du clip de « Mélamine », morceau phare et emblématique de son splendide 3ème album, Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Au-delà d’être un phénomène de liberté et de passion, la musicienne québécoise déroule un étonnant chemin entre sa culture francophone et un appétit musical largement influencé par la musique anglo-saxonne.
Comme beaucoup d’artistes québécois, Klô Pelgag est certainement perçue en France comme un exotisme, une sorte d’extraterrestre, dont nous comprenons la langue mais pas vraiment le sens de sa poésie imagée et sinueuse. Nous approchons peut-être un peu trop d’ailleurs sa musique avec le filtre de l’héritage de la chanson française, avec la loupe grossissante de la machine à normaliser qu’est la variété. Pourtant d’une certaine manière, Klô Pelgag est bien plus proche artistiquement de l’immense Shara Worden (désormais Shara Nova) alias My Brightest Diamond, musicienne américaine à l’imagination débordante, à la musicalité exceptionnelle, que du classicisme élégant et sensible de Juliette Armanet. La proximité géographique et par extension, culturelle, certainement.
Les doutes, les insomnies, les cauchemars, les incertitudes de l’existence ont souvent été les éléments moteur de la musique et de la créativité de la québécoise, et plus que jamais de Mélamine, sorte de dialogue intérieur conflictuel et combatif, parfaitement mis en images dans une étonnante mise en scène surréaliste de la talentueuse réalisatrice Soleil Denault. D’une certaine manière, appuyé par la puissance des symboles de l’image, Mélamine devient un intense cri du cœur face aux injonctions permanentes adressées aux femmes, dans nos sociétés occidentales et capitalistes, à se fondre dans un moule et dans certains stéréotypes.
Si Klô Pelgag assume et active l’ambivalence des ressorts créatifs de son côté enfantin, et même de sale gosse comme elle aime à le rappeler dans certaines interviews, elle est aussi pleinement femme, au-delà des clichés usuels du genre. Elle revendique son droit d’être la femme qu’elle est réellement, à sa manière, mais aussi celle qu’elle peut être selon les moments de sa vie, des plus sombres aux plus heureux. À l’image de ses nombreuses transformations artistiques, elle affiche avec éclat toutes les nuances de sa personnalité mouvante, complexe et sensible, comme a pu le faire avant elle Björk ou Karin Dreijer alias Fever Ray (The Knife), sous la carapace de l’exubérance et de la flamboyance.
Bien sûr, si l’album Notre-Dame-des-Sept-Douleurs nous avait dans un premier temps captivé par son instrumentation, il prend encore plus de valeur, à travers le message émancipateur, sublimé par la vivacité de ce nouveau clip particulièrement parlant et intelligent, loin de tomber dans les affres d’un discours figé et convenu.
L’album Notre-Dame-des-Sept-Douleurs de Klô Pelgag est disponible en physique, en digital et en streaming depuis le 26 juin 2020, via Les Faux Monnayeurs et Secret City Records.
Retrouvez Klô Pelgag sur Facebook, Instagram, Twitter et sur www.klopelgag.com !
Klô Pelgag sera en tournée française au printemps 2021 :
11/03/21 – Cenon (33) – Le Rocher de Palmer
12/03/21 – Arcueil (94) – Théâtre Jean Vilar
13/03/21 – St Berthevin (53) – Le Reflet
15/03/21 – Paris (75) – Festival Avec le Temps – La Maroquinerie
16/03/21 – Nantes (44) – Salle Paul Fort
17/03/21 – Brest (29) – Le Vauban
19/03/21 – Marseille (13) – Festival Avec le Temps
20/03/21 – Montpellier (34) – Le Jam
25/03/21 – Meylan (38) – Maison de la Musique
Laurent Thore