Environnement

À l’heure des préoccupations écologiques, nombreux sont ceux à vouloir intervenir et « aider » la nature, certains pensent autrement. Pour eux, il est l’heure de laisser la nature faire son travail et exhortent l’Homme à cesser toute ingérence dans la gestion des forêts.

Béatrice Kremer-Cochet et Gilbert Cochet sont de ceux-là, leur livre « L’Europe réensauvagée – Vers un nouveau monde » en est le parfait plaidoyer.

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© Béatrice Kremer-Cochet

Béatrice Kremer-Cochet et Gilbert Cochet sont professeurs agrégés de Sciences de la vie et de la Terre, naturalistes et photographes, vice-présidente et président de l’association Forêts Sauvages. Ils signent l’ouvrage L’Europe réensauvagée – Vers un nouveau monde chez Actes Sud.

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Un livre qui dresse un état des lieux de l’Europe en matière de territoire sauvage. On apprend que les forêts en Europe gagnent toujours plus de terrain et surtout qu’elles sont en grande partie sauvages.

Le réensauvagement, issu du terme anglo-saxon « rewilding ». Un concept qui laisse à la nature la mainmise sur sa gestion, estimant que celle-ci s’en sortait fort bien sans l’homme et surtout en constatant sa grande capacité de résilience et d’adaptation.

« On fait confiance à la nature et on la laisse évoluer toute seule, parce qu’en faite la nature existait bien avant l’Homme et elle se débrouillait très bien toute seule […] nous pensons qu’il est bon que de temps en temps on lui laisse libre court… »

Les différences entre les forêts d’exploitation et la forêt sauvage sont nombreuses, allant du simple positionnement des arbres (calculer et précis pour l’un, sauvage et chaotique pour l’autre) au type d’arbre que l’on y trouve. Les forêts naturelles et celle de l’Homme sont aussi différentes que le jour et la nuit.

« Entre une forêt exploitée par l’Homme et une forêt naturelle, c’est pratiquement deux mondes… »

Les forêts naturelles offrent également de nombreux avantages. Elles captent le carbone de manière plus efficace et plus durable que n’importe quelle technique humaine. De plus, elle filtre l’eau offrant de fait à l’humanité une eau pure et peu coûteuse.

« Une forêt en libre évolution apporte beaucoup à l’espèce humaine… On s’est rendu compte par exemple que les forêts laissées en libre évolution sont, même quand elles sont matures, des puits de carbone. C’est-à-dire qu’elles absorbent le dioxyde de carbone et elle le stock de façon durable… »

Si les pays d’Europe de l’est et du nord se montrent meilleurs élèves sur cette question, le France offre de belles avancées. Dans notre pays, l’Office National des Forêts met en place des Réserves Biologiques Intégrées. 30 à 40 mille hectares sont concernés à ce jour.

« Une forêt laissée en libre évolution en France, ce n’est pas une utopie. »

Au-delà de la préoccupation environnementale, il y a aussi dans le réensauvagement des forêts un aspect social ; l’idée de renouer avec la nature.

« Je croie que si on arrivait à retrouver cette magie de la proximité avec la faune sauvage dans notre pays, il y aurait certainement beaucoup de problèmes sociaux et psychologiques qui disparaîtraient. »

Christophe Rossignol