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De 1962 à 1984, près de 2150 enfants réunionnais ont été déracinés de leur île natale pour être transplantés au sein des zones les plus touchées par l’exode rural dans l’Hexagone. Les mensonges et les promesses de retour non tenues par le gouvernement de l’époque ont eu de graves répercussions sur les victimes. Une réelle affaire d’Etat, encore aujourd’hui trop méconnue, dont la reconnaissance est pourtant nécessaire pour les victimes.
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Initiée en 1962 par Michel Debré, alors député de la Réunion, et mis en œuvre par le Bureau pour le développement des migrations dans les DOM (BUMIDOM), la migration de ces milliers d’enfants vers la métropole n’a pas été sans conséquence. Le déracinement a causé des problèmes identitaires et un mal-être profond pour les ex-pupilles. Ajouté aux mensonges et aux violences, ce dispositif a été un vrai traumatisme pour les victimes. Aujourd’hui, elles cherchent à se reconstruire et veulent une réelle reconnaissance de leur histoire.
La quête vers la recherche de leur identité perdue n’est pas si simple, entre des dispositifs peu adaptés et des retours à la Réunion compliqués. Nous avons rencontré Jean-Philippe Jean-Marie, exilé forcé en 1966 à l’âge de 11 ans et actuel président de l’association Rasinn anler. Il nous détaille sa quête d’identité.
© Le Chantier/@JMJP, Kévin Youssouf et Astride Gara.
Déraciné à l’âge de 11 ans, Jean-Philippe Jean-Marie, président de l’association Rasinn anler, est toujours en quête d’identité.
En 2014, une résolution a été votée à l’Assemblée nationale. Un acte très important car pour la première fois, l’Etat reconnaît sa responsabilité morale dans l’affaire des enfants dits de la Creuse. Un texte de loi porté par Ericka Bareigts, alors député de la Réunion, aujourd’hui maire de Saint-Denis, qui revient avec Astride sur ce que ce texte a changé pour ces déracinés.
© Le Chantier/@Ericka Bareigts, Kévin Youssouf et Astride Gara.
En 2014, Ericka Bareigts, alors député, fut à l’origine d’une résolution votée à l’Assemblée nationale, dans laquelle l’Etat reconnaît sa responsabilité morale dans l’affaire des enfants de la Creuse. Une étape cruciale.
Pour autant, le combat continue. Valérie Andanson, porte-parole de la Fédération des Enfants Déracinés des DROM (FEDD), nous explique les dispositifs, portés par les enfants dits de la Creuse eux-mêmes, qui vont voir le jour.
© Le Chantier/@Valérie Andanson.
Porte-parole de la Fédération des Enfants Déracinés des DROM (FEDD), Valérie Andanson, elle-même victime de ce déracinement, oeuvre pour la reconnaissance de ce chapitre noir de l’Histoire.
L’histoire des enfants dit de la Creuse est toujours aussi touchante, frappante et taboue pour la population réunionnaise. Ces révélations montrent à quel point une partie de leur enfance a été volée, détruite ou même supprimée. Certains ex-pupilles sont toujours en quête d’identité et beaucoup ne savent pas qu’ils font partie des enfants de la Creuse. Des familles sont toujours à la recherche de leurs enfants perdus de vue. Des associations œuvrent toujours à faire connaître ce drame.
Astride Gara, Kévin Youssouf et Lola Fourmy.