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À quelles images, les parties civiles, les victimes, mais aussi les accusés ont-ils été confrontés lors de l’audience du 1er avril dernier ? Pourquoi seulement 29 photos et cela quelque sept mois après le début du procès ? La parole a-t-elle pris le pas sur l’image ?
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©Olivier Corsan/LE PARISIEN/ Paris, France, le 18 juin 2021. Dans la salle des pas perdus du Palais de Justice de Paris sur l’Île de la Cité, une salle d’audience pour les grands procès comme ceux des attentats du 13 novembre ou de Nice a été construite. Équipée de caméra et d’une régie, ces procès pourront être filmés.
Sylvie Lindeperg, docteure en histoire et diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, est professeure à l’Université de Paris I- Panthéon Sorbonne, membre du Centre de recherche d’Histoire sociale et culturelle de l’art (Hisca). Elle est directrice du Cerhec (Centre d’Etudes et de Recherches en Histoire et Esthétique du cinéma). Elle a publié aux éditions Payot, en 2021, Nuremberg, la bataille des images, Des coulisses à la scène d’un procès-spectacle. Ce travail vient d’être distingué par le prix Malesherbes 2022, décerné par l’Association Française pour l’Histoire de la Justice (AFHJ).
L’historienne Sylvie Lindeperg a assisté aux audiences dans le cadre d’une étude universitaire transdisciplinaire du procès (V13) des Attentats du vendredi 13 novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis.
131 morts, plus de 450 blessés et 2.500 parties civiles constituées, … : tout est donc hors normes dans ce procès ! Dix mois ont passé, les plaidoiries collectives vont s’achever déplorant l’absence d’un grand nombre de victimes aux audiences ! Et pourtant une grande place a été donnée à la parole des victimes dans une volonté évidente de “catharsis nationale”.
Mais a-t-on relégué le public, cet autre tiers du procès, par une spatialisation particulière ? À contrario qu’en est-il de celle faite aux images des scènes de crime lors d’une unique audience le 1er avril 2022 ? La preuve administrée par l’image est-elle encore nécessaire ? Quelles ont été les réticences du tribunal dans le choix des images montrées ? Ont-elles encore leur place dans le prétoire ? Qu’est-ce cela dit du régime des images dans ce procès pour l’Histoire ?
Pour Terrain Social, Sylvie Lindeperg remet en perspective ce procès pour l’histoire, questionne la scénographie du prétoire et analyse la place “restreinte” (et par là peut-être contestable au regard d’autres procès) des images des scènes de crime.
Terrain Social, cette semaine, s’interroge sur un procès à l’épreuve des images !
Hugues Chevarin
Pour aller plus loin :
Tout Sylvie Lindeperg !
Le verdict est tombé ce 30 juin 2022 !
Dans la presse : Diffuser ou non les images et les sons du Bataclan, un épineux débat au procès du 13-Novembre – Le Monde
Le 1 Hebdo : 13 novembre : la justice face à la barbarie !
L’association Life for Paris, a œuvré pour que soient montrées les images de scènes de crime.
Podcast “L’heure du Monde” : Organisation titanesque d’un procès !
Pour approfondir la question de la justice face au terrorisme :
Rapport final de recherche : Les filières djihadistes en procès – Approche ethnographique des audiences criminelles et correctionnelles (2017 -2019)
Terrain Social vous dirige aussi vers la série : filmer la justice, la grande première de Nuremberg
Un document : Figure de la Résistance et de la Déportation, Marie-Claude Vaillant-Couturier, témoigne (en français) le 28 janvier 1946 devant le tribunal international de Nuremberg qui juge les criminels nazis
– Le procès Klaus Barbie, premier procès filmé en France.
– Les temps forts du procès Barbie (Archives INA)
– Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem