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La situation de dépendance de la Réunion vis à vis des importations inquiète de plus en plus face aux multiples crises. Après le covid, la guerre en Ukraine, les retards de conteneurs, les prix des denrées alimentaires augmentent et sont au cœur des préoccupations. L’objectif d’une autonomie alimentaire en 2030 a été fixé par Emmanuel Macron et si les initiatives émergent, les obstacles sont nombreux dans cette recherche d’indépendance.

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© Le Chantier/Reportage au marché du Chaudron à Saint-Denis

C’est une pensée qui a effleuré tout habitant de la Réunion : comment faire si nous ne pouvions plus être approvisionnés par les bateaux et les avions cargos? Jusqu’où les prix pourraient-ils augmenter face à la rareté des produits ? Les Réunionnais et Réunionnaises en ont eu un aperçu ces derniers mois : la crise covid, celle des gilets jaunes et plus récemment la guerre en Ukraine entraine une augmentation des prix et des difficultés d’approvisionnement, dont la pénuerie d’huile et les tomates vendues 10 euros le kilos sont devenus des symboles. En visite sur l’île en 2019, Emmanuel Macron a fixé le cap de 2030 pour que les Outre-Mer atteignent l’autonomie alimentaire, un objectif qui semble encore loin d’être atteint.

Sur la route de l’autonomie alimentaire…

La Réunion est le territoire d’Outre-Mer le plus performant et indépendant en terme de production agricole, avec des cultures et élevages qui permettent de fournir environ 70% de la consommation de denrées. Forte d’une diversité de cultures, dont 42 000 hectares de surfaces utiles agricoles (dont 22 000 de canne à sucre), la Réunion voit aussi émerger de nouvelles filières comme celle du champignon de Paris, de la bière locale ou encore des tentatives de production de riz comme l’explique Olivier Fontaine, secrétaire général de la chambre d’agriculture de Saint-Denis.

Des obstacles…

Frein important dans le développement des filières locales, les normes à respecter sont souvent plus contraignantes que celles imposées à l’étranger et donc en vigueur pour les produits importés. Ce qui explique parfois le coût plus faible des produits importés et donc préférés par la population. “Mais il faut voir comment c’est produit ailleurs” tempère Jean Yves Rochoux, membre du CEMOI (Centre d’Economie et de Management de l’Océan Indien).

Et des initiatives !

Mais plusieurs initiatives émergent, le nombre d’exploitations installées en bio a bondi ces dernières années à la Réunion. Ce que salue Bernard Bonnet, coordinateur d’Oasis 974, un collectif visant à promouvoir la souveraineté alimentaire de la Réunion grâce à une agriculture biologique et respectueuse de l’environnement de l’humain. “ça fait des années qu’on alerte et on n’est pas les seuls, mais là il y a une véritable urgence” alarme t-il. Il en appelle aussi à un sursaut des consommateurs dans leurs actes d’achat. “Il faut manger plus sainement et des produits plus respectueux de la planète” recommande Bernard Bonnet. Et c’est ce que propose le Jardin de Cocagne, chantier d’insertion installé à la Montagne, quartier situé dans les hauts de Saint-Denis. Une trentaine de salarié.e.s y apprennent le maraîchage, la préparation de paniers, la vente et la distribution. “L’agriculture réunionnaise peut aussi être une façon de lutter contre le chômage, c’est une des clés. L’agriculture à la Réunion mérite d’être encore plus développée, plus étudiée pour être optimisée. Ce qui permettrait de surcroît de créer de plus en plus d’emploi” résume Meige Beguine, cheffe de projet biodiversité du Jardin de Cocagne.

Anthony Bourroux, Lola Fourmy et Mariama Ibrahim Mohamed