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Depuis leurs débuts en 2011, le groupe Old Mountain Station, emmené par le musicien et chanteur Thomas Richet, a conservé une vraie innocence qui donne à sa musique cet esprit adolescent romantique et sensible, et par effet de contagion cette fraîcheur absolument décisive. Si ce troisième album symbolise une prise de recul, une forme de renoncement dans la poursuite d’un succès populaire, comme la fin d’une époque (The Summer Ends), il n’en reste pas moins que la passion est toujours là. Les Parisiens célèbrent en effet plus que jamais ce mariage heureux entre la mélodie et l’électricité, à travers leur pop indé joueuse et émotive, ancrée dans le son (faussement) insouciant des 90’s.

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old mountain station le chantier radio

© Christian Debbane

Comme un contrepied, l’album s’ouvre sur le titre Adios. Évidemment, au-delà de la petite blague, ce titre englobe à lui tout seul, la dualité qui a dû animer le groupe pendant la création de l’album : dire adieu à certains rêves tout en poursuivant une belle aventure musicale et artistique. Être musiciens indépendants est en effet un véritable engagement, un sacerdoce, souvent désintéressé, mais aussi une manière de se réaliser individuellement, collectivement, un moyen aussi d’échapper à un certain déterminisme imposé par les sociétés post-industrielles qui sont les nôtres.

Chez Old Mountain Station, l’envie de s’approcher des disques qui ont marqué leur propre identité musicale, l’envie de s’élever aux niveaux de ses propres références (Weezer, Grandaddy, Dinosaur Jr., Sebadoh, The Boo Radleys…), l’envie tout simplement de jouer est intacte, mais la maturité aidant, le groupe est passé à une autre étape. D’une certaine façon, libéré de la pression de la notoriété grand public, le désormais quintet affiche un état d’esprit particulièrement volontaire, une grande générosité, et surtout une délicieuse créativité, sur ce nouveau long format.

Bien sûr, la mélancolie n’est jamais bien loin, mais elle sera et a toujours été un des moteurs de l’inspiration, qu’elle soit grunge, folk ou pop à l’image d’Under Your Command ou encore I’Am A Pendulum. L’apport de Nicolas Recazin (My Thinking Face) aux claviers induit des climats sonores tous en nuances émotionnelles, qui marque ce nouvel LP. Et quelque part, à travers lui, les quatre membres originels du groupe assument pleinement leur background musical et leurs envies. En effet, si les années 80 sont souvent raillées d’un point de vue musical pour un côté excessif et clinquant dans l’approche instrumentale, elles sont aussi des années qui auront marqué durablement la pop au sens large du terme, à travers une forme d’hédonisme et d’insouciance inédites. Ainsi, Old Mountain Station bouleverse ses propres habitudes, par exemple sur Stay Clear, en invoquant le son des Buggles, Orchestral Manoeuvres In The Dark, Kim Wilde… mais toujours avec cette approche nonchalante du chant, marqueur évident du mouvement « Slacker » auquel on les associe souvent.

Loin de s’être transformé en un autre groupe, Old Mountain Station apporte de la nuance dans son chemin esthétique, mais reste toujours par essence un groupe rock, en gardant très présente cette ossature basse-batterie, qui confère à son nouvel album, un vernis power pop absolument grisant.

Cet album, en jouant avant toute chose la carte de la sincérité et de la passion, n’a rien d’un album séducteur et opportuniste, il est ainsi une œuvre extrêmement attachante et touchante. Comme de nombreuses petites merveilles émanant de la musique indépendante hexagonale, il mérite une attention toute particulière et pas simplement nostalgique.

The Summer Ends de Old Mountain Station sort le 5 mars 2021 sur le label We Are Unique et en distribution chez Bigwax.

Il est à découvrir tout au long de la semaine sur l’antenne du Chantier, à travers des extraits d’une interview réalisée par la rédaction. Des CDs sont à gagner, et pour le plus chanceux d’entre vous, sous la forme dédicacée. Pour participer, rien de plus simple, envoyez un mail à : [email protected].

Bonne chance !

Laurent Thore