Culture
Par ce beau lundi de juillet, on se trouve bien en peine à essayer d’imaginer la bande originale qui aurait suffisamment de souffle pour les funérailles du maestro.
Ennio Morricone à l’hôtel Concorde La Fayette, Paris, le 20 octobre 2002
© Delphine Goldsztejn / BEP / LE PARISIEN / MAXPPP
Il a écrit lui-même le communiqué de sa mort : “Moi, Ennio Morricone, je suis décédé. Je l’annonce aux amis proches et autres, plus lointains. La seule raison qui me pousse à saluer comme ça et à avoir des funérailles privées, c’est que je ne veux déranger personne”. Lue par son avocat devant un hôpital de Rome, cette déclaration d’Ennio Morricone a pourtant fait grand effet, partout dans le monde. Au beau milieu des déserts d’Espagne et dans le creux des vallées de l’Utah, au fin fond de la salle Pleyel comme en travers des avenues de Little Italy, une petite mélodie inquiétante, soudain a retenti. De l’harmonica.
L’homme a l’harmonica, justement (Il était une fois dans l’Ouest) : ces quelques notes, c’était une partie de la musique du film, ou bien un personnage à part entière ? On ne sait plus très bien. Mais longtemps après sa mort, elle colle encore à Charles Bronson comme la sueur sur sa peau tannée.
50 years of music, Cracovie, Pologne, le 14 février 2015
© Jacek Bednarczyk / EPA / MAXPPP
C’est qu’avec Morricone, les personnages, les décors, les situations et la musique qui les accompagnait – les magnifiait – se confondaient totalement. Sergio Leone lui-même considérait qu’engager Morricone sur ses productions, c’était déjà la moitié du boulot de fait.
Alors voilà, on n’a pas la bande originale pour accompagner Morricone au cimetière, mais disons simplement qu’il ne faudrait pas se contenter de quelques notes de banjo. Parce que Cinema Paradiso, La Cage aux Folles, Le Professionnel, pour n’en citer que trois, c’était lui aussi. Pour finir, disons que définitivement, le monde se divise en deux catégories : ceux qui connaissent l’importance de la musique au cinéma, et ceux qui creusent.
Benoît Bouscarel