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Quelles disparités recouvre cette notion de “ville accueillante” ? Et de quelle manière se structure ce mouvement “municipal” d’accueil ? En quoi la métropole peut-elle être l’interlocuteur de l’Etat désengagé ?
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© Franck Dubray/PHOTOPQR/OUEST FRANCE/Nantes 02/11/2020. Une centaine de migrants avec l’ aide des bénévoles de l’ autre cantine ont trouvé refuge dans un nouveau squat à Nantes; Le bâtiment qui appartenait à Orange est voué à la destruction et a donc été ouvert pour accueillir des réfugiés et demandeurs d’asile ?
“En Europe, la gestion des populations migrantes par la dispersion est devenue une norme. Les personnes sont ainsi réparties à travers le territoire de chaque Etat, notamment dans les petites villes et les zones rurales, dans le but de limiter les engorgements et leurs effets en matière de visibilité politique et médiatique.”(Flamand, Lacroix)
Anouk Flamant, maîtresse de conférences à l’Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapées et les enseignements adaptés (INSHEA), chercheure associée à l’UMR Triangle, affiliée à l’Institut convergence migrations, codirige et co-signe avec Thomas Lacroix, directeur de recherches au CNRS (UMR CERI), chercheur associé au laboratoire Migrations internationales, espaces et sociétés (MIGRINTER) affilié à l’Institut convergences migrations, le dernier numéro de la Revue migrations société : “Villes et territoires accueillants” en France et ailleurs.
Un grand mouvement municipal, en particulier en Europe, s’opère sur la gestion de des populations en situation d’exil, dessinant “une nouvelle géographie de l’accueil et du non accueil”.
Que ce soit l’emblématique maire de Palerme, Leoluca Orlando ou celui de Bristol (en Angleterre), “ces maires affirment non seulement leur volonté d’être accueillants pour les populations exilées, mais ils demandent aussi et surtout que les villes promeuvent des politiques migratoires protectrices, face à des Etats tentés pour des politiques de fermeture des frontières.”
Ils ont fait le choix d’ouvrir grand leur ville s’opposant à des stratégies d’externalisation de cette gestion sur d’autres rives. La question des “villes-frontières” se pose cruellement, “villes où s’exerce une gestion policière des populations exilées” (au Maroc par exemple, ou encore Nice s’illustrant dans son refus très médiatique de l’accueil !), a contrario “des villes intérieures” qui s’emploient à accueillir et à intégrer ces populations. Sur le territoire français, ces villes donnent l’exemple d’une “construction négociée de l’accueil des migrants”, […] accueil qui [toutefois !] privilégie les populations qui veulent rester plutôt que celles souhaitant poursuivre leur chemin d’exil.” Ces villes se sont regroupées au sein de l’ANVITA (Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants). “Ce municipalisme est également marqué par un dynamisme de mise en réseau des des autorités locales sur cet enjeu !”
À Nantes par exemple, la municipalité, sous la pression des associatifs et de la société civile, a fait un choix radical : la mise à l’abri inconditionnelle en mobilisant tous les moyens de son réseau ! “Cette volonté d’être une ville accueillante se traduit aussi dans le rapport de force établi avec les autorités nationales. Ainsi, être une ville accueillante signifie progressivement être une ville qui lutte contre les sans-abrisme, afin de mettre à l’abri de manière inconditionnelle toutes les populations de la rue” rappelle Anouk Flamant.
Enfin, le passage à l’échelle métropolitaine offre la possibilité d’un dialogue plus équilibré entre les forces en présence. et mettre en place une “politique municipale d’accueil pour réclamer un siège dans la gouvernance des migrations.”
Anouk Flamant dessine, pour Terrain Social, les contours asymétriques de la réponse municipale dans la gestion migratoire -Nantes en particulier-, et les limites de cette construction négociée avec les Etats !
Quelques liens :
Le parlement mondial des maires
une vidéo à propos de La Charte de Palerme
Plus récemment, l’exemple de Clermont-Ferrand
Hugues Chevarin